Baldrs Draumar se traduit par « les Rêves de Baldr », poème eddique relatant le mythe de la mort de Baldr, dieu Ase de la lumière, de la beauté, de la jeunesse et de l’amour.
Mais Baldrs Draumar, c’est aussi un groupe frison venu tout droit de Dokkum aux Pays-Bas et formé en 2008. Leur première démo comprenant trois titres, Til Horisonten, sort en 2009, suivie l’année suivante de l’EP Noardseegermanen. Jusqu’à leur premier album, Forfedres Fortellinger sorti en 2011, la musique du groupe naviguait essentiellement sur un folk metal épique.
Les Frisons décident par la suite de se focaliser sur leurs racines et leur langue, concrétisé par un changement de line-up et une évolution dans leur style musical. On pourrait rapprocher Baldrs Dramar d’Heidevolk dans cette volonté de perpétuer les traditions locales à travers les thématiques abordées et le langage, mais vous allez vite comprendre que ce que nous propose le groupe dans leur nouvel album Aldgillisoan est tout autre.
Avant tout, petit détour sur l’artwork qui pourrait faire penser au drapeau noir, mais en beaucoup plus travaillé et sanglant. Et si c’était les deux qualificatifs qui pourraient illustrer cette nouvelle galette ?
L’album commence sur un court morceau instrumental, « Iselhiem », aux sonorités sombres et menaçantes dignes d’une histoire de pirates. Sans transition, la véritable identité de Baldrs Draumar nous éclate en pleine face avec « Koppen yn’e mist ». Je peux vous certifier que quand on écoute l’album pour la première fois, le cri de Wildegeraesch qui explose d’emblée, ça surprend à vous faire faire un bond en arrière ! Aucun doute, les Frisons ont bel et bien changé d’optique et se tournent désormais vers un folk metal beaucoup plus brutal et davantage poussé à l’extrême. La preuve en est avec le death growl étranglé de son chanteur (partageant également le jeu des instruments folkloriques avec le choriste, claviériste et flutiste Schaduwlied). Ce sont d’ailleurs cette alternance avec les chants clairs et les mélodies de ces instruments qui permettent de rendre toutefois la musique de Baldrs Draumar accessible.
Aldgillisoan a pour qualité fort appréciable d’être un album extrêmement varié. De la plus pure chanson folk comme « Fredou », l’interlude « Hel as himnel » et « Hagagrims fertriet » à son plus direct opposé tels que « Koppen yn’e mist » et « Wolvetiid », en passant par les morceaux plus épiques et dansants que sont « Yn’e meahal », « Stoarm oer de streamen », ou bien encore le tentaculaire « Ûnder it skyld », de nombreuses facettes du groupe transparaissent tout au long de cet album. Les habitués du webzine commenceront à me connaître, ce sont les derniers titres cités qui m’auront le plus séduite, surtout « Yn’e meahal », morceau à la fois entrainant et agressif sur fond d’accordéon et de claviers, et sublimé par un solo de guitare géré à la perfection par Vuurschpuwer. Visez également celui de « In skym yn it tsjuter » (un peu court néanmoins, quelques accords de plus n’auraient pas déplu).
La diversité dans les chants est également un excellent point. C’est surtout dans le morceau « Keningsting » que cela m’a le plus marquée, où la tessiture de voix de Wildegeraesch se révèle assez impressionnante. Pour ce qui est du chant clair, nos oreilles latines pourraient au premier abord être décontenancées par les sonorités frisonnes. Exemple le plus représentatif selon moi avec « Fredou » dans lequel ces dernières m’ont parfois faite sourire. Finalement on s’habitue, on a même l’impression d’entendre de l’anglais par moments, comme dans « Hadagrims fertriet » qui m’a d’ailleurs fait penser à un groupe folk que j’ai découvert par chez moi il y a quelques années (Doolin’). Puis après tout, un groupe de folk metal qui ne chante pas dans sa langue maternelle, ça dénature un peu l’ensemble, non ? Au contraire ça fait plaisir d’entendre un groupe qui revendique fièrement ses origines.
Changement d’horizon manifestement bénéfique pour Baldrs Draumar, je n’ai qu’une hâte, celle de voir ce que cette nouvelle galette va donner en live ce jeudi même à Paris !
Fée Verte
7.5/10
Tracklist
1. Iselhiem
2. Koppen yn’e mist
3. Wolvetiid
4. Fredou
5. Yn’e meahal
6. In skym yn it tsjuster
7. Keningsting
8. By ty en thuner
9. Hel as himnel
10. Stoarm oer de streamen
11. Under it skyld
12. Hadagrims fertriet
Sortie : 18 avril 2015
Liens du groupe :
https://www.facebook.com/baldrsdraumarofficial?fref=ts
Pour moi c’est un grand album. J’ai pu écouter dernièrement leur précédente galette, Forfedres Fortellinger. Cette dernière m’apparaissait déjà très variée et aboutie, mélangeant le folk au death avec beaucoup d’adresse.
Pour celui-ci, un changement de cap s’est en effet opéré, et ça n’en est que plus grand encore. J’aime énormément ce groupe pour son originalité et la variété de ses titres. Ici, l’ensemble est plus brutal, mais cela n’empêche pas le groupe d’émerveiller nos oreilles par de très beaux titres acoustiques, comme Fredou 🙂
En attendant les chants clairs, j’ai aussi eu l’impression d’entendre de l’anglais, ce qui m’a fait sourire vu le nom du groupe^^ Et pourtant, ça ne le décrédibilise pas. J’aime leur façon de revendiquer leurs origines tout en proposant une musique nordique vivante et crédible.
Grâce à vous, j’ai découvert un des plus beaux groupes qui soient en matière de métal !