Corvus Corax / Rastaban / Cuélebre / Cesair – Trolls et Légendes 2015, Jour 3.

Dimanche matin, 10h30. J’ouvre le rabat de ma tente posée comme un malpropre sur un carré d’herbe du parking du festival. J’ai froid, et la vue de cette longue file d’attente de gens qui attendent de pouvoir entrer alors qu’ils ont acheté leurs pass en prévente n’est pas pour me réchauffer. Je vais devoir me la taper cette queue moi aussi… 11112903_757407991024909_9116022786165024304_o

Mauvaise humeur quand tu nous tiens…

Trêve de mauvaise humeur, une fois à l’intérieur le sourire pointe le bout de son nez ! Après avoir bien fait le tour du festival tout le samedi durant il ne me restait qu’une activité à faire ! Un bon jeu de rôle entre potes ! Je vous passe les détails de la partie, mais après que Schtroumph Gandalf (JdR Les Schtroumphs, la base.) n’ait point laissé passer la pluie bénéfique à la survie du groupe, il est temps pour moi de quitter les tables de jeux pour effectuer quelques emplettes dont une magnifique toile d’Antera !
Le problème principal de ce fest, c’est que si tu n’as pas 300 euros à balancer dans ton week end tu ne vas pas aller loin. C’est avant tout un évènement familial et ne pas autoriser qu’on rapporte sa bouffe à l’intérieur, couplé à une mauvaise gestion (manque de bénévoles peut-être, c’est dommage) des files d’attente pour les stands de miam, ça entache pas mal le concept.

Mais bref, mis à part ceci, le reste est vraiment génial ! Des exposants souriants, des animations discrètes mais vraiment originales, des festivaliers toujours aussi fantasques et une chasse aux œufs qui a dû réjouir plus d’un bambin !

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Pour ma part, il est 16h, l’heure de la conférence Naheulbeuk (putain la série va déboiter !), et mine de rien j’en ai plein les pattes ! Les concerts du soir s’annoncent éprouvants ! En parlant de ça….

 

 

Cesair

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Comment dire. Comment expliquer cette sensation. J’ai découvert ce groupe sur scène et je ne sais pas encore si je le regrette. D’une part je m’en veux de ne pas avoir prêté attention à cette formation plus tôt, d’autre part, les découvrir en live a été une source incommensurable de bonheur. Donc je suis indécis.

Premièrement, parlons de la voix. Cette voix est aussi douce et cristalline qu’empreinte de noblesse et de chaleur. Et c’est rare, bordel. Le nombre de chanteuses qui s’essayent à transmettre une pureté vocale au détriment d’une voix où ne vibre aucune vie est trop nombreux à mon gout. La chanteuse de Cesair réussit à donner un écho céleste à son timbre tout en imprimant chaque syllabe d’une énergie propre. Et ça s’est senti ce soir car il y a eu deux personnes totalement opposées dans le corps de cette artiste. La chanteuse pendant les chansons, habitée par ses paroles et les transmettant avec ferveur et assurance. Et la chanteuse entre les chansons, toute gênée d’être acclamée avec autant d’entrain, surtout quand une panne technique l’a obligée à meubler le blanc qui allait s’installer, provoquant une perte d’assurance des plus mignonnes. L’extrémité de ces deux attitudes a grandement nourri mon empathie pour cette formation. Et ce n’est qu’un membre sur cinq ! La musique que propose Cesair est aussi aérienne que tellurique. C’est ainsi que le set débute au son de la vielle à roue, grave, profond, soutenue par un archet frappant le violon suivant la rythmique de la percussion tout aussi profonde, pour un rendu sombre et mystérieux, heureusement relevé par les sonorités du bouzouki et de cette voix si chaude, pour une ambiance globale complexe qui ne peut que nous envahir. Mais ils peuvent très bien troquer la vielle pour un duo accordéon / violon au rendu plutôt festif qui nous fait quitter un moment notre état d’émerveillement pour danser au rythme des clappements de mains et de la harangue d’un guitariste et d’une violoniste totalement déchainés!

Ce set sera bien trop court ! Sept titres qui jongleront entre les atmosphères sombres et mystérieuses, des sonorités orientales à l’aridité palpable ou même des ambiances de musiques irlandaises. Le show était musicalement une extraordinaire réussite, mais c’est les musiciens en eux même qui m’ont le plus charmé. Des attitudes sincères, une joie d’être sur scène exacerbée, c’est tout ce qui a fait leur réussite. Un savant mélange de talent, d’humilité et d’investissement. Cesair a mis la barre haute et j’espère être encore surpris, même si ça me parait difficile ! D’autant que l’état de mes pieds laisse à désirer après deux jours à crapahuter et deux nuits à dormir dehors par 2°.

