C’est la rentrée, les festivals estivaux laissent place aux premiers concerts de la fin de saison. De mon côté, je retourne au O’Sullivans Backstage By The Mill à Paris dimanche dernier pour une affiche post « -plein de styles différents » organisée par Garmonbozia. Dans le cadre de la tournée « Banefyre Europe MMXXII », la formation anglo-suédoise Crippled Black Phoenix faisait la promotion de son nouvel album Banefyre aux côtés de Møl et Impure Wilhelmina.
J’arrive vers 19h30, juste à temps pour le premier morceau d’Impure Wilhelmina. Je découvre totalement le quartet suisse qui officie dans un post-metal pesant où se côtoient des influences post-hardcore, à la manière de formations telles que Cult of Luna et Neurosis. Le groupe présentait ce soir plusieurs titres issus de son dernier album Antidote paru le 21 mai 2021 chez Season of Mist, en plus de « The Enemy » et « Great Falls Beyond Death », respectivement issus des deux albums précédents Black Honey (2014) et Radiation (2017).
Le chanteur/guitariste Michael Schindl délivrait ses textes majoritairement en chant clair, renforçant l’aspect rock des compositions. Le chant hurlé était parfois employé et apportait davantage de lourdeur à l’ensemble. Bien que je ne sois pas particulièrement friande de post-metal à tendance post-hardcore, je salue tout de même la capacité du groupe à jongler admirablement bien entre les phases rock et metal.
SETLIST : Solitude / Dismantling / Gravel / The Enemy / Great Falls Beyond Death / Everything Is Vain
On dévie vers le post-black avec les Danois de Møl. C’est un groupe que j’apprécie beaucoup et que j’avais eu l’occasion de voir en streaming dans le cadre du festival en ligne Slay Home, Slay Safe en 2020. Mais rien de mieux que de voir un groupe en vrai pour être totalement plongé dans l’ambiance.
Le groupe entre en scène sur « Photophobic » tiré de son deuxième album Diorama, sorti en novembre 2021 et très largement représenté lors du set. Le guitariste a particulièrement attiré mon attention avec sa guitare rose assortie à sa chemise, ambiance hipster garantie ! Au fur et à mesure du set, celui qui a véritablement tiré son épingle du jeu, c’est le chanteur Kim Song Sternkopf, grâce à son énergie sans borne. On aurait même pu lui reprocher d’en faire des tonnes, mais il vivait tellement ce qu’il chantait que cela a fini par faire mouche auprès du public qui a déclenché les premiers pogos de la soirée. Kim est même descendu à plusieurs reprises dans la fosse.
Musicalement, c’est assez flagrant, Møl propose un post-black/shoegaze fortement influencé par la formation américaine Deafheaven. Les compositions sont ainsi loin d’être révolutionnaires mais ont le mérite d’être à la fois accrocheuses et hypnotiques. La fin du set met à l’honneur le très bon album Jord (2018) avec le titre éponyme et enfin « Bruma ». Ma seule déception, c’est que le groupe n’ait pas joué le morceau-titre de Diorama en duo avec Kathrine Shepard (Sylvaine). Vu que la demoiselle a un pied à terre sur Paris, cela aurait pu faire une très belle surprise pour ce set.
SETLIST : Photophobic / Vestige / Serf / Ligament / Redacted / Jord / Bruma
On vire sur le post-rock avec la tête d’affiche Crippled Black Phoenix. J’avais déjà eu l’occasion de voir le groupe au Forum de Vauréal en 2019 et j’en avais gardé un très bon souvenir. Entre temps, un changement de line-up non négligeable s’est opéré, à savoir le départ du chanteur lead Daniel quelques mois plus tard. Mark, le joueur de synthé, avait également quitté le groupe au même moment. C’est donc le vocaliste suédois Joel Segerstedt qui prend le relais, accompagné de la très talentueuse Belinda Kordic. La demoiselle intervenait davantage au chant comparé à la dernière tournée du groupe. Justin Greaves est toujours aux commandes du projet, et l’on retrouve Helen Stanley au synthé et à la trompette, Andy Taylor à la guitare, et les nouveaux venus Jordi Farré à la batterie, Paco Fleischfresser au deuxième synthé, et Matt Crawford à la basse. Par moments, Paco jouait du saxophone, un instrument que j’affectionne particulièrement pour sa rareté dans le monde du rock/metal.
Le groupe nous a présenté ce soir en avant-première quelques morceaux de son nouvel album Bonefyre qui est sorti ce vendredi chez Season of Mist. Le thème a toujours tenu à cœur au groupe, mais on ressent davantage dans ce nouvel opus le côté engagé pour la cause animale. J’ai d’ailleurs été émue lors du titre « Cry of Love » (issu de l’album précédent Ellengæst) écrit en hommage aux chats de différents membres du groupe.
Le « Macabre Rock » de Crippled Black Phoenix est fortement influencé par Pink Floyd de par ses sonorités à la fois futuristes/universelles et retro. J’espérais d’ailleurs une reprise de la formation britannique, comme ce fut le cas à Vauréal, mais en vain. Le côté « dark rock » pouvait quant à lui faire penser à Sólstafir.
J’attendais le groupe au tournant pour le morceau « Great Escape » tiré de l’album du même nom. Le titre est divisé en deux parties, et c’est de loin la seconde que je préfère. J’espérais donc que le groupe le joue dans son intégralité, mais comme à Vauréal, seule la première partie a été interprétée. J’étais un peu déçue, mais le très beau passage à la trompette assuré par Helen Stanley m’a très largement consolée.
Un grand merci à Garmonbozia pour l’accréditation et pour cette affiche éclectique, et merci aux trois groupes pour cette très bonne soirée !
SETLIST : 444 / Wytches & Basterdz / Bonefyre / The Reckoning / Dead Is Dead / Lost / Cry of Love / Everything Is Beautiful But Us / Blackout 77 / Great Escape / Song For The Loved (End Part) / Rise Up And Fight / You Take the Devil Out of Me / We Forgotten Who We Are / Extra : Burnt Reynolds