A l’occasion de la sortie du nouvel album de Månegarm, Ynglingaättens öde (sorti le 15 avril dernier), nous avons pu nous entretenir avec son chanteur et bassiste Erik Grawsiö. 

Salut Erik ! Et merci de m’accorder cette interview ! Tout d’abord, est-ce que ça va ? Tout va bien de ton côté ? 

Erik : Salut ! Oui ça va très bien. On vient juste de faire trois concerts en Suède et c’est juste incroyable d’être à nouveau sur scène. 

Parlons maintenant de votre nouvel album Ynglingaättens Öde, donc le dixième de votre discographie, qui vient juste de sortir. De vos débuts jusqu’à maintenant, comment as-tu vu l’évolution du groupe ? Penses-tu avoir atteint tes objectifs avec cet album ? Vois-tu de futures améliorations à apporter dans votre musique ? 

Erik : Je vois l’évolution de Månegarm comme un processus naturel. Nous n’avons jamais cherché à nous diriger vers une certaine voie ou essayé de sonner différemment. Cela s’est tout simplement fait lorsque nous composions. Le premier album [Nordstjärnans tidsålder] et le deuxième [Havets vargar] étaient des albums plus « black metal » et avec un son plus brut. On était jeunes et forts à ce moment-là, du coup la musique était bien plus rapide haha ! Mais c’était il y a 20-25 ans, du coup c’est difficile de comparer les albums qu’on faisait à l’époque avec ceux qu’on compose maintenant…Le processus d’enregistrement, la production, le budget, l’inspiration etc. L’époque était différente, mais on a profité de chaque instant. Quand je pense aux premiers jours de Månegarm, je me remémore de grands moments, effectivement très joyeux. 

Je pense qu’on est passé d’un son orienté black metal vers un son plus « viking metal » lorsqu’on a publié notre troisième album Dödsfärd en 2003. On avait gardé cette touche « Månegarm/nordique » mais cet album était plus folk, le rythme était plus lent, les chansons bien plus accrocheuses et le violon et le chant clair avaient pris une place plus importante. Depuis ce jour, on a essayé d’améliorer et d’évoluer vers ce « style Månegarm » dans le but d’offrir de la bonne musique. Nous aimons notre style et on aime ce qu’on fait, un point c’est tout. 

Notre but avec cet album était de sortir du bon son et je pense qu’on l’a fait. En ce sens, on a atteint nos objectifs avec cet album. Les retours sur notre album et nos vidéos sont supers et on est vraiment contents. Tu crois toujours que tu vas écrire un gros hit, et même si j’ai écrit quelques bonnes chansons, je bloque toujours pour écrire ce hit ! Peut-être que je ne le ferai jamais, mais en y mettant tous les efforts, ça me motive à continuer de composer de nouvelles chansons. 

Vous avez enregistré l’album pendant la pandémie de Covid-19. Comment vous vous sentiez tous à ce moment-là ? Avez-vous eu des soucis pendant l’enregistrement ?

Erik : Le monde s’est à nouveau ouvert, donc espérons que cela dure. 

Bien sûr, cette pandémie a été terrible dans tous les sens du terme, mais cela nous a laissé plus de temps pour l’enregistrement et la composition. Il n’y avait pas de concerts, pas de festivals, pas de répétitions donc on pouvait focaliser tout notre temps sur l’enregistrement de l’album. C’était donc un des points positifs de cette pandémie. 

L’album évoque l’histoire d’une ancienne dynastie suédoise (la dynastie des Ynglingar) qui a probablement vécu au IXe siècle. On connaît leur histoire grâce à un poème de Snorri Sturluson (Yglingatal). Comment avez-vous découvert ce poème ? Qui a eu l’idée d’en faire un album concept ?

Erik : Effectivement cela concerne « La Saga des Ynglingar » de Sturluson qui est elle-même basée sur le poème Yglingatal. 

C’était l’idée de Jakob d’en faire un album concept et l’idée est née il y a de cela plusieurs années, donc avant la sortie de Fornaldarsagor [sorti en 2019]. Jakob faisait ses études de mythologie nordique et il avait eu le privilège d’avoir comme professeur O. Sundvqist qui avait écrit un essai sur le sujet. A ce moment-là, c’était juste une idée, donc aucune parole n’était écrite. 

Plus tard, lorsque j’avais commencé à composer de nouvelles chansons pour Månegarm, nous avions le sentiment que la musique avait cette richesse et ce feeling pour faire à ce que cette idée devienne réalité. 

J’ai lu vos commentaires sur les chansons et je dois dire que cette saga est vraiment épique ! Penses-tu que ces situations se sont réellement passées ? Selon toi, y a-t-il une de ces histoires qui te fascine le plus ?

Erik : On ne saura jamais si ces rois ont réellement existé ou pas. La plupart n’ont jamais existé et sont des personnages fictifs, mais il y a beaucoup de gens qui croient qu’ils ont réellement existé. Excepté dans la saga de Snorri Sturluson, certains rois sont mentionnés dans d’autres sources, comme Historia Norwegiae (une vieille œuvre norvégienne écrite en latin vers 1100) ainsi que le poème Beowulf écrit vers 700. Le fait d’avoir d’autres sources rend le tout très intéressant et nous fait penser que certains rois ont certainement existé. 

Pour la chanson “Hågkomst av ett liv” (qui n’est pas directement liée à la saga des Ynglingar), vous avez expliqué que « nos seuls vestiges sont conservés pour la mémoire des générations futures ». Penses-tu que ton groupe doit garder cette mémoire vivante ? Crois-tu que c’est une mission pour ton groupe et ton pays ?

Erik : Tu as raison “Hågkomst av ett liv” n’évoque rien de particulier de la saga. C’est plutôt une réflexion pour clore cet album concept. Cela évoque un sujet très fréquent dans la mythologie nordique. On ne pense pas que ce soit une mission pour nous, mais on souhaite juste raconter de « vraies » histoires. Il y a tellement de poèmes, sagas, mythes incroyables et fascinants que tu peux explorer. On pense que l’histoire parle à beaucoup de gens, donc le fait d’explorer ta propre histoire rend le tout très intéressant, au moins pour nous. 

Malheureusement, il y a peu de traces (poèmes, etc.) sur ce qu’il s’était passé et il arrivera un jour que ces histoires et ces sagas soient oubliées de plus en plus. On fait de notre mieux pour mettre en valeur ces récits donc c’est un peu notre façon de rendre l’histoire vivante. 

Qui a écrit les chansons dans le groupe ? Est-ce qu’il y a eu des changements de process pour cet album ?

Erik : Il n’y a pas eu de changements. Je compose et j’arrange la musique, tandis que Jakob écrit les paroles. 

Comme d’habitude, vous avez tourné quelques clips pour promouvoir l’album. Pour le clip de “Ulvhjärtat”, tu as donc été engagé pour jouer dedans. Mais il y a aussi d’autres guests, comme Anton Andè ainsi qu’un berger allemand du nom de Fenris. Il ressemble à un vrai loup ! Est-ce son vrai pelage ? Comment avez-vous découvert Fenris ?

Erik : Fenris est le chien de la copine de Jakob. C’est un sacré imbécile mais très gentil. Il ressemble à un loup noir et c’était plutôt cool de tourner un clip avec un animal. On n’avait jamais fait ça avant. 

Si tu poses la question à l’équipe de tournage, ils te diront que c’était vraiment difficile. Fenris avait d’autres envies que de tourner un clip vidéo haha ! 

Anton est le fils ainé de Markus [guitariste du groupe]. Il a douze ans et c’était vraiment cool qu’il veuille tourner dans ce clip. Il a fait un bon boulot ! 

Pour « En Snara Ev Guld », tes deux filles ont collaboré (Tuva pour le clip et Lea pour le chant). C’est incroyable ! Comment cela s’est fait ? As-tu eu du mal à les convaincre ? Est-ce que c’était un challenge pour tout le monde ?

Erik : Oui c’était incroyable et je suis si fier d’elles. 

J’avais eu cette idée d’avoir du chant clair féminin, comme par exemple pour notre chanson ”Ett sista farväl” [de Fornaldarsagor]. Tout d’abord, j’avais pensé à Ellinor Widefors pour chanter ces parties mais quand j’avais composé et enregistré une démo j’étais trop impatient. J’étais super excité d’essayer cette idée du coup j’ai demandé à ma plus jeune fille Lea (qui a bientôt 15 ans) si elle pouvait me donner un coup de main. Elle chante un petit peu, mais elle chante bien. Bien sûr elle n’a pas la grosse voix chaleureuse d’Ellinor mais avec sa voix jeune et fragile, Lea faisait parfaitement l’affaire. Cela a créé une superbe ambiance et la chanson était du coup meilleure et plus dynamique. Vu que j’ai mon studio à la maison, c’était facile de tester ces idées avec Lea. 

Quand on a décidé d’en faire un clip, j’avais demandé à ma plus grande fille Tuva (17 ans) si elle voulait jouer dedans et elle était emballée par l’idée ! C’était cool d’impliquer autant de membres de famille dans nos chansons et nos vidéos. On est heureux de la tournure que cela a pris. 

Tout autre sujet maintenant : as-tu des nouvelles de Jonas Almquist [guitariste de 1995 à 2016] ? Il avait quitté le groupe en raison de soucis de santé. Va t-il bien maintenant ?

Erik : Je pense oui, mais je ne suis pas sûr. Depuis qu’il a quitté le groupe, je n’ai plus de contact avec lui. 

Maintenant parlons de vos futurs concerts. Heureusement la pandémie est presque derrière nous. Du coup avez-vous planifié une tournée européenne ? Peut-on bientôt vous voir en France ?

Erik : Comme dit plus haut, le fait d’avoir pu jouer trois concerts est incroyable ! On verra pour la tournée, pour l’instant on n’a pas de plans. On n’est pas un « grand groupe tourneur ». On a tous des familles et des enfants donc on ne peut pas s’éloigner trop longtemps… et on vieillit aussi. Personnellement, je ne peux pas rester dans un bus plusieurs semaines d’affilée haha ! Dix jours maximum. 

Il me semble qu’on a un concert prévu en France courant du mois de septembre si je ne me trompe pas. Par contre, je ne me rappelle plus du nom…

Nous allons conclure cet interview. As-tu quelque chose à dire avant la fin ?

Erik : Ecoutez notre nouvel album si vous en avez l’opportunité. On est très satisfaits du résultat et on espère que vous l’aimerez également. 

ET… Cet été, le 26 et 27 août prochains se tiendra notre festival Månegarm Open Air dans notre ville de Norrtälje. On a un super line-up avec Moonsorrow, Grand Magus, Einherjer et bien d’autres. Venez nous rejoindre, ça va être la folie ! 

Tack så mycket! [Merci] Prends soin de toi et à bientôt ! 

Erik : Merci toi aussi !