On dit que la patience est la mère des vertus. Et il fallait en avoir lorsqu’on achète un billet en décembre…2019 !
Fleshgod Apocalypse a enfin lancé sa tournée européenne, repoussée deux fois en raison de la pandémie. Exit Ex Deo (pas disponible), ce sont au total quatre groupes qui se sont succédés hier soir à Schaffhouse, une ville située au nord de Zürich.
Je pars de chez moi vers 16h et après plus de 2h30 de voiture, j’arrive sur les coups des 18h40 au Kammgarn, la salle de concert de Schaffhouse. Pendant mon trajet, j’avoue m’être un peu inquiété car je pensais qu’il y aurait déjà beaucoup de monde qui attendrait l’ouverture des portes à 19h. Au final, il n’en est rien puisque quelques 7-8 personnes attendent patiemment. Comme quoi, il ne sert à rien de s’inquiéter.
Les portes s’ouvrent finalement vers 19h15 en raison d’une balance technique qui a pris du retard. J’arrive à me placer tout devant à droite et donc bénéficier d’une excellente visibilité.
Aktarum
Il est 19h45 lorsque le groupe belge Aktarum débarque sur l’intro instrumentale « Opening Game ». Il sont tous habillés de noir avec quelques warpaints. On aura peut-être droit à du folk metal à tendance épique.
Pour le coup, j’avais déjà beaucoup entendu parlé d’Aktarum (notamment ici sur ce webzine) mais sans jamais vraiment y jeter une oreille attentive. L’occasion était belle pour enfin écouter ce qu’ils font.
J’avais vu juste, puisque le groupe propose un mélange entre du folk et du black metal agrémenté de quelques claviers rendant le tout épique. On pourrait qualifier leur style de « Epic Black/Folk Metal ». Niveau influences, on pense immédiatement à Finntroll ou bien Equilibrium (dans ses jeunes années). C’est festif, c’est joyeux, donc sans prise de tête.
Tous les membres du groupe sont énergiques et le communiquent au public. Les claviers ressortent plutôt bien mais on entend trop la batterie. De plus, les chants des guitaristes sont par moments noyés dans la masse et les guitares sont presque inaudibles. En bref, le son n’est pas équilibré comme il faudrait.
Néanmoins, c’est une belle découverte. Etant fan de ce genre de musique, il me revient d’écouter maintenant leur discographie.
C’est sur « Pirates vs Trolls » que le groupe tire sa révérence et donc laisse la place au groupe suivant.
Acyl
Il est 20h30 et c’est donc Acyl qui reprend le flambeau. Sur le fond de la scène, on voit un grand écran où sont projetées des images du Sahara sur fond de musique orientale. Le changement d’ambiance est quand même radical.
Durant tout le set, cet écran servira d’ailleurs à projeter des images des clips du groupe pendant leurs chansons.
Acyl est un groupe algérien mais dont les membres vivent sur Paris depuis quasiment 20 ans. Le style du groupe oscille entre metal progressif et metal oriental, un peu comme Orphaned Land ou bien Myrath.
Mes craintes pour le traitement du son se sont vites envolées, puisque ce dernier est absolument dément ! Le chant est majoritairement guttural, les riffs sont bien rentre-dedans, la batterie n’est pas trop forte non plus. Des frissons me parcourent l’échine, ce qui est bon signe.
Ce qui a également retenu mon attention, c’est la place accordée aux influences orientales. Le groupe n’hésite pas à chanter en arabe (tous en chœur !) et à utiliser divers instruments traditionnels, comme les karkabous, le bendir (sorte de tambourin) ou bien des derboukas. Le chanteur nous invite même à danser la « danse du Sahara » : un pas de côté, l’autre pied le rejoint. Et l’autre pied de côté, l’autre pied le rejoint. Je ne sais pas si cette danse a un nom, mais croyez-moi tout le monde s’y est mis (moi y compris) !
Il est 21h15 quand le groupe salue le public et quitte la scène. Ce fut une excellente découverte pour moi et pareil que pour Aktarum, ma mission sera d’écouter leurs albums dans les prochains temps.
Omnium Gatherum
Un quart d’heure plus tard, c’est Omnium Gatherum qui rentre sur scène et démarre direct sans instrumental. Eh ben quelle entrée en matière !
J’avais déjà vu les Finlandais en 2017 à Pratteln, lorsqu’ils jouaient en première partie d’Amon Amarth. Malheureusement, je n’en garde pas un très bon souvenir puisque le son avait été quelque peu malmené par l’ingénierie son. En clair, ce n’était pas top. Est-ce que ce sera mieux cette fois-ci ?
