Fée Verte :
Ce dimanche 26 mai 2019, je me suis rendue au Gibus dans le XIème arrondissement parisien, pour ce qui allait certainement être mon dernier concert de la saison. Celui-ci était assez spécial, dans la mesure où c’était le tout premier organisé dans la capitale par l’association La Kave, qui est à l’origine du petit festival metal Le Kave Fest, se déroulant à Chatou dans les Yvelines depuis 2016. A ce propos, je vous rappelle que la quatrième édition du festival se tiendra le 6 juillet prochain, avec au programme Bukowski, Volker, Full Throttle Baby, Serenius, Molybaron, Child of Waste, Dead Bones Bunny et Funny Ugly Cute Karma. Pour plus d’infos, c’est par ici.
Mais revenons-en au concert. L’association nous propose à l’affiche quatre groupes ayant déjà joué lors des éditions précédentes du Kave Fest, à savoir Sekhmet, Nemost, Chabtan et Gorgon. C’est ce dernier qui était ma principale motivation de la soirée.
Thårinkü :
En ce dimanche 26 mai matin, je partais de ma contrée bourguignonne afin de me rendre à Paris pour assister à un concert d’un groupe que j’apprécie beaucoup : Gorgon. Quelques heures à tuer dans la capitale et un chemin à trouver, c’était ma découverte du métro parisien. Heureusement que Fée Verte était là pour m’aiguiller !
Une fois dans la salle, direction le merch pour acheter Elegy, le dernier album de Gorgon, je me retiens d’acheter aussi un t-shirt car les designs sont plutôt sympathiques. Je me ravitaille de jus de houblon (pas fameux d’ailleurs), et je me place devant la scène pour le premier groupe.
Fée Verte :
A mon arrivée sur les coups de 18h, il n’y a pas encore beaucoup de monde dans la salle, mais celle-ci ne fera que se remplir au fur et à mesure de la soirée. Une demi-heure plus tard, nous accueillons le premier groupe qu’est Sekhmet. J’avais déjà eu l’occasion de voir la formation havraise lors du Kave Fest de 2017. Pour être franche, mon avis sur le groupe n’a pas tellement évolué depuis, et mon sentiment sur sa prestation de ce soir a été mitigé.
Lors de l’intro, le groupe est dos au public, et le chanteur est encapuchonné. Celui-ci alterne entre chant hurlé et chant clair, et est accompagné de deux guitaristes/choristes (celui de droite secondait le chanteur d’un growl plus caverneux), d’un bassiste et d’un batteur. Le guitariste à notre gauche intégrait ici et là quelques solos. Concrètement, le groupe interprète un Death metal moderne où se mêlent influences Heavy et Metalcore, avec des morceaux généralement bourrins, avec toutefois quelques incursions mélodiques. Pas vraiment ma tasse de thé à dire vrai …
Néanmoins, on ne pourra pas ôter au groupe le mérite d’être énergique sur scène, bien au contraire ! De plus, le chanteur s’est montré très communicatif à l’égard du public. Dommage que les guitares n’aient eu tendance à trop couvrir le chant clair. Pour l’avant-dernier morceau, « Ashes and Dust », le chanteur de T.A.N.K. se joindra au reste du groupe.
Thårinkü :
Pour entamer la soirée, c’est donc Sekhmet qui entre sur scène. Le groupe a une bonne présence sur scène et tente de faire participer le public. La musique est plutôt punchy, je me prends à commencer à bouger la nuque jusqu’au drame … la voix claire. En soi, elle est peut-être bien exécutée, je n’arrive pas à m’en rendre compte, je sais juste que ça me bousille les esgourdes. Je peux apprécier certaines voix claires, notamment dans le pagan, dans certains groupes de heavy, ou même pourquoi pas dans du power, mais les voix criardes qui sonnent metalcore, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. La présence du chanteur de T.A.N.K. en guest sur une chanson me pousse à rester voir ce que ça va donner, mais même si encore une fois j’accroche bien à la musique, vocalement je ne peux pas. Je ne reste donc pas sur les dernières chansons et préfère prendre l’air à ce moment.
