Fée Verte : Le Cernunnos Pagan Fest fait sans conteste partie de mes rituels annuels. Pour cette quatorzième édition, les amoureux de musiques folk/pagan et black metal que nous sommes se retrouvent à la Ferme du Buisson à Noisiel en Seine-et-Marne le week-end du 17 février. J’arrive avec mon acolyte Thrall le samedi aux alentours de 13h sous un très beau soleil et profite des stands de restauration médiévale avant d’entamer une journée chargée en concerts.
Thrall : Après plusieurs années sans avoir pu aller au festival, il était temps pour moi de faire mon grand retour au Cernunnos Pagan Fest, la fête Folk Metal de Noisiel à l’est de Paris et située dans un lieu très sympathique, la Ferme du Buisson. Centre culturel, elle met à disposition du festival un grand espace extérieur dédié au marché médiéval, au bar et aux activités, ainsi que deux scènes de concert indoor, La Halle et l’Abreuvoir.
Dès l’arrivée en début d’après-midi (le premier concert est à 14h!) sur le site, une petite balade s’imposait dans le marché médiéval, nous amenant naturellement à découvrir également les stands de nourriture, histoire de se remplir la panse avant d’enchaîner les concerts. Une portion de cochon et de bière plus tard, il était temps de commencer ce festival avec le show de Cave Growl !
Fée Verte : A 14h, le groupe gagnant du tremplin du Cernunnos a l’honneur d’ouvrir les festivités dans la petite salle de l’Abreuvoir. Il s’agit de Cave Growl, formation de folk metal francilienne dont j’avais entendu parler, mais que je n’avais jamais eu l’occasion de voir jusqu’à présent.
Une grande chope de bière gonflable est posée au bord de la scène, autant dire que ça donne directement une idée de ce qui nous attend musicalement : un folk metal enjoué fortement porté sur la boisson, à la manière de Korpiklaani. Pas forcément ma tasse de thé de prime abord, mais je me suis tout de même laissée porter par la très bonne ambiance dégagée par le groupe, entre walls of death, pogos et danses, notamment sur le bien nommé « La Valse des gens bourrés ».
Le groupe est composé de nombreux membres, dont certains jouaient des instruments peu communs dans la musique metal, comme le tuba. On pouvait également compter un chanteur/sonneur, un violoniste, deux guitaristes, un bassiste, un batteur et une flûtiste. D’ailleurs, un détail amusant, chaque membre du groupe avait sa setlist papier personnalisée en fonction des morceaux auxquels il participait. En fin de set, les musiciens ont fait une distribution générale de cannettes d’une bière pas très bonne (je vous laisse deviner laquelle) cachées dans la chope gonflable.
Thrall : Nous voici dans l’Abreuvoir, la plus petite salle de concert du festival, pour assister au concert de Cave Growl, des Français que je pensais disparus de la scène. Il faut dire que leur dernier (et seul) album datait tout de même de 2011 ! C’était donc une belle surprise de les voir jouer ici, d’autant plus qu’ils ont mis une sacrée ambiance !
Sous les sons traditionnels d’une flûte, d’un violon ou encore d’un tuba (!), le groupe balance une musique fichtrement efficace en live, entre un Korpiklaani et un Trollfest. Ça fait chanter et danser le public, ça bouge sur scène, ça enchaîne du riff à headbang… Bref, une ambiance très bon enfant, du pogo et du wall of death à gogo, on ne s’ennuie pas et les 40 minutes de concert passent d’une traite.
Les faits marquants ? Les canettes de bière distribuées par le groupe tout au long du show (et pourquoi pas, pour se rafraîchir le gosier entre deux pogos) ainsi que la grande chope de bière gonflable slammée dans le public. Vous l’aurez compris, une véritable ode musicale à la bière, portée notamment par leur fameux titre « La Valse des Gens Bourrés ».
