Pour sûr, dans la carrière de Finsterforst, il y aura eu un avant et un après. Avant, des compositions aux sonorités purement folk metal qui faisaient vagabonder notre esprit dans la Foret Noire allemande. Mach dich Frei se chargera de marquer l’après. Rien qu’en regardant la pochette, ce nouvel album sera à coup sûr quelque chose de différent de ce que le groupe a pu accomplir jusqu’alors. On est en effet à dix mille lieues des paysages verdoyants qui nous invitaient au rêve et au voyage sur la pochette de Rastlos. Au lieu de cela, un homme monstrueux, pris dans la glace et qui se débat dans un filet arachnéen. Sans doute la métaphore d’une nouvelle rage de vaincre que le groupe clame sans vergogne.
Mais la nouveauté ne s’arrête pas là. Finsterforst propose avec Mach dich Frei des chants beaucoup plus agressifs. L’album prend également des allures progressives avec un enchainement fluide entre les différentes pistes relativement longues, ainsi que des changements de rythme et de mélodie au sein-même de celles-ci. Résultat, un ensemble varié qui permet à l’auditeur de ne pas s’ennuyer une seule seconde pendant tout de même une heure douze ! Le groupe accueille également des petits nouveaux parmi les siens : les cuivres. Ces derniers se font beaucoup plus présents que dans Rastlos où ils ne faisaient qu’une brève apparition dans « Fremd ». Les trompettes ont trouvé leur place puisqu’elles apportent aux compositions un côté triomphant et ajoute à la dimension épique. Les passages instrumentaux et chorals prennent aussi de l’ampleur et font basculer les morceaux vers un style symphonique, parfois expérimental, voire psychédélique.
L’album pourrait se découper en deux parties. Après le court morceau d’introduction « Abfahrt » (Départ) aux sonorités à la fois inquiétantes et gorgées de mélancolie, le son de Finsterforst éclate avec le deuxième morceau, « Schicksals End’ » (Fin de destin). Une chanson énergique à souhait, avec un chant rageur qui donne envie de secouer la tête et des lignes de guitare galopantes, auxquels s’alternent des passages plus posés, avec des voix claires et des instruments acoustiques qui créent un petit air atmosphérique. On peut également entendre un très beau solo de guitare, ainsi qu’une accélération du rythme au milieu du morceau. L’apogée de ces quinze minutes survient, dès lors que les trompettes retentissent fièrement. Cette montée en puissance des cuivres donne une tonalité absolument héroïque.
« Zeit fur Hass » (Temps pour la haine) reste dans le même esprit. C’est un véritable chant de colère, clamant haut et fort l’envie de se battre, et une fois de plus mêlé à un univers épique, avec des cuivres plus trainants et des passages folkloriques à l’accordéon.
Afin de souffler un peu, le court intermède « Im Auge des Sturms » (Dans l’œil du cyclone) calme nos ardeurs avec les douces mélodies des cordes. Et puis c’est reparti ! Dans « Mach dich Frei ! » (Libérez-vous), la brutalité des chants black et des riffs de guitare terriblement menaçants, ainsi que le rythme saccadé de la batterie explosent. S’ensuit alors des envolées orchestrales et chorales, ainsi que les douces mélodies de l’accordéon.
La lutte continue avec « Mann gegen Mensch » (Homme contre homme), un morceau empli de rage de vaincre dans les voix et dans les cuivres triomphaux, et entrecoupé par les airs entrainants de l’accordéon, ainsi que par un passage dépaysant grâce aux flûtes enchanteresses. Les guitares sont également grandioses et semblent dévaler sur la grande plaine allemande.
L’atmosphère change avec « Reise zum ? » (Voyage vers … ?), un morceau intégralement instrumental. Celui-ci commence sur une ambiance inquiétante. Le mystère plane sur la Foret Noire. Puis le morceau évolue vers quelque chose de plus apaisant grâce à la flûte traversière, pour finir sur une mélodie plus entrainante et gaie dès lors que l’accordéon s’invite à la danse. La fin de l’album semble beaucoup plus reposante et apaisante.
Mach dich Frei s’achève en beauté sur le magistral « Finsterforst » (Foret Noire), puisqu’il dure quasiment vingt-quatre minutes ! Les chœurs mystiques et les sons ambient donnent l’impression de s’enfoncer peu à peu dans les profondeurs de la Foret Noire. Le morceau adopte un schéma inverse au reste de l’album, car le chant hurlé passe en second plan, et c’est donc lui qui donne cette fois toute l’intensité à la chanson. Les sonorités électriques de la guitare réapparaissent elles aussi progressivement, et son énergie est vraiment de toute beauté. Un final explosif grâce à un accordéon entrainant, des cuivres déclamant leurs notes dans un élan héroïque, et parfois même des sonorités orientales qui donnent ce côté psychédélique. Un vent black forest metal souffle assurément sur la plaine germanique.
Ce quatrième album marque l’ère d’un renouveau musical pour Finsterforst. Le style folk metal qui faisait l’identité du groupe sur les albums précédents se fait plus discret, pour laisser place à des sonorités plus agressives. On adhère ou pas, mais le groupe aura au moins eu le mérite de sortir des sentiers battus, et d’avoir proposé un album différent de ceux qu’il a pu composés jusqu’à maintenant.
Fée Verte
7/10
Tracklist
1. Abfahrt
2. Schicksals End’
3. Zeit fur Hass
4. Im Auge des Sturms
5. Mach dich Frei !
6. Mann gegen Mensch
7. Reise zum ?
8. Finsterforst
Sortie : 02/02/2015
Liens du groupe :
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https://myspace.com/finsterforst