SETLIST : Intro / Asterion / Genesis / The Machine / Affliction / Ashes and Dust / Drop Dead
Fée Verte :
Avec dix minutes de retard sur le running order initial, place maintenant à un groupe que je connais depuis plusieurs années, mais que je n’avais encore jamais eu l’occasion de voir en live. Je veux parler de Nemost, l’un des premiers groupes de death mélodique que j’ai écouté. Sur scène, tout comme Sekhmet, le groupe prend la forme d’un quintet, composé d’un chanteur, de deux guitaristes, d’un bassiste/choriste et d’un batteur. Arnold, le chanteur, alterne entre growl et chant clair. Malheureusement, là encore, le son est très moyen (la batterie était particulièrement désagréable à l’écoute), et le groupe a été victime d’un souci technique, ce qui ne m’aidera pas à l’apprécier à sa juste valeur et à le découvrir dans de bonnes conditions. Malgré cela, le public se montre plus que réceptif face à la bonne énergie dégagée par le groupe, tout d’abord en tapant dans les mains sur l’intro d’un morceau plus mélancolique et lancinant, puis en provoquant un wall-of-death. Après avoir joué en exclusivité un nouveau morceau intitulé « Flesh Wound », le public lancera quelques pogos et scandera des « Hey ! » en réponse au groupe.
Thårinkü :
Le deuxième groupe à fouler les planches du Gibus live ne m’est pas totalement inconnu. Il s’agit de Nemost, groupe de death mélodique originaire de la région parisienne. J’avais jeté une oreille à un de leurs anciens albums il y a de ça quelques années, à mon souvenir ça ne m’avait pas déplu. Je débute l’écoute du set plutôt confiant. Musicalement c’est bien ficelé, on sent une vraie technique et une bonne inspiration pour les compositions. Pour la présence, pareil rien à redire, ça se réveille petit à petit dans le public avec pogos et walls of death (je peux d’ailleurs vous dire qu’ayant un tatouage tout frais, un wall of death à un bras c’est absolument pas pratique !). Par contre, bien que moins présente que sur le groupe précédent, pourquoi s’obstiner à caler de la voix claire ? Les compos sont tellement efficaces sans ça, là selon moi, ça ne fait que les ramollir, c’est dommage. Je suis tout de même pris dans la prestation et reste jusqu’au bout, bien que je grince des dents à chaque passage en voix claire.
SETLIST : Battlements / Oriented / Sandstorm / Saranapale / The Pale Observer / Pressure Nation / Once Upon A Road (Name Them Men) / Flesh Wound / Respawned
Fée Verte :
Chabtan était le seul groupe à l’affiche que je ne connaissais absolument pas ce soir. Lors des balances, je constate que les musiciens sont maquillés de corpse paints. On aurait pu alors s’attendre à assister à un concert de black metal, et à ma grande surprise, l’un de mes amis m’a soufflé à l’oreille que le groupe officiait plutôt dans un death mélodique à tendance metalcore à la Soilwork. Ah … N’étant pas particulièrement fan de la formation suédoise, j’appréhendais quelque peu ce set. Et effectivement, ça n’était pas assez subtil à mon goût, même si on ne pouvait pas nier un dynamisme certain chez le quintet. On peut noter une originalité dans la musique du groupe, qui propose un concept basé sur les mythologies méso-américaines. On pouvait d’ailleurs entendre de temps à autre des mélodies folkisantes, ce qui n’était pas pour me déplaire. Le public était à bloc, et l’on a ainsi assisté aux premiers circle pits de la soirée, et à quelques pogos.
A noter que le morceau « Jaguars Hunger » a fait l’objet d’un clip filmé en direct pendant le concert ! Pour les besoins de celui-ci, le morceau a été rejoué une deuxième fois, en toute fin de set.
Thårinkü :
Le prochain groupe à monter sur scène est Chabtan, ils sont originaires également de Paris. Visuellement (en tout cas au début de concert quand la sueur n’a pas fait encore son effet), ça claque ! Les membres du groupes ont tous leur propre corpse pain rappelant les orcs uruk hai que l’on peut voir dans le Seigneur des Anneaux. Ne connaissant pas du tout la formation, je ne sais pas à quoi m’attendre, mais j’aurais pu facilement imaginer un groupe de black (ou dérivé) vu l’imagerie du groupe. En fait, ceux-ci proposent un death assez rentre-dedans, tout en étant teinté de mélodies, loin d’être désagréable. L’aspect visuel n’apporte en soi rien à la musique et est trompeur sur le style potentiel, mais c’est agréable de voir un groupe qui a sa propre patte esthétique. J’aime beaucoup ce que j’entends (en dehors des mini passages en voix claire, j’ai beaucoup trop saturé sur les groupes d’avant, heureusement, ils sont peu nombreux) et le public semble bien réceptif. Le groupe choisit son morceau qui doit être le plus efficace de son set pour le rejouer en toute dernière chanson (afin de tourner un clip dessus, affaire à suivre …). La soirée commence à devenir vraiment intéressante.