SETLIST : Hei Hei Oh ! / Morning Headache / Something Drunk / La Valse des gens bourrés / Story of a Straight Man / Ace of Beer / Sons of War
Fée Verte : Nous partons ensuite dans la grande salle de la Halle pour le concert de Vansind, formation danoise que je découvre totalement aujourd’hui. En plus des instruments classiques du metal, la multi-instrumentiste Rikke Klint Johansen en a subjugué plus d’un de par sa performance à jongler entre les claviers, la flûte et la cornemuse. Les mélodies de ces instruments traditionnels m’ont justement rappeler une autre formation danoise : Svartsot. A noter par ailleurs que trois membres de Vansind font également partie de Vanir, l’autre formation danoise qui a joué le lendemain au festival. L’alternance entre le growl de J. Asgaard et le chant de Line Burglin offrait une belle complémentarité et un joli contraste.
Thrall : Un groupe tout nouveau pour moi, une totale découverte qu’est Vansind, une formation venue du Danemark. De suite, on remarque la complémentarité entre le growl et le chant clair des deux vocalistes, en plus de la surprenante performance de la claviériste, multi-instrumentiste avec la cornemuse et la flûte en plus, rien que ça !
La musique prend forme au fil des minutes, nous offrant un Folk Metal classique mais efficace, qui nous fait joyeusement bouger la tête et lever le poing en rythme. Performance sympathique donc, sur laquelle il est plaisant de siroter une bonne bière et profiter du bon son renvoyé par La Halle, la deuxième salle du festival, plus grande que l’Abreuvoir. Les Danois ont clairement attisé ma curiosité et m’ont convaincu d’aller découvrir leur son sur CD.
SETLIST : Intro / Grib til Våben / Før dagen gryr / Den Farefulde Færd / Blót / Den første fejde / Håbet Er Sort
Fée Verte : J’ai misérablement échoué à l’Abreuvoir pour le set des pirates clissonnais de Mormieben. Même si le pirate metal, ça a tendance à vite me saouler (sans jeu de mots), l’ambiance délirante que l’on attend de ce genre de concert était au rendez-vous. Le chanteur Gobrian Le Marre assurait à la perfection son rôle de frontman et avait un jeu d’acteur certain, à tel point que je me suis demandée si il était vraiment bourré, ou si il faisait tout simplement semblant. Et parce qu’un pirate, ça sait faire autre chose que picoler, les musiciens ont lancé dans la fosse des épées gonflables (tiens, ça me rappelle fortement les lives de Trollheart) pour qu’on se foute sur la trogne. Des festivaliers ont même joué le jeu jusqu’au bout en faisant semblant de ramer.
Thrall : Changement d’ambiance garanti ! Il était désormais temps de partir en mer avec l’équipage Mormieben, des pirates sans foi ni loi issus de nos propres rivages. Mené par leur charismatique capitaine, dont l’intonation était des plus incroyables, nous faisant presque croire qu’il jouait ivre sur scène, le groupe balance sur nous son Pirate Metal bien rapide, bien puissant, mais sans oublier cette petite touche fun qui nous fait vraiment rentrer dans leur univers.
Autant dire que les pogos et autres wall of death n’ont pas mis longtemps à venir : le groupe sait y faire et sait parler à une foule, nous invitant dans un voyage à travers le monde, de l’Atlantique à Hawaï, du Japon à Singapour… Superbe ambiance, les gars nous ont transportés. Il ne manquait finalement qu’une seule chose : des flasques de rhum lancées dans la foule, comme Cave Growl avec la bière !
SETLIST : Intro / Gerber / Nouveaux horizons / Poursuite en Atlantique / Encalminés / Hawaï, l’héritage de James Cook / Frères ennemis / Trophée du Squale / Japon, le règne de Watatsumi / Défense de Gerber / Singapour, l’odeur de la poudre
Fée Verte : Retour à la Halle pour le concert de Cesair, formation néerlandaise renommée de la scène folk que je vois pour la toute première fois. Habitué des festivals fantasy tels que le Castlefest et Trolls & Légendes, le groupe nous conte dans plusieurs langues des histoires et nous fait ainsi voyager entre mélodies celtiques et orientales. Tout cela me faisait penser à un petit mélange entre Nataverne, Fejd et Omnia.
