Véhémence – Par le Sang Versé

Cinq ans ont passé depuis Assiégé, le premier album de Véhémence. Le groupe revient donc cette année avec sa nouvelle offrande Par le Sang Versé. Pour ceux qui ne les connaissent pas, Véhémence est un groupe français de black metal médiéval possédant une patte qui lui est bien propre. Sur ce nouvel opus, Tulzcha s’accompagne de deux nouveaux membres et pas des moindres : Thomas Leitner (Wallachia) derrière les fûts et Hyvermor au micro. Un line-up qui ne présage que du bon.

L’album débute par le premier morceau que le groupe a dévoilé : « Épopée – Par le Sang Versé ». Peu de temps pour se mettre en jambe, une courte introduction avec la présence de tous les instruments et on est immédiatement plongé dans un univers médiéval aux ambiances guerrières. Les parties instrumentales ainsi que les couplets sont accompagnés d’un blast sacrément efficace. On retrouve dans cette chanson plusieurs refrains (tous avec des paroles différentes) qui sont constitués d’un rythme martial à la batterie et de chœurs épiques. Tout le long on assiste à de subtiles variations qui viennent sans cesse renouveler notