Wardruna / Kalandra – Paris

La période des reports et annulations semble être derrière nous. Initialement programmée en avril 2021, la mini tournée française de Wardruna a enfin eu lieu, avec une première halte dans la mythique salle de l’Olympia à Paris vendredi dernier. Bien que l’expérience que j’avais vécue à la Cigale en 2017 fut absolument fabuleuse, je n’éprouvais pas forcément le besoin de revoir la formation norvégienne, que je classe dans la catégorie des groupes à voir au moins une fois dans sa vie… Mais le combo « terrible manque de concerts » + « sortie du superbe dernier album Kvitravn » m’a définitivement fait revoir mon opinion sur la question. Ni une ni deux, la tournée semblant être confirmée, je retourne pour la première fois depuis bien longtemps dans l’antre des fameux billets moins chers/plus jolis à Rock’n’roll Voltage. J’avais la chance de sortir tôt du travail vendredi dernier, ce qui m’a laissé entrevoir la chance d’être plutôt bien placée. Je n’en attendais pas tant, mais une fois le contrôle de sécurité et des billets effectué dès l’ouverture des portes à 18h30, je me suis précipitée vers le premier rang si convoité où il restait encore quelques places. Même si j’étais placée à l’extrême droite de la scène, je n’avais pas à me plaindre, car je n’aurai jamais vu Wardruna d’aussi près !

Il a encore fallu patienter jusqu’à 20h pour découvrir Kalandra qui assurait la première partie de la tournée. J’avais plutôt bien apprécié le premier album de la formation suédo-norvégienne, intitulé The Line et paru en octobre 2020 chez By Norse Music, soit le même label que Wardruna. Le quatuor, composé d’une chanteuse, d’un batteur et de deux gratteux (dont un jouant avec un archet), entre en scène sur une intro folk/ambient. La chanteuse Katrine Ødegård Stenbekk nous envoûte de sa voix éthérée et haut perchée, tout en assurant les effets sonores. Une rupture de ton impose soudainement une ambiance plus sombre qui détonne avec l’ambiance sylvestre instaurée par des sonorités majoritairement « alternative Nordic pop » à la Eivør. Les accords de guitare se situent quant à eux davantage dans une veine post-rock/rock atmosphérique à la manière de Pink Floyd. En somme, le mélange des styles est plutôt intéressant et fonctionne assez bien ! Katrine se présente à nous en français avec son charmant accent. A travers sa gestuelle, la demoiselle semble très investie sur scène. A peine avons-nous eu le temps d’apprécier la musique relaxante de Kalandra que la chanteuse annonce déjà le dernier morceau au bout de vingt minutes, dommage que le set fut aussi court !

 

Encore une demi-heure à tenir. Au bout d’un quart d’heure d’attente, le public s’impatiente et commence déjà à taper des mains. Les premiers jets de fumée annoncent le début du set à 21h. Les lumières s’éteignent, le rituel peut enfin commencer. Le groupe entre en scène sur « Kvitravn », titre éponyme de son dernier album mettant à l’honneur le corbeau blanc. Dès les premiers morceaux, je lâche mes premières larmes tant je reste pantoise face à la magie instaurée par le combo « harmonies vocales magnifiques » et « jeux d’ombres et de lumières ». En outre, la présence des nombreux instruments traditionnels apporte évidemment une extrême richesse dans les sonorités et nous emporte dans un état de transe. Des frissons me parcouraient l’échine lorsque les lurs retentissaient, c’était délicieusement épique. A contrario, la guimbarde instaurait une ambiance plus shamanique.

 

Comme évoqué plus haut, les jeux de lumières font partie intégrante du show de Wardruna et créent une ambiance bien spécifique à chaque morceau. Les lumières rouges annoncent par exemple le rituel de l’aigle de sang avec le titre désormais culte « Heimta Thurs », tandis que les lights blanches imitent le tonnerre. Les lumières permettent aussi de mettre en valeur un ou des membres du groupe. Ce sont bien souvent Lindy-Fay Hella et Einar Selvik qui sont irradiés de lumière, notamment lorsque ce dernier se retrouve seul sur scène, accompagné de sa kravik lyre pour interpréter la version scaldique de « Voluspá ». Le pouvoir des runes fait ensuite réapparaître le groupe dans un jet de fumée. Suite à une interminable standing ovation, Einar prend la parole pour la première fois de la soirée et rappelle que l’esprit de Wardruna, c’est plus qu’un simple voyage dans le temps, c’est la démarche de garder quelque chose d’ancien pour en faire quelque chose de nouveau. Einar poursuit et présente ce qui semble être le dernier morceau de la soirée, qui aborde le sujet de la mort et du souvenir. Sous les acclamations du public, le groupe interprète « Helvegen ». Au bout d’une heure et demie de concert, Einar se retrouve une dernière fois seul sur scène pour l’ultime rappel avec « Snake Pit Poetry ». Un calme religieux régnait alors dans la salle, jusqu’à ce que retentisse un très spontané « Je jouis des oreilles ! ». Oui, effectivement c’était un régal auditif, un grand merci aux deux groupes et à l’association Garmonbozia pour cette fabuleuse soirée riche en émotions !

Après avoir assisté au concert du groupe emblématique de la bande originale de Vikings, j’aurai l’immense plaisir de couvrir samedi prochain le concert de Percival qui reprendra les musiques de The Witcher, soyez au rendez-vous !

SETLIST : Kvitravn / Skugge / Solringen / Bjarkan / Heimta Thurs / Raido / Lyfjaberg / Voluspá (Skaldic Version) / Tyr / Isa / UruR / Grá / Rotlaust tre fell / Fehu / Odal / Encore: Helvegen / Encore 2: Snake Pit Poetry (Einar Selvik cover)

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