 

 

Cuélebre

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Peut–on dire que Cuélebre est une version ibère de Cesair ? Pas vraiment, mais l’atmosphère que dégage leur musique pourrait s’en rapprocher. Pour une durée de set tout aussi courte, les Espagnols ont maintenu une ambiance mystique incitant au rêve et à la détente. Parfois trop de détente cependant… Surement était-ce dû à mon état de fatigue mais je me suis par moments un peu trop perdu dans ma tête. Je pense que leurs percussions y sont pour quelque chose aussi. Deux percussionnistes, un menant la cadence sur des instruments conventionnels du genre, et une, armée d’un gros tambour de chaman. Le tout marque vos tympans d’un son lourd, épais et régulier incitant à la transe spirituelle. On notera pour le coup de grosses influences empreintes à Wardruna pour ce qui est rythmique. A cette rythmique lancinante s’ajoute un joueur de vielle à roue, qui comme pour Cesair renforce grandement cette atmosphère épaisse de par ses notes étirables à l’infini, un bouzoukiste (ce mot n’existe pas.) / chanteur en duo avec une chanteuse qui ont eu des difficultés à faire réagir l’audience, et une multi flûtiste qui pourrait rivaliser avec le multi instrumentaliste de Nook Karavan ! Cette dernière a grandement contribué à égayer l’atmosphère au son de son Tin Whistle ou de la flute harmonique qui a ramené un peu d’entrain à un public qui s’abandonne facilement au rêve pour n’en sortir que rarement. La seule chose qui m’a dérangé a été leur attitude. Contrairement à Cesair, Cuélebre s’est montré distant, entre la percussionniste en résonnance extrême avec son tambour qui n’a décroché ni sourire ni regard de la prestation, le chanteur qui souligne bien la présence de CD à vendre au stand de merch et la chanteuse qui ne sait pas trop où se mettre, ça manque de conviction tout ça. Mais ce ne sont que des détails qui n’enlèvent rien au fait que Cuélebre en live distille une ambiance surnaturelle avec un talent indéniable.

 

 

Rastaban

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Ou devrais-je dire Rastaban & Friends ? Parce qu’il en est passé du beau monde ce soir qui a apporté une énergie débordante ! Mais tout d’abord la musique de Rastaban. Cette formation belge va dénoter avec ce début de soirée plutôt éthéré, en nous proposant des sonorités organiques propre au didgéridoo et au jeu d’archet sauvage de Stephan, le violoniste bipolaire. Oui, bipolaire. Et c’est pas un mal ! Parce que tudieu ! Quel déchainement ! Ce bonhomme aura envahi la scène de sa personnalité où sagesse et douceur côtoient folie et allégresse. C’est ainsi que « Moja Dusa » a fait résonner sa voix et ses riffs de bouzouki (encore un bouzoukiste…) à travers une attitude calme et envoutante, et que « Brenn » (entre autres…) aura été le théâtre de ses nombreuses grimaces de satire alimentées en folie par ce violon indomptable. Je soupçonne même cet instrument d’avoir quelques propriétés aliénantes, tel un artefact maudit, sur ce monsieur ! Mais Rastaban ne se résume pas à une personne ! Il y a Luka au slideridoo faisant vibrer tes entrailles et dont la mouvance est dépendante de la tonalité à laquelle il joue, ba oui ça prend de la place c’t’engin ! Il y a Mitch à la batterie qui n’a plus rien à prouver après son passage dans La Horde ! Il y a Dominic à la guitare qui est aussi indispensable à la musique que transparent sur scène (c’est dommage…). Et il y a Marine dans toute son espièglerie qui diffuse une voix pleine d’enchantement !

Heureusement ce coup-ci, le set est plus long ! Et il a bien fallu ça pour caler tous les joyeux invités qui ont régalé nos oreilles. Tout d’abord on a accueilli le monsieur au bouzouki (finalement c’est moche bouzoukiste.) et le violoniste de La Horde pour interpréter « Brenn », oui, le même « Brenn » que celui qui a révélé la bête en Stephan ! Je vous laisse imaginer l’irrésistibilité (C’est chaud à dire tiens donc !) à ne pas danser qui plane sur l’audience sachant la capacité d’animation dont sont pourvus les gus de La Horde ! On a eu la visite d’Edwin de Prima Nocta, qui a eu du mal à faire résonner son instrument (balance hasardeuse), un genre de cornemuse version Kinder Surprise. En tout cas entre les mains du grand gaillard ça ressemblait bien à un jouet ! Heureusement au deuxième titre en sa compagnie le son est sorti de sa poche à air rouge et la fureur de jouer a pu se lire dans ses yeux ! Et on re-danse de plus belle ! Le temps d’une chanson a permis l’incroyable performance visuelle d’un monsieur au bolas illuminé, qui a complètement hypnotisé le public ! En tout cas moi je l’étais, et impossible de vous dire ce qui s’est passé d’autre à ce moment ci ! Deux membres de Cesair ont refait leur apparition, chanteuse et violoniste, pour ajouter une touche non négligeable de mysticisme et de rêve a un show bien éclectique ! Joe Hennon fait son apparition pour une formation Omnia à l’ancienne (sans le noyau dur évidement), Luka – Joe – Mitch ! Apparemment ça faisait un bail qu’ils n’avaient pas joué ensemble et les retrouvailles ont été bien joyeuses ! Enfin, Karolina du groupe de metal Sceptikal Minds, qui nous a partager sa voix sur « Moja Dusa » !