Au grand dam des fans, la chanteuse Monique est tombée malade peu avant le festival et n’a donc pas pu participer au concert. La violoniste Sophie a néanmoins pu la remplacer ponctuellement, notamment sur le titre « Dies, Nox et Omnia ». Le guitariste Thomas, également au bouzouki irlandais, assure les parties chantées, tout comme Daan qui alterne entre le piano et l’accordéon. Je me creusais la tête pendant le concert car j’étais convaincue d’avoir déjà vu quelque part Luka, au didgeridoo, et j’en ai effectivement eu la confirmation en rédigeant ce live report puisque le musicien fait également partie de Rastaban, que j’avais justement vu quatre ans plus tôt au Cernunnos !
Thrall : C’était l’heure du tout premier concert acoustique de cette journée. Le groupe néerlandais, que je découvrais sur scène, nous présentait alors son lot d’instruments traditionnels, entre le bouzouki (guitare grecque), le didgeridoo (long tube en bois), le hackbrett (sorte de cithare sur table), la vielle à roue, l’accordéon ou encore le bodhrán (tambour irlandais).
Des instruments provenant de multiples cultures, vous l’aurez remarqué, le tout pour nous transporter dans un univers musical d’inspiration orientale. Dès les premières notes, on se sent directement happé par les chaudes mélodies, nous faisant voyager aux confins des déserts brûlants d’Arabie. Certains titres plus celtiques nous faisaient cependant revenir jusque dans nos contrées européennes, au milieu de forêts plus tempérées et de plaines plus froides.
L’énergie du groupe est communicatrice, portée par une chanteuse dansant et gesticulant : le public est réceptif et écoute attentivement, comme ensorcelé par la musique. Un très bon spectacle, qui m’a rappelé des groupes comme Omnia ou Faun.
SETLIST : Surya Mantras / Dies, Nox et Omnia / Luscinia / Ani Ana / Chorihani / Enuma Elish / Mélusine / De Zee / Canso / Troll Kalla Mik
Fée Verte : M’étant octroyée une petite pause, je n’ai vu qu’une partie de la prestation de Blóð Dýr, quatuor francilien qui nous conte à travers sa musique folk acoustique des histoires ancrées dans les cultures européennes ancestrales.
Formé en 2010, Kanseil commence tout juste à exporter hors de son Italie natale son folk metal teinté de sonorités médiévales, à la manière de ses compatriotes de Folkstone, et partage ainsi pour la première fois en France ses chansons faisant vivre les histoires et légendes des hauts plateaux du Cansiglio, dont est inspiré le nom du groupe. L’occasion parfaite de présenter son nouvel album Vaia tout fraîchement sorti.
Sur une base black/death, le chanteur Andrea Facchin jongle dans sa langue maternelle entre chant clair et growl. Des instruments traditionnels, tels que la cornemuse, la flûte et le rauschpfeife, viennent s’ajouter aux instruments typiques du metal. Pour le dernier morceau, le bassiste est descendu dans la fosse, parmi les festivaliers qui se sont montrés plutôt réceptifs à la musique du groupe.
Thrall : Après une petite pause et un ravitaillement au bar, où l’on pouvait trouver d’ailleurs de bonnes bières artisanales (excepté une bière à la cannelle un poil décevante), c’était reparti pour Kanseil, groupe italien de Folk Metal assez énergique et mené par un chanteur en mode pile électrique. Leur flûtiste encapuchonné n’était aussi pas en reste, courant, headbanguant, sautant partout… Vraiment, les gars sont contents d’être sur scène et ça se voit !
D’ailleurs, leur énergie ne tarde pas à se transmettre au public, qui finit par créer un pit au milieu de la foule pour accompagner les passages les plus rentre-dedans du combo. Les sonorités folkloriques sont très efficaces et me rappellent des groupes comme In Extremo ou Corvus Corax (la cornemuse y est pour beaucoup). Mention spéciale aux paroles en italien : très bon choix de la part du groupe, la magie opère !
Le titre « Hrodgaud » résume bien la performance des Italiens : parfait mix entre agressivité des guitares et de la double pédale sur les couplets et envolées mélodiques sur les refrains grâce aux instruments folk et au chant clair.
SETLIST : Solitaria quiete / Ciada Delàmis / Rivus Altus / Antares / Hrodgaud / Haereticalia / Vallorch / Ander de le Mate / Panevin / Landro
Fée Verte : Afin de garantir ma place au premier rang pour le concert de Wormwood, j’ai malheureusement fait l’impasse sur le set de Żniwa, que j’aurais pourtant bien aimé découvrir. Faisant partie de mes groupes préférés, Wormwood était sans conteste ma motivation première de cette édition, et j’avais grand hâte de revoir la formation suédoise, dix mois après son passage au Ragnarök Festival, d’autant plus que j’avais des attentes bien particulières par rapport à la setlist.
Je radote, mais si j’aime autant Wormwood, c’est pour son identité musicale unique, où se greffent à son black metal mélodique des sonorités folk, atmosphériques et mélancoliques, et même rock progressif des années 70.
Je parlais plus haut de la setlist, et je dois dire que j’ai été comblée. Sans omettre les titres de son dernier album Arkivet, le groupe a cette fois-ci laissé plus de place à ses morceaux plus anciens. Tout est relatif, le premier album remonte à 2017, mais j’étais agréablement surprise d’entendre « Godless Serenade », puisque Ghostlands avait été totalement occulté de la setlist au Ragnarök Festival. Pour ma part, le clou du spectacle fut l’interprétation de mon titre préféré qui a clôturé le set en beauté, « The Isolationist », issu du deuxième album Nattarvet. Un concert absolument génial qui est passé terriblement vite et pendant lequel j’ai tout le long headbangué frénétiquement, à tel point que mes cervicales ont mis deux jours à s’en remettre.
Thrall : Rien de mieux qu’un bon débrief avec les copains et un ravitaillement en boissons pour nous remettre de nos émotions, en attendant Wormwood dans la salle de La Halle au premier rang. Un groupe que je n’apprécie finalement pas tant que ça sur CD, ayant eu du mal à rentrer dans leur univers musical à base de Black Metal atmosphérique.
Au premier rang, on en a quand même très bien profité, les copains à côté ayant attendu ce concert avec impatience. Les titres à la fois atmosphériques et mélancoliques s’enchaînaient très bien, et on sentait dès les premières notes que le groupe maîtrisait son sujet. Le chanteur, hurlant son désespoir et sa souffrance au micro, était un régal, surtout d’aussi près. On se surprenait même à entendre parfois un petit blast beat de derrière les fagots, quand le groupe osait accélérer la cadence, notamment sur un début de morceau.
Malgré le fait que ce ne soit pas ma tasse de thé, le groupe nous a fait rentrer facilement dans son univers : la preuve, l’heure a filé très vite, et il était déjà temps pour les Français de Drakwald.
SETLIST : End of Message / Av lie och börda / Ensamheten / The Achromatic Road / The Gentle Touch of Humanity / Godless Serenade / Overgrowth / The Isolationist
Fée Verte : Le concert de Drakwald, c’était clairement pour moi le moment nostalgique de cette édition, puisque c’est un des premiers groupes de folk metal que j’ai écoutés, et cela faisait bien longtemps que je ne les avais pas vus en live. J’étais amusée de constater que depuis toutes ces années, les membres du groupe n’avaient absolument pas changé, et ça a foutu un sacré coup de vieux quand le groupe a rappelé que la dernière fois qu’il avait joué au Cernunnos, c’était en 2013. Dire que je n’écoutais pas encore du metal à cette époque…
Drakwald enrichit son death metal mélodique de sonorités folkloriques grâce à son membre pilier Bertrand Renaud qui distille des mélodies entêtantes tantôt à la cornemuse, tantôt à la flûte. Même si je suis passée à côté de la sortie du troisième album Black Moon Falls l’an dernier (il faudra que je m’offre une session de rattrapage), les Tourangeaux ont donné une prestation solide, et j’étais presque émue d’entendre à nouveau après toutes ces années les titres issus du deuxième album Riven Earth, et tout particulièrement « Doomsday Argument » (cette mélodie de la cornemuse, c’était vraiment de toute beauté).