SETLIST : The Last Maya King / Never Ending Pain / The Fall of Nojpeten / The Kiss of Coatlicue / Born of Vucub Caquix / Jaguars Hunger / Escaping Seven-Death
Fée Verte :
Voici le moment de la soirée que j’attendais avec le plus d’impatience. Deux ans après les avoir vus au Kave Fest, je retrouve Gorgon sur scène. Depuis 2017, le groupe s’est peu à peu affirmé comme l’un des plus emblématiques de la scène metal française actuelle, avec désormais deux très bons albums au compteur. Dans le cadre de ce « Elegy Over Europe Tour », le groupe va présenter au public son deuxième album, justement intitulé Elegy, sorti le 18 janvier dernier chez le label italien Dusktone. J’avoue préférer le premier, Titanomachy, mais on ne peut pas reprocher au groupe de vouloir privilégier ses morceaux les plus récents ! Malheureusement, je vais vite déchanter lors de ce concert, car les parties symphoniques grandioses et balkanisantes qui créent en grande partie l’originalité du groupe étaient quasiment inaudibles, du moins, de là où je me trouvais (c’est-à-dire au premier rang, comme d’habitude). De ce fait, j’avais l’impression d’entendre un groupe de black/death lambda, et j’en étais fort attristée, dans la mesure où Gorgon est l’un des rares groupes français que j’apprécie particulièrement. L’un de mes amis qui voyait le groupe pour la première fois a résumé le style à la perfection : « un savant mélange entre Behemoth et Septicflesh », je n’aurais pas dit mieux ! Malgré une qualité sonore qui laissait donc à désirer, les musiciens étaient très investis, et le frontman Paul Thureau m’a paru plus proche du public qu’au Kave Fest dans mes souvenirs. Je suis tout de même restée sur ma faim, et je compte bien reprendre ma revanche et revoir le groupe dans de meilleures conditions dans un avenir proche, je l’espère !
Thårinkü :
Pourquoi ai-je fait le trajet ? Et bien, pour voir Gorgon, la tête d’affiche de la soirée. Le death metal symphonique n’est pas forcément le genre que j’écoute le plus, mais quelques groupes arrivent toujours à piquer mon attention. Et c’est le cas ici, les compos sont particulièrement soignées et efficaces, grandioses à souhait avec des samples nous plongeant dans une ambiance dantesque. Le problème est que ce soir-là, en live, on n’entend quasiment pas les samples en dehors des intros. Ça reste très bien foutu, mais tout le côté épique et mythologique n’est pas retranscrit comme il faut, c’est du coup bien plus difficile de se plonger dedans. Le groupe ayant sorti son album Elegy cette année, la setlist est donc (majoritairement) dédiée à cet album, ça semble être un choix évident, bien que j’aurais été curieux de voir plus de morceaux de son premier opus en live. En tout cas, techniquement, le groupe est monstrueux, particulièrement le batteur, mais respect à tous les membres du groupe, les plans sont loin d’être évidents, mais tout est parfaitement exécuté. J’espère pouvoir revoir ce groupe avec un son meilleur un jour.
SETLIST : Intro / Under A Bleeding Moon / Ishassara / Ashes and Blood / Origins / The Plagues / Into the Abyss / Everlasting Flame of Olympus / Nemesis / Of Divinity and Flesh
Fée Verte :
A la fin de chaque set, les groupes prenaient une photo-souvenir avec le public, et une fois le concert terminé, Sélim, l’organisateur du Kave Fest, remercie tout le monde, et demande à tous les musiciens de revenir sur scène pour une dernière photo. Merci au Gibus, à la Kave, et bien sûr aux quatre groupes pour cette bonne soirée, malgré les aléas du live !
Thårinkü :
Pour un résumé très rapide, je peux dire que la soirée n’a fait que s’améliorer de groupe en groupe, du moins selon mes goûts personnels. Chaque groupe était content d’être ici et s’est donné à fond, bien qu’il n’y avait pas énormément de monde en ce dimanche soir. Ma déception principale provient du son, qui toute la soirée était vraiment limite limite, avec parfois certains instruments qui étaient en retrait ou parfois les voix, ou même les samples. La grosse caisse de la batterie manquait de pep’s aussi, sur chaque groupe on l’entendait, mais on ne ressentait pas les vibrations qui prennent aux tripes que certains d’entre nous viennent chercher lors des concerts. C’était tout de même une bonne soirée, et je remercie l’organisation et les groupes.