Noltem – Illusions in the Wake

Noltem - Illusions in the Wake Review | Angry Metal Guy

Laissez-moi vous narrer une aventure dont je fus le bienheureux protagoniste. Je flânais, il y a quelque temps, au Gibert Joseph de Saint-Michel, afin de claquer mon absence d’argent dans bien plus de CD qu’il n’est raisonnable. J’écumais les rayonnages, faisant défiler des centaines de disques avec la lassitude de celui qui a déjà tout écouté et pour qui rien n’est assez bien (un fan de metal en somme), quand tout à coup, mon œil fut accroché par une magnifique pochette toute brillante. Elle représentait un paysage assez abstrait, tout en nuances de bleu et de vert, de rouge et de violet. Voyais-je des forêts ou des océans, des montagnes ou des volutes de brumes, ou tout ça à la fois ? Toujours est-il que c’était fort joli, et sans même m’enquérir du nom du groupe, j’ai acheté.

Et j’ai bien fait.

Je venais de mettre la main sur le premier album des méconnus Noltem, un groupe états-unien officiant dans le vaste monde du black metal. Après un premier EP paru en 2015, Mannaz, le groupe revient enfin en 2021 avec ce premier opus, intitulé Illusions in the Wake. Si le style reste très identifiable, un black metal atmosphérique pétri d’influences folk et pagan, ample et mélodique, mystique et mélancolique, il se distingue de son prédécesseur par des compositions plus complexes et des atmosphères autrement plus élaborées. L’album est traversé d’un souffle épique qui ne tombe jamais dans le grandiloquent, tout en s’autorisant quelques fulgurances un peu kitsch comme le savoureux solo de clavier de « On Shores of Glass », morceau instrumental clôturant l’album, où s’enchaînent pendant 7 minutes pas moins de 5 soli, sans pour autant sombrer dans le piège qu’est la démonstration technique gratuite.

Bien que sa jaquette semble nous emmener vers les cimes de mystérieuses montagnes, Illusions in the Wake évoque plutôt l’océan, fluctuant et capricieux, instable et insaisissable. On passe sans heurt d’un black atmosphérique épique et grandiose, comme le proposent « Figment » ou « Ruse », à des ambiances plus inquiétantes et austères teintées de doom développées sur « Beneath the Dreaming Blue », en s’offrant des détours par les rythmes plus flottants et progisants du morceau éponyme. « Submerged » nous offre enfin un petit intermède à la guitare clean très bienvenu, une accalmie dans ce voyage orageux sur des flots changeants. La plus grande singularité de cet album, quoique discrète, réside dans les étranges couleurs d’accords où s’aventurent les guitares, des sonorités inattendues qui s’enchaînent fluidement avec des harmonies plus conventionnelles, et qui intriguent l’oreille au point de rejouer en boucle certains passages de quelques secondes (quoi, vous le faites jamais?). Le mixage, enfin, nous propose un son très aquatique, ample et caressant malgré l’épaisseur de la musique, baigné dans des nappes de clavier qui, loin de surcharger la musique, la rendent plus onirique encore. L’album est agrémenté tout du long du bruit des vagues qui achève de nous plonger dans une ambiance océanique envoûtante.

Le fossé entre cet album et l’EP qui l’a précédé est immense, et la richesse de cet opus, autant dans l’émotion que dans la composition, est impressionnante pour un premier album, malgré plus de 6 ans de gestation. Espérons que la suite saura garder autant de finesse et d’équilibre, et surtout qu’elle mettra moins de temps à arriver. En attendant, je vais continuer d’écouter celui-ci, car je suis persuadé que cet océan de riffs ne m’a pas encore livré tous les secrets de ses profondeurs.

Oui, définitivement, j’ai bien fait de l’acheter.

Wolpertinger

Tracklist :

  1. Figment
  2. Illusions in the Wake
  3. Beneath the Dreaming Blue
  4. Submerged
  5. Ruse
  6. On Shores of Glass

Liens du groupe :

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