Thrall : Qu’il était bon de revoir les gars de Drakwald, après tant d’années sans les croiser en concert ! Fort d’un album sorti tout juste l’année dernière, le groupe était bien décidé à montrer les crocs assez vite, surtout que le line-up était demeuré inchangé, ce qui est assez incroyable !
Armé comme toujours de leur fameuse cornemuse, il faut dire que le groupe revient plus sombre que jamais avec leur dernier opus Black Moon Falls, ayant dépassé les frontières du simple Folk Metal pour venir s’installer au pays du Death Melo. La batterie est bien plus agressive (le batteur se fait plaisir à coups de double pédale et de blast beat) et les atmosphères se font plus oppressantes, avec des guitares plus graves. Mais le groupe n’oublie pas les beaux refrains scandés et mélodiques, comme sur « Burning Clouds ».
J’ai vraiment adoré les derniers titres sortis du groupe sur scène, les trouvant encore plus puissants et majestueux que les précédents. Mais les gars nous faisaient parfois sortir de l’orage pour nous faire apercevoir des cieux plus illuminés en revenant sur des morceaux plus anciens, où les mélodies de la cornemuse faisaient clairement mouche.
SETLIST : Devouring the Living Sun / Burning Clouds / Storm of Embers / Release from Apathy / Doomsday Argument / Lost Soul / Chasm of Ignorance / Blood and Glory / Despair of the Last Men / Under a Rain of Soot / Erase by Fire
Fée Verte : N’ayant pas gardé un souvenir impérissable du concert de Skyclad en première partie d’Ensiferum en 2017, j’ai préféré profiter de la signing session de Wormwood avant de rentrer.
Thrall : Je décidais de rester un peu pour assister à quelques morceaux de Skyclad. Je constatais presque tout de suite que j’aurai affaire à un groupe de Folk Metal joyeux, avec même quelques ambiances presque Power/Thrash Metal.
La musique allait forcément avec les gaillards qui la jouaient, et ça ne loupait pas : le pit était ouvert et ça se bousculait sévèrement au milieu du public. Certains avaient encore quelques réserves d’énergie apparemment ! J’y fis même un petit saut, pour la forme ! En vrai, même si la musique ne m’emballait pas plus que ça, il fallait avouer que le groupe mettait une sacrée ambiance dans la salle. Une ambiance très festive qui m’a finalement fait rester jusqu’au bout !
Fée Verte : Le lendemain, le beau temps n’était plus au rendez-vous et a laissé place à une pluie incessante, ce qui a indirectement occasionné un souci de trappes bloquées ouvertes dans la Halle. Heureusement, le problème a été réglé pendant le premier concert qui se tenait à l’Abreuvoir, et même si il y a eu du retard sur le running order initial, tous les concerts ont été maintenus.
Thrall : C’est sous un temps maussade et de la pluie que nous faisions notre retour au Cernunnos pour ce deuxième jour d’hostilités, tout l’inverse du temps d’hier… Mais une bonne bière, un bon plat chaud (je me suis laissé retenter par la cochonnaille !) et de nouveaux concerts allaient nous gonfler à bloc malgré le froid.
Fée Verte : Je découvre en ce début d’après-midi le quintet francilien Orkhys, mené par sa chanteuse et harpiste Laurène Telennaria. Deux guitaristes ainsi qu’un bassiste complètent le line-up, et je reconnais derrière les fûts Jean-Yves Chateaux, anciennement batteur de Lurking.
Orkhys officie dans un metal symphonique agrémenté de nombreuses influences, du thrash au metal mélodique progressif, en passant par la musique folk celtique et épique. Le groupe conte à travers ses morceaux chantés en anglais des épisodes légendaires, et nous fait notamment voyager en Écosse et en Europe scandinave.
Progressivement, les morceaux joués sont de plus en plus épiques et énervés. En milieu de set, Laurène fait la promotion du nouvel album à venir Legends, illustré par le clip tout fraîchement sorti de « The Chained Oak ». Pour le dernier titre « Kelpie », le groupe a encouragé le public à sauter sur place. Un bel accueil réservé à cette jeune formation !