Spoiler Alert : oui c’était bien mieux. Bizarrement je sentais que le volume était trop fort (même avec les bouchons). Mais je fais peut-être trop de chichis, veuillez m’en excuser !
Toujours est-il que l’expérience du groupe se ressent à travers son concert. Tout est carré, professionnel.
Aucun répit ne nous est accordé, si ce n’est durant les speechs du chanteur Jukka. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve qu’il a pris un coup de vieux depuis 2017.
Les principaux riffs de guitare nous font bien bouger le cou, les solos de Markus Vanhala offrent de belles envolées mélodiques. Le chanteur Jukka est extrêmement énergique et n’hésite pas à toucher les mains des gens aux premiers rangs, dont je fais partie. Rassurez-vous, je me laverai toujours les mains hein…
Et c’est sur le très mélodique « Skyline » (qui m’a curieusement fait penser à « Only for the Weak » d’In Flames) que le groupe termine son set de trois quarts d’heure. Place maintenant au dernier groupe de la soirée !
Fleshgod Apocalypse
Et donc voilà la principale raison de ma venue. Tout d’abord, je tiens à souligner que lors de la préparation de la scène, le groupe est quand même le seul que je connaisse à mettre de la musique classique en fond ! Tous les grands standards sont passés, comme Les Quatre Saisons de Vivaldi, La Marche Turque de Mozart, La Flûte Enchantée,…Bref, du lourd !
Il est 22h45 lorsque le groupe arrive. Le batteur Eugene se met discrètement derrière son set de batterie. Francesco Ferrini s’installe derrière son piano à queue. Veronica se place à la gauche du batteur, sur une estrade. Et les guitaristes se placent derrière leur micro estampillé aux couleurs de la Renaissance italienne.
Tous les membres cultivent d’ailleurs cette image de nobles italiens du XVIe siècle et qu’on dirait revenus d’entre les morts en raison de leur maquillage.
Je craignais qu’on n’entende pas bien les orchestrations qui sont une des clés du succès de Fleshgod Apocalypse. Mais il n’en est rien, puisqu’elles sont parfaitement audibles.
Le groupe passe ses classiques, comme « Healing Through War », « Cold As Perfection », « The Fool », « The Violation », mais aussi ses titres plus récents comme « Sugar », « Monnalisa ». La performance du groupe est remarquable. On a à la fois la violence du death technique mais également la beauté des mélodies néoclassiques. Avec le jeu de lumières, c’est sûr qu’on ne peut être indifférent à tout cela.
Le leader Francesco Paoli parle peu entre les chansons, si ce n’est ce moment où il demande « On a sorti une chanson il y a deux ans. Vous vous souvenez du titre ? ». Et nous on répond que c’est « No ». Amusé, il rétorque « Vous vous ne vous rappelez pas ? ». Et bien sûr, on répond « No ». Bref, un amusant langage de sourd qui en fait annonce la plus récente chanson du groupe « No ».
Et c’est notamment durant celle-ci qu’on peut entendre le chant lyrique de Veronica. Le chant lyrique accentue encore plus les influences classiques du groupe et les font passer dans une tout autre dimension. C’est dantesque. Elle a même eu ses 3 minutes de gloire, lorsqu’elle a demandé au public d’allumer la lumière du téléphone pendant qu’elle lisait un poème. Très beau moment !
A ma grande surprise, le groupe termine sur « The Forsaking » et nous annonce que c’est la dernière de la soirée. Mais c’est passé trop vite ! Au final, j’ai adoré la prestation du groupe qui était, il faut l’avouer, absolument titanesque.
Néanmoins, je reste sur ma faim pour deux raisons : tout d’abord, le groupe a passé sous silence « The Day We’ll Be Gone » qui est une des plus belles de leur répertoire et de leur dernier album Veleno. J’aurais beaucoup aimé entendre chanter Veronica sur celle-ci, mais je pense qu’ils ont dû faire des choix.
Puis, le groupe avait initialement annoncé que ce serait « une des plus grosses productions de l’histoire du groupe », alors que c’était assez…classique. Cette blague est claquée au sol. Le Covid a-t-il changé la donne ?
Je pense que le niveau de production peut encore être relevé d’un cran, et donc qu’ils peuvent encore évoluer. Les verra-t-on un jour jouer à l’Opéra Garnier ou bien à la Scala de Milan ? Cela paraît improbable, mais pourquoi pas. L’espoir fait vivre.