Ce mardi 1er octobre 2019 était le jour de la revanche pour la chanteuse américaine Emma Ruth Rundle qui avait été dans l’obligation d’annuler sa tournée européenne de l’an dernier. En cette fin de journée couverte, les fans de Paris (et peut-être d’ailleurs) sont sur le pied de guerre. A mon arrivée près de vingt minutes avant l’ouverture des portes, il n’y a pas encore beaucoup de monde, puis les gens arrivent au compte-goutte, jusqu’à former une longue file devant un Petit Bain qui affichera (quasiment ?) complet.
A 20h pile, les portes ouvrent, et une fois à l’intérieur, je me sens tout de suite dans mon élément et retrouve mes premières amours, puisque parmi les morceaux de la playlist passent des classiques du rock progressif, tels que « Shine On You Crazy Diamond », « Wish You Were Here », « Welcome to the Machine » de Pink Floyd, ou bien encore du Genesis ou du Yes.
Une demi-heure plus tard, le concert commence enfin, et j’ai le plaisir de retrouver notre chère Sylvaine aka Kathrine Shepard, qui devait initialement faire office de première partie pour Emma Ruth Rundle sur la date parisienne de l’an dernier. Sans grande surprise, sur le côté de la scène, je vois passer Neige d’Alcest.
Kathrine monte sur scène, pieds nus et toute de noire vêtue, plus élégante que jamais, et accompagnée de sa seule guitare électrique (bien que l’on nous avait annoncé un set entièrement acoustique).
Le set débute avec le morceau « Silent Chamber, Noisy Heart » extrait du premier album du même nom, et après avoir salué la salle, la demoiselle exprime sa joie de revenir jouer dans la capitale, quasiment un an après son dernier passage, puis explique que ce concert acoustique est l’occasion parfaite pour faire quelques reprises de groupes/artistes qui l’ont inspirée. Justement, le morceau suivant sera une cover du morceau « Anesthesia » par Type O Negative. Même si l’artiste est seule sur scène, on peut noter la présence de samples instrumentaux pour l’accompagner.
Ce sera finalement la seule reprise du set, et Kathrine enchaîne donc avec « Thrjar » qui fait en quelque sorte office d’interlude. S’ensuit le magnifique « Mørklagt », qui m’a une fois de plus fait monter les larmes aux yeux, bien que les passages growlés originellement présents dans ce morceau aient été occultés. Ce serait justement un des rares bémols de ce set que je soulignerai : j’aurais trouvé plus judicieux de conserver ces passages en chant hurlé, afin que les personnes qui découvraient la chanteuse ce soir sachent à quoi s’attendre, si l’envie leur prenait par la suite de se procurer ses albums au merch’, car même si les univers musicaux de Sylvaine et d’Emma Ruth Rundle comportent des similitudes, c’est justement ce growl qui aurait pu en surprendre certains. Mais cela n’est qu’un détail qui n’a gâché en rien mon appréciation de ce concert, bien au contraire ! J’avais même le sourire béat, comme une enfant, notamment en entendant ces quelques réminiscences de « Delusions » (qui n’aura cependant pas été interprété à mon grand dam) dans les accords.
Le set touche bientôt à sa fin, et Kathrine remercie Emma, puis nous-mêmes, avant d’annoncer un morceau qui compte beaucoup pour elle, à savoir « L’Appel du vide ». Une fois de plus, la demoiselle nous a offert une prestation d’une grande qualité, mais qui est passée à la vitesse de la lumière, trente-cinq minutes, c’est bien trop court !
SETLIST : Silent Chamber, Noisy Heart / Anesthesia (Type O Negative cover) / Thrjar / Mørklagt / L’appel du Vide
Le changement de plateau a été extrêmement rapide, si bien qu’à peine cinq minutes plus tard, Emma Ruth Rundle et ses musiciens entraient déjà en scène ! Après un tonnerre d’applaudissements, la salle est subitement plongée dans un calme religieux, ce à quoi la chanteuse/guitariste répondra non sans humour « So polite ! » (« Tant de politesse ! »). Le bassiste me fera également sourire lorsque celui-ci a fait mine de cacher de son pied la setlist que je voulais prendre en photo. Comme mentionné quelques lignes plus haut, en plus de ce bassiste, la chanteuse/guitariste californienne est accompagnée d’un guitariste et d’un batteur.
Musicalement, Emma Ruth Rundle propose un post-rock agrémenté de touches folk, expérimentales, ambiantes et rock 70’s, qui n’est pas sans rappeler le style de Chelsea Wolfe, qui est justement signée chez le même label qu’Emma, à savoir Sargent House. Et je dois dire que j’ai été agréablement surprise, car je ne pensais pas que le rendu serait si énergique en live. Pendant le set, Emma a pris grand soin de nous présenter ses excuses pour le concert de l’an dernier qui avait été annulé.
A l’exception de « Races », la chanteuse a interprété tous les morceaux issus de son dernier album On Dark Horses paru l’année dernière, en plus de quelques titres extraits de ses albums précédents, tels que « Medusa » et « Marked For Death » tirés de l’album du même nom. Parmi les morceaux du dernier album ont entre autres été joués le quasi-éponyme « Darkhorse » qui est un hommage à la sœur d’Emma, ou encore « Dead Set Eyes » qui parle du fait de vivre à Los Angeles.
En transition entre les morceaux « Medusa » et « Light Song » (lors duquel le guitariste secondera Emma aux chœurs), la chanteuse prendra en main un archet avec lequel elle jouera de la guitare (voilà un passage où l’appellation « rock expérimental » prenait tout son sens). Emma et ses musiciens sortent ensuite de scène, puis la demoiselle revient seule pour un rappel avec le morceau « You Don’t Have to Cry » qui a récemment fait l’objet d’un clip, et remercie Sylvaine en précisant en toute humilité « it’s so hard to play after her » (« c’est tellement difficile de jouer après elle »). Au bout d’une heure et quart, le set prend fin. Un grand merci à Emma et à ses musiciens, ce fut une très belle découverte live et un très bon moment ! Et évidemment, un grand merci également à Sylvaine, que je n’ai pas manqué de saluer au merch avant de partir, j’espère la revoir très bientôt !
SETLIST : Fever Dreams / Apathy on the Indiana Border / So, Come / Protection / Darkhorse / Control / Marked For Death / Dead Set Eyes / Medusa / Light Song / You Don’t Have to Cry