SETLIST : A Way / End of Lies / Guardians / Blood Ties / The Chained Oak / Kelpie
Fée Verte : Sans attentes particulières, je me place pour le concert de Perchta, et cela a été finalement une de mes meilleures découvertes du festival. Mené par sa charismatique chanteuse qui rappelait fortement Maria Franz (Heilung), le groupe alterne entre le black metal atmosphérique et une musique folk ésotérique, ce qui pouvait beaucoup faire penser à Myrkur.
S’accompagnant d’un tambour, la chanteuse délivre avec une grande intensité ses textes en dialecte tyrolien et agit en véritable prêtresse chamanique. La présence du hammered dulcimer renforçait l’aspect ritualiste qui se dégageait de la musique du groupe. J’ai particulièrement aimé le passage post-black atmosphérique émotionnel mené par la guimbarde, c’est vraiment à ce moment précis que Perchta m’a définitivement conquise, et je serai ravie de les revoir prochainement au Ragnarök Festival.
SETLIST : Erdn / Långs / Åtem / Summa / Gluat / Herest / Wåssa / Winta / Hebamm
Fée Verte : J’avais passé un bon moment au concert de la Maisnie Hellequin au Lid Ar Morrigan l’an dernier, c’est donc avec plaisir que je retourne voir les gais lurons wallons. Le groupe avait envie d’associer deux styles qui lui est cher, à savoir le metal et la musique médiévale, ce qui a donné un style à la dénomination folle de « heavy metal médiéval ». En plus des instruments metal, on retrouve ainsi un bouzouki, une vielle à roue, un nyckelharpa et une cornemuse. Les morceaux, intégralement instrumentaux, sont très énergiques et entraînants.
En bons Wallons qui se respectent, les musiciens marquent leur set d’un sens de l’humour et de l’autodérision sans borne. Pour la fin du set, chacun d’eux portait un serre-tête de licorne. Le frontman Mathieu Lacrosse introduit un long morceau en quatre parties en expliquant que quand on veut faire du metal, il faut forcément un morceau épique, et au Moyen-Âge, le thème le plus épique qui pouvait exister, c’était… la Bible ! C’est ainsi qu’est né ce titre inspiré des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Cependant, pour des raisons logistiques, le groupe n’a joué que la première et la dernière parties du morceau, à savoir « Conqueste » et « Pestilence ».
Thrall : Tiens, leurs visages me sont familiers ! Eh oui, il s’agit de ce même groupe médiéval qui avait foutu une belle ambiance au Lid Ar Morrigan l’année dernière ! Des amis belges ! Quel bonheur de les voir, avec la même setlist de mémoire qu’au Lid Ar Morrigan. Ça m’allait parfaitement !
Avec leur humour communicatif, ils enchaînent leurs titres un peu particuliers… Car ils ont un concept tout singulier d’aborder leur musique : celui de mélanger les sonorités médiévales au Heavy Metal ! Et franchement, on ne peut qu’apprécier, le groupe nous balançant un Metal médiéval à coups de nyckelharpa, de bouzouki ou encore de vielle à roue. En plus, la batterie suit bien le rythme, nous faisant bouger la tête et sauter avec eux. Le grand moment du concert, c’est l’interprétation de leur morceau des « Quatre Cavaliers de l’Apocalypse », un long morceau divisé en quatre parties, dont deux que le groupe nous interprète. Un morceau épique et sombre !
SETLIST : Vierge de Fer / Danse Macabre / Conqueste / Pestilence / Fear / St-Lambert
Fée Verte : Je sacrifie le set de Nydvind pour me sustenter. Une fois ce délicieux brød englouti, je retourne à l’Abreuvoir me placer pour le concert de Domhain, que j’avais très envie de voir. La composition du line-up n’est pas des plus originales, si ce n’est que la batteuse seconde le chanteur/bassiste et un des deux guitaristes aux parties vocales. Cela ne m’a aucunement empêchée d’apprécier la musique du quartet nord-irlandais, un post-black metal atmosphérique introspectif teinté de shoegaze qui m’a pas mal fait penser à Saor.
