Un peu plus d’un an seulement après la sortie de son premier album Insomnia, le one-man-band allemand Antigone’s Fate, initié par le multi-instrumentiste Ruun, nous revient avec son successeur, intitulé Zum Horizont…, dont la sortie est prévue pour le début de l’automne prochain, une fois de plus via le label Northern Silence Productions. Insomnia avait ni plus ni moins fait partie de mes albums préférés de 2018, et j’étais ainsi très curieuse de voir ce qu’allait donner ce deuxième album, d’autant plus que « Morgengrauen », premier extrait dévoilé il y a un peu plus d’une semaine, m’avait paru plutôt prometteur. A titre purement personnel, j’aime également beaucoup la pochette, dans la continuité de celle d’Insomnia avec ses tons bleutés, et qui illustre bien le concept de l’album avec le ciel et la mer qui se confondent. Rien d’étonnant, dans la mesure où les deux albums s’inscrivent dans le cadre d’une trilogie (le dernier volet est prévu pour le début de l’année prochaine).
Zum Horizont… est à peine plus long que son prédécesseur (trois minutes de plus), mais comporte le même nombre de morceaux (soit quatre, avec toujours le plus long pour clôturer l’album). Une fois de plus, le pari est osé pour Antigone’s Fate, car avec des durées de piste aussi considérables, il ne s’agit pas de lasser l’auditeur, d’autant plus que Ruun a pris un risque non négligeable avec le dernier morceau « Der graue Block », qui est jusqu’à présent le plus long de sa discographie, avec ses vingt-et-unes minutes.
Aux premières écoutes de l’album, je dois avouer que passé le deuxième morceau « Morgengrauen », je finissais par décrocher, car je ressentais un essoufflement, ainsi qu’un certain manque de « rebondissements » pour des morceaux aussi longs (notamment pour « Der graue Block », excepté le solo épique en milieu de piste, auquel s’ajoutent quelques blasts, un peu plus d’agressivité n’aurait pas été de refus …). Bref, sur le coup, je m’attendais à davantage d’inspiration, et je peinais à retrouver dans Zum Horizont… ce qui m’avait tant séduite dans Insomnia.
Finalement, l’on se laisse porter au fil des écoutes, et l’on s’aperçoit que l’on n’était pas forcément dans les meilleures dispositions pour apprécier l’album à sa juste valeur. Certes, je reste toujours convaincue que les deux premiers morceaux restent les meilleurs, et qu’il aurait peut-être mieux valu ne faire qu’un EP afin d’éviter tout risque de lassitude, même s’il y a bien évidemment des bonnes choses à retenir des deux derniers morceaux.
Dans l’ensemble, on retrouve comme dans Insomnia un black atmosphérique à tendance fortement mélancolique, voire lugubre, à la croisée de Sólstafir (notamment en ce qui concerne le chant déchirant) et d’Empyrium. On peut toutefois noter quelques belles envolées, tantôt épiques et parfois appuyées par les claviers à la manière d’Insomnium, tantôt lancinantes et davantage typées post-rock/blackgaze dans la veine d’Alcest. Ruun intègre également par moments quelques passages acoustiques (c’est d’ailleurs sur les lignes de guitare acoustique que s’ouvre l’album), et qui peuvent aussi rappeler par moments la formation française (notamment lors du bridge de « Der graue Block » qui peut nous évoquer l’album Les Voyages de l’Âme). Afin de marquer la transition entre « Herbstnacht » et l’épique « Der graue Block », on peut relever cette conclusion ambiante, où se mêlent le souffle du vent, l’orage, et des cris plaintifs au loin.
Quant au chant, il se révèle être aussi varié que dans Insomnia. J’ai évoqué plus haut le chant déchirant à la Sólstafir, mais on peut également relever de nombreux passages avec du chant black plus torturé (parfois à la limite du DSBM, notamment dans « Herbstnacht »), ainsi qu’un growl extrêmement caverneux pour les passages plus sombres et « doomesques ». On peut même relever quelques chuchotements (lors du premier bridge acoustique de « Morgengrauen » par exemple), ainsi que des chœurs masculins épiques (« Herbstnacht » et « Der graue Block »).
Pour résumer, ne commettez pas la même erreur que moi : de prime abord, Zum Horizont… peut déconcerter, voire décourager de par la longueur des morceaux qui le composent, et peut ainsi paraître peu accessible et difficile à écouter d’une seule traite. Mais au fil des écoutes, cet album révèle ses secrets, ses qualités, et ne demande qu’à se laisser apprivoiser.
Fée Verte
7/10
Tracklist :
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Abendstern
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Morgengrauen
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Herbstnacht
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Der graue Block
Date de sortie : 20 septembre 2019
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