Alcest / Jo Quail / GGGOLDDD

Cela faisait deux ans que l’on attendait cette date. Après avoir été reporté à deux reprises, la troisième fut la bonne, le concert d’Alcest a enfin eu lieu hier soir au Bataclan, et pour couronner le tout, l’événement affichait complet depuis plusieurs semaines. Et pour cause, la formation emblématique du blackgaze proposait une date unique à l’occasion du dixième anniversaire du superbe album Ecailles de lune. Enfin, avec les deux reports, on fêtait plutôt les douze ans de la sortie de l’album, mais mieux vaut tard que jamais !

Alcest a toujours le mérite d’inviter des formations originales pour assurer ses premières parties. Les Néerlandais de GGGOLDDD ne dérogent pas à la règle avec leur dark rock singulier et restent dans le concept de la soirée puisqu’ils interprétaient en intégralité leur dernier album This Shame Should Not Be Mine paru le 1er avril de cette année (non, ce n’est pas une blague).

Le groupe, mené par sa charismatique chanteuse en tenue de cuir noir agrémentée de froufrous, entre en scène sur le titre d’ouverture de l’album sous des lumières rougeoyantes, renforçant l’aspect sombre et oppressant. On peut compter sur la présence d’un batteur, placé au même niveau que ses acolytes, à savoir deux guitaristes (l’un d’eux jouait par moments avec un archet), un bassiste et un claviériste, également en charge des effets sonores. Pour l’un des derniers titres de la setlist, un clavier était placé devant le micro de la chanteuse dont la voix modifiée donnait un effet robotique.

Plusieurs termes me sont venus à l’esprit à l’écoute de GGGOLDDD : expérimental, dark rock teinté d’electro, noise… Bien que le style ne soit pas le même, l’ambiance et la voix hypnotique de Milena m’ont rappelé la formation russe de musique électronique Ic3peak. Je ne saurais dire si j’ai aimé ou non. Certes c’était atypique, mais je ne suis pas convaincue que la musique du groupe soit faite pour le live, j’ai même cru que j’allais m’endormir…

SETLIST : I Wish I Was A Wild Thing With A Simple Heart / Strawberry Supper / Like Magic / Spring / Invisible / I Won’t Let You Down / Notes On How To Trust / This Shame Should Not Be Mine / On You / Beat By Beat

Jo Quail débarque seule sur scène, vêtue d’une jolie robe de soirée pailletée. La violoncelliste anglaise maîtrise à la perfection son instrument. Accompagnée d’une bande son pré-enregistrée, la musicienne interprète un répertoire intégralement instrumental mêlant musique expérimentale, classique contemporaine, metal… On était même parfois à la limite du folk ambiant, la preuve en était avec un titre sur le thème de l’attraction de la lune. Parmi ses nombreuses collaborations, on peut d’ailleurs noter sa participation sur l’album Folkesange de Myrkur.

En véritable virtuose, Jo Quail exploite les facultés de son instrument de prédilection en tapant le archet contre les cordes, en jouant sur les réverbérations et les distorsions. Comme pour GGGOLDDD, j’ai eu du mal à être totalement réceptive, je n’ai décidément pas l’habitude des musiques expérimentales.

SETLIST : White Salt Stag / Rex / Gold / Forge

Alcest va me paraître bien violent après tout ça. A 21h, le rideau est tiré et laisse place au quartet qui ouvre l’album Écailles de lune avec la première partie du titre éponyme. Quand on parle de concert ou de tournée anniversaire, le groupe en question ne va pas forcément jouer l’album concerné en intégralité mais peut se contenter de le représenter majoritairement dans une setlist. Ce soir, Alcest a choisi la première option, pour notre plus grand plaisir. Je ne vais pas me lancer dans une chronique d’album, mais le groupe a vraiment l’art de nous bercer dans cet univers maritime et onirique, et d’alterner entre passages atmosphériques/shoegaze et post-black metal. Avec le croissant de lune en décor de fond et les splendides jeux de lumière, le spectacle est total, Alcest nous donne une belle leçon de metal poétique et introspectif.

Au bout de quarante minutes, Alcest entame la seconde partie du set en ouvrant sur le magnifique « Souvenirs d’un autre monde », morceau éponyme du premier album sorti il y a maintenant quinze ans. On aurait presque pu faire un double concert anniversaire ! Le décor change ensuite pour laisser place à la pochette du dernier album Spiritual Instinct sorti en 2019 et représenté par les morceaux « Protection » et « Abysses ». Dissimulés sous la fumée, le quartet revient sur les albums précédents, tout d’abord avec « Oiseaux de proie » extrait de Kodama. Tout au long du set, le public s’est montré réceptif, d’autant plus sur « Autre temps » issu des Voyages de l’âme paru en 2012 (encore une occasion de triple anniversaire!), nous tapions des mains tout en chantant en chœur. Tout humble qu’il est, Neige, submergé par l’émotion, nous remercie en ajoutant que selon lui, c’était possiblement le plus gros concert du groupe en tête d’affiche ce soir, et félicite toute l’équipe ainsi que les deux groupes de première partie. Comme si c’était un fardeau innommable pour nous, le groupe nous abandonne sans rappel au bout de quasiment une heure et demie sur le justement nommé « Délivrance » extrait de Shelter.

SETLIST : Écailles de lune – Part 1 / Écailles de lune – Part 2 / Percées de lumière / Abysses / Solar Song / Sur l’océan couleur de fer / Souvenirs d’un autre monde / Protection / Sapphire / Oiseaux de proie / Autre temps / Délivrance

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