Bliss Illusion – Shinrabansho

Sorti il y a un an déjà, je vous propose de revenir sur l’album Shinrabansho du groupe chinois Bliss-Illusion. En effet, ce groupe commence à faire un peu parler de lui dans le milieu du black metal et je me devais de vous faire la chronique de cette petite pépite. Car oui nous avons bien là un très bon album de black metal ritualiste comme on les aime, avec ce mélange de noirceur et de musique traditionnelle.

Le premier morceau « 7.23 Eve » commence de façon très planante, presque pop. D’ailleurs, au début, on se demande si c’est bien du metal qu’on écoute. Mais on se laisse vite happer par ce début très atmosphérique. Le chant est doux, presque murmuré, puis, le son éclate, les cris et les guitares rugissent. Une flûte traditionnelle vient se joindre au tout, on a un sentiment de nostalgie profonde tout au long du titre. Celui-ci pourrait presque être la musique d’un film ou d’un jeu (je pense à la bande son du jeu Life Is Strange pour ceux qui connaissent). Le second titre nommé « Sunyata » est un de mes coups de cœur. Tout comme le titre précédent, il commence tout en douceur, puis l’atmosphère se fait plus sombre, le chant devient plus grave avant de s’élever de nouveau. Et cette flûte qui revient et qui accompagne les riffs de guitares. L’utilisation de cet instrument est très surprenante au départ, mais celui-ci a parfaitement sa place ici et ne dépareille pas du reste. Le titre du morceau en lui-même désigne, dans le bouddhisme, et de façon très résumée, la vacuité des êtres et des choses. L’absence d’être, autrement dit l’inexistence de toute essence, de tout caractère fixe. « Recovery of all things » commence de façon peut-être plus black metal classique mais toujours avec ces sonorités atmosphériques. Pas de chant ici. Encore un titre très beau où le violon vient se joindre à l’ensemble donnant une belle profondeur à la musique.

Le morceau suivant démarre par une guitare acoustique et la flûte est toujours très présente ici. On dirait presque une ouverture d’anime japonais pour ceux d’entre vous qui en regardent. Le titre ici veut dire « Prajñā » en sanskrit, souvent traduit par « sagesse transcendante », c’est une notion fondamentale du bouddhisme et de l’hindouisme. Le terme signifie à l’origine « capacité cognitive » ou « savoir-faire » . Un titre qui commence de façon très énergique avant de se radoucir puis de repartir au quart de tour. Cependant, il n’est pas mon préféré de l’album. « Pass away » est un titre tout en nuances, les voix sont superbes et la batterie est parfaitement maîtrisée. Évidemment ce titre me plaît car il ressemble pas mal au second « Sunyata » avec ce mélange si marqué de metal et d’instruments plus traditionnels.

« Naraka » commence de façon très lancinante et sombre. En règle générale, on peut noter que ce morceau est plus sombre que les autres titres de l’album et se distingue par de gros riffs de guitare ainsi que ses voix psalmodiantes qui ne laissent pas de répit à l’auditeur. « The age of the last dharma » est un autre titre très atmosphérique qui ne sonne pas vraiment black metal . On est plus proche de Pink Floyd, du moins jusqu’au milieu du morceau (celui-ci durant 8min). Passées les 4 premières minutes on retrouve donc un black metal bien agressif et très maîtrisé. Il est à noter que ces changements d’ambiance d’un style vers un autre au sein d’un même morceau ne détonnent absolument pas, au contraire. Évidemment, je pense que pour saisir toute l’essence de la musique il vaut mieux être un peu familier avec le bouddhisme. Ici, le dharma signifie la voie et l’enseignement du bouddha. Le Bouddha invite ses disciples à être conscients que chacun de leurs actes ne les engage pas seulement personnellement mais peut avoir des répercussions sur tous les autres êtres. « Impermanence » est un titre très aérien qui là aussi comporte des sonorités plus rock atmosphérique que black, c’est le titre le plus « calme » de l’album avec le morceau suivant qui est une autre version de « Prajñā ».

« WE » est un titre court de deux minutes qui lui par contre commence certes tout en douceur mais explose en un black metal très sombre et puissant avec un très bon riff de guitare. « Phantom » sonne à première vue comme du Blut Aus Nord dans ses grandes œuvres, ce qui est très appréciable pour ma part étant donné que j’adore ce groupe français. On sent aussi des influences légèrement gothiques/doom. Sans parole, un titre totalement black atmo.

Note : 9/10

Tracklist :

  1. 7.23 Eve
  2. Sunyata
  3. Recovery of All Things
  4. Prajñā
  5. Pass Away
  6. Naraka
  7. The Age of the Last Dharma
  8. Impermanence
  9. Prajñā (re-recorded)
  10. WE
  11. Phantom

Sortie : Mai 2018

Bandcamp, Facebook

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.