J’ai découvert Countless Skies suite à la sortie de leur premier album New Dawn (amorcé par le single Solace en 2015 et paru l’année suivante chez le label italien Kolony Records) qui avait fait grande impression dans la sphère « Death mélodique ». En effet, ce premier opus s’inscrivait dans la continuité de l’EP éponyme sorti deux ans plus tôt, rendant hommage à des maîtres du genre tels qu’Insomnium et Be’lakor (le nom du groupe fait justement allusion au titre d’une chanson des deathsters australiens). De par ces influences fortement marquées, l’on pouvait ainsi reprocher un certain manque d’originalité, même si les compositions étaient bien ficelées.
Le quartet britannique, composé de Ross King (chant/guitare), Phil Romeo (chant clair/basse), James Pratt (guitare/chœurs) et Nathan Robshaw (batterie), revient en cette fin d’année avec son deuxième album intitulé Glow, signé chez le label américain Willowtip Records (spécialisé en death et grind metal) et annoncé par le single Tempest il y a deux ans. Comme pour New Dawn, la très belle pochette a été réalisée par Carl Ellis, et l’album a été mixé et masterisé par Juho Räihä (guitariste de Swallow the Sun et ex-Before the Dawn) de SoundSpiral Audio. Glow dure aussi longtemps que son prédécesseur (environ trois-quarts d’heure) mais comporte une œuvre finale éponyme épique de vingt minutes divisée en trois parties.
L’album s’ouvre sur « Tempest », logiquement introduit par le bruit des vagues suivi d’un combo piano (assuré par le musicien guest Marcello Ciciriello) / guitare. Dans une alternance entre growl et chant clair, Countless Skies officie dans un melodeath plus intense que jamais, agrémenté de touches modernes/progressives, épiques/mélancoliques et doom/atmosphériques, à la croisée de groupes comme Insomnium, Omnium Gatherum et Be’lakor. Comparé à New Dawn, beaucoup plus de place est accordée au chant clair de Phil Romeo, dont l’intensité et l’émotion sont renforcées par les chœurs de James Pratt, mais également de ceux des invités Anthony Trimming, RJ Learmouth et Vicky Harley sur « Summit ». Ce deuxième titre, plus sombre et dramatique, se démarque notamment de par son bridge atmosphérique mené par les guitares, dont l’envolée progressive et épique se voit renforcée par le chant clair de Phil Romeo et le violoncelle de la musicienne guest Arianna Mahsayeh (ex-Hex Morbidity et violoncelliste pour Stonebearer).
A mesure que les morceaux défilent un à un, même si les influences de Countless Skies restent très prononcées, on sent que le groupe cherche progressivement à se démarquer en intégrant des nouvelles sonorités, comme dans l’introduction très « Alcestienne » de « Moon ». Par ailleurs, contrairement à New Dawn, Ross King délaisse totalement les chuchotements growlés, considérés comme l’une des marques de fabrique de Niilo Sevänen (chanteur d’Insomnium). A partir du titre central « Zephyr », le quartet modernise davantage son death mélodique et renforce son identité musicale en intégrant des sonorités situées à la frontière du math-rock/djent et du metal progressif (l’ambiance sombre mêlée aux riffs saccadés et aux accords mineurs de « Glow » rappellerait presque King Crimson).
C’est justement le morceau « Zephyr » qui m’a tout particulièrement séduite : après une première partie essentiellement atmosphérique menée par le chant clair et les chœurs, une rupture de ton mélancolique des guitares retentit. L’intensité véhiculée par les riffs et le growl s’installe peu à peu, instaurant de manière progressive une ambiance épique. Mais le plus beau passage à mon sens, celui où j’ai bien cru que j’allais m’envoler, c’est le bridge atmosphérique à la guitare à la frontière du post-rock/post-black, suivi d’une montée en intensité annoncée par la batterie lors de laquelle les guitares associées aux blasts explosent subitement, et le growl fait joliment contraste avec le chant clair. « Zephyr » prend fin dans une sérénité absolue sur le piano reprenant le thème du bridge.
Le morceau-fleuve « Glow » offre lui aussi son lot d’émotion et se révèle être d’une grande richesse musicale. Dans la première partie intitulée « Resolution », on retiendra plus particulièrement le bridge mélancolique au violoncelle et au piano, suivi d’un solo de guitare épique. « Awakening » reste essentiellement dans une veine « melodeath épique » entre Insomnium et Omnium Gatherum, et l’outro au piano assure la transition avec la dernière partie. Introduit par la guitare acoustique, « Reflection » apparaît comme le climax final où une voix narrative se mêle aux guitares épiques et aux orchestrations intenses. Les riffs « melodeath » rappellent les débuts d’Insomnium, mais aussi Dark Tranquillity. Le titre prend fin dans toute sa splendeur sur une alternance entre chant clair et growl.
Un beau retour des Britanniques avec ce deuxième album ! Countless Skies se démarque davantage de ses compères scandinaves, forge petit à petit sa propre identité, tout en préservant, voire en sublimant l’émotion et l’intensité que l’on retrouvait déjà sur New Dawn. La relève semble assurée, et le death mélodique a encore définitivement de beaux jours devant lui !
Fée Verte
8/10
Tracklist :
1. Tempest
2. Summit
3. Moon
4. Zephyr
5. Glow : Part I : Resolution
6. Glow : Part II : Awakening
7. Glow : Part III : Reflection
Date de sortie : 06/11/2020
Liens du groupe :
Excellent album de melodeath, avec de la finesse, et un chanteur pouvant ressembler à Devin Townsend… Du bonheur !