Thrall : Changement d’ambiance entre les deux groupes : on passe d’un Heavy Metal médiéval à un Post-Black atmosphérique et mélancolique. Ici, il s’agit de rester concentré sur le show et de s’imprégner des ambiances très lentes du groupe. Petite surprise, en plus du growl, la batteuse agrémente de son chant clair et plaintif certains passages, les rendant encore plus mélancoliques.
Là encore, ce n’est pas ma tasse de thé niveau style mais je reconnais que le groupe fait tout pour nous faire rentrer dans son univers, le lighting et la brume sur scène en plus, les laissant toujours un peu dans l’ombre.
SETLIST : The Mourning Star / Feather from a Raven’s Breast / A Silent Frequency / Wood for the Axeman / A Pile of Stone Upon Her Grave
Fée Verte : J’ai assisté à une partie du set de Widilma, que je découvre totalement. La formation bretonne officie dans un néo-folk chamanique celtique et nous offre une expérience scénique hors du commun, faisant revivre les rituels des anciennes peuplades d’Europe.
Deux guerriers aux boucliers semblent protéger la chanteuse/percussionniste Kohann. Tandis que la puissance des percussions renforce cet état de transe, la présence du lur et du carnyx rend l’ensemble épique et grandiose.
Thrall : Expérience assez originale de la part de Widilma, qui opère dans un Folk acoustique celtique et chamanique, à base de rituels païens. Une fois la chanteuse arrivée sur scène avec sa garde personnelle armée de boucliers, d’épées et de lances, le rituel peut commencer.
La cérémonie de Widilma est essentiellement accompagné de chants et de percussions, mais le son d’un carnyx vient rendre le tout assez majestueux et solennel. Là, un membre du groupe vient s’agenouiller devant la chanteuse percussionniste, qui lui lance alors du sang sur le visage. Franchement, effets garantis, on est vraiment transporté dans un autre temps.
SETLIST : Hi Blaidd / Brixtia / Dyn Dinnes / Mibion Mein / Bnanom Brictom / Dyn Dinnes
Fée Verte : Je quitte la Halle peu avant la fin du concert de Widilma afin d’être bien placée pour celui de Belore, que j’avais très envie de voir. Prenant initialement la forme d’un one-man-band, le groupe est composé sur scène de la tête pensante Alexandre Ardisson au chant, à la basse, et occasionnellement à la flûte, de deux guitaristes et d’un batteur.
Le set débute sur « Sons of the Sun », morceau figurant sur le troisième album Eastern Tales qui paraîtra en avril. Dans la lignée de groupes comme Saor, Caladan Brood et Cân Bardd, Belore interprète un black metal atmosphérique épique fortement influencé par les univers médiévaux et heroic fantasy.
Thrall : Belore enchaînait rapidement avec Widilma à l’Abreuvoir, la plus petite salle des deux. Le groupe était quelque peu attendu, même par moi. Et ce fut un show très réussi, leur Black Metal atmosphérique épique d’inspiration médiévale et Fantasy nous emportant dès les premières notes.
Le groupe, excepté un guitariste très expressif, n’est pas forcément très démonstratif mais on se laisse happer par leur musique avec plaisir, oubliant le show visuel (comme c’est généralement le cas chez les groupes atmosphériques). Pas de folie non plus dans le public : on est tous captivés par le son. Les gars nous délivrent un concert très pro, très carré, et nous partagent même un nouveau morceau de leur prochain album à paraître en avril.
SETLIST : Sons of the Sun / Artefacts of Power / The Valley of the Giants / The Whispering Mountains / Glorious Journey / Moonstone
Fée Verte : Le festival prendra fin pour ma part sur le concert de Vanir. Depuis le temps que je connais le groupe, j’étais plutôt impatiente de les voir en live pour leur première apparition en France. Les Danois profitent de l’occasion pour présenter leur septième album Epitome tout juste sorti.