Ce fut un peu plus d’une heure bien animée, qui se finit avec tout ce beau monde sur scène à faire la queue leu-leu et à lancer des holàs sur une musique assez répétitive, je subodore un bœuf, et plutôt brouillon par moment mais qui n’a pas entaché la bonne humeur présente ! Un merveilleux moment de live en somme !

 

 

Corvus Corax

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                La guerre. Le chaos. La survie. Corvus Corax entre en scène après avoir dévoilé un impressionnant décor. Etalage de cornemuse, vielle à roue king size, et surtout deux gros gong et tambours de chaque côté de la scène encadré de bois sculpté. La formation entre en scène et joue un air lancinant au son des cornemuses, tel un appel au public disant « Attention. Nous sommes là. » Et là je fais écho à mes trois mots du début, guerre, chaos, survie. Jusque-là, les concerts ont maintenu une ambiance sympathique où toute la famille peut y trouver son compte. Hélas beaucoup de gens sont tombés dans l’incompréhension face à un pit qui s’est subitement déchaîné en pogo ravageur. Ravageur oui, parce que pendant 3 titres, il a fallu supporter deux gros connards (pardonnez-moi du terme mais c’est le cas…) qui se sont foutu sur la gueule et sur celle des autres au milieu des familles. Une fois les deux gus virés par le staff on retrouve une fosse plus gérable, mais à peine. Et là je me dis que ça aurait été un peu plus judicieux de programmer Corvus Corax le samedi. Ils n’ont rien de metal dans leur musique ces vétérans de la scène, mais ils n’ont rien à envier niveau fureur et agressivité à toutes ces formations plus extrêmes que les autres. Le concept principal qui se dégage de leur show est un univers martial retranscrit en musique. Cette rythmique lourde et effrénée soutenue par les multiples cornemuses propageant un son aliénant tout du long, et il n’en faut pas plus pour se croire sur un champ de bataille où ta survie est dépendante de ta seule force physique. Je vous laisse imaginer le pit après trois heures de show bien mou en comparaison, la fureur contenue et déchainée ! Ce qui me dérange le plus chez Corvus Corax c’est la répétitivité de leurs sonorités, cornemuse et tambour, c’est cornemuse et tambour, ça ne va pas plus loin ! Le set est néanmoins efficace et seule la mort récente de ma voute plantaire m’a empêché de profiter à fond du concert ! La prestation scénique se suffit largement à travers la vue de ces artistes perdus dans leurs instruments, c’est donc avec joie qu’on a pu assister à l’abreuvement du public (enfin, juste trois privilégiés des premiers rangs) avec quelques substances indéfinissables.

La fin du show voit arriver le titre « Ragnarok » et la trompette de l’enfer, appelons-la comme ça, instrument mesurant bien 2m50 à 3m délivrant un son sourd et inquiétant. Ce titre marquera la fin pour moi du concert (pas de rappel pour ma personne) !

 

Ce troisième et dernier jour de festival se finit dans la joie et le mal de pied pour un bilan musical extrêmement positif ! Du rire le vendredi, aux presque larmes de joie du dimanche en passant par la fureur du samedi, ça valait bien le coup de se geler les Mitch (Désolé Mr le batteur de Rastaban, j’ai pas résisté !) sur un parking par 2°.

Et enfin, merci à l’orga de Trolls et Légendes pour ces concerts de qualité avec des invités de qualité !

Crédit photo : Iona Storm

Live Report : Grymauch

Une réflexion sur « Corvus Corax / Rastaban / Cuélebre / Cesair – Trolls et Légendes 2015, Jour 3. »

  1. Corvus Corax n’a rien de metal, mais ils tournent beaucoup dans les festivals metal (mentionnons uniquement Wacken et le Summer Breeze, les 2 plus gros). Et excepté le fait qu’ils aient fait une cover d’Amon Amarth (Twilight of the thunder god), non ce n’est pas metal, c’est vraiment, purement folk et medieval (comme tu l’évoques, beaucoup de cornemuse, une énormissime vielle à roue, des tambours, des flûtes, des bombardes, etc, etc… et aussi une bonne quantité d’instruments fait main par le co-fondateur du groupe, sur lesquels il est impossible de mettre un nom)
    La trompette de l’enfer est un Giallarhorn… si je ne m’abuse ! et son utilisation sur la chanson Ragnarok n’a rien d’anodin ! 😉
    Pour ce qui est de la boisson fournie au 1er rang, c’est du met (hydromel), rien de bien méchant ! (en plus il est bon ^^)

    Pour la globalité du concert, celui de Cidre et dragon 2014 et Summer breeze 2013, 2015 étaient meilleurs (niveau setlist).

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