Depuis ses débuts en 2009, le style musical du groupe a clairement évolué, passant d’un folk metal festif et enjoué à la Svartsot à un death/black metal mélodique épique et vindicatif dans la veine d’Equilibrium, Graveworm et Amon Amarth. Le dénominateur commun aux deux périodes du groupe reste l’attachement profond à sa culture viking. Fini la cornemuse et les flûtes, laissant désormais place aux claviers.
Personnellement, je préfère la période festive de Vanir car je trouve qu’elle présentait davantage d’originalité, mais on ne peut pas non plus reprocher au groupe d’avoir voulu évoluer vers une musique plus sombre et plus sérieuse. Même si c’était efficace, le set pouvait paraître à la longue un peu redondant. Cependant, le groupe a su mettre une super ambiance, c’était vraiment la guerre dans la fosse, et certains festivaliers ont réitéré l’imitation de Vikings ramant sur les flots. Lors du titre « MCCXIX », le chanteur s’est enveloppé du drapeau danois qui était posé sur le synthé.
Thrall : C’était le concert à pogo de cette journée, très clairement ! Il faut dire que les Danois opèrent dans un Death Mélo plutôt rentre-dedans et hargneux. Leur dernier album, tout juste sorti, balançait quelques titres bien rapides, qu’ils nous ont fait le plaisir de jouer d’entrée. Le groupe a envie d’en découdre, et le public ne met pas beaucoup de temps à s’ouvrir pour laisser place à un bon pit, que j’irai fouler à quelques reprises, bien entendu.
Pour résumer, un son efficace et bourrin, enveloppé de nappes de claviers et d’une ambiance plus sombre que sur leurs premiers albums ! Que demander de plus ?
SETLIST : Day of Reckoning / Wood Iron and Will / MCCXIX / See the Dragon / Black Clad / Sorte Grehte / Twisting the Knife / Fall of Arkona / Blood Eagle / One Man Army / Dødsfærd
Fée Verte : Avec le retard accumulé, je n’ai pas eu la foi de rester pour les deux derniers groupes. Je me suis contentée avant de partir de profiter une dernière fois d’une des nombreuses bonnes bières du festival. Malgré les quelques soucis techniques, c’était une fois encore une très bonne édition, riche en découvertes et en moments mémorables. Un grand merci à l’organisation du Cernunnos Pagan Fest pour leur travail titanesque, pour faire vivre cette scène formidable qu’est celle du folk/pagan metal, et pour la confiance accordée à notre webzine chaque année. L’an prochain marquera la quinzième édition du festival, et quelque chose me dit qu’elle promet d’être exceptionnelle. Le rendez-vous est évidemment pris, à l’année prochaine Cernunnos !
Thrall : Harp Twins, dernier groupe de ce festival qui est passé beaucoup trop vite ! Et pour finir, une petite touche de légèreté et de douceur sous la forme d’un duo de harpistes, deux jumelles américaines pour être précis. Un instrument que j’adore écouter mais que j’ai rarement eu l’occasion d’apprécier en live.
Petit bonus pour nous metalheads, les jumelles jouent en fait des reprises de Heavy Metal, Iron Maiden et Metallica en tête. Elles annoncent même que « Fear Of The Dark » est leur chanson préférée ! Bref, elles font rire le public entre chaque titre, expliquant le choix de chaque cover, et jouent en parfaite harmonie. De quoi conclure tranquillement ce festival, d’autant plus que certains festivaliers se sont pris d’une envie de danser sur les mélodies légères des harpes. Un bon moment.
Il était temps désormais de quitter la ferme du Buisson… Le week-end est vraiment passé à la vitesse de l’éclair, et c’est peu de le dire ! Merci à toute l’équipe du Cernunnos pour nous avoir permis de profiter de tous ces beaux concerts ! Pour ma part, de belles découvertes que je me suis empressé de creuser musicalement sur CD une fois chez moi. Et ça, ça fait toujours plaisir !
Mention spéciale aussi aux équipes présentes sur les scènes de concert pour les shows, mais aussi les personnes présentes aux stands de nourriture et de boisson, notamment le bar principal du festival. On sait qu’une bonne bière et de bons plats accompagnent toujours de bons concerts ! Le rendez-vous est pris pour l’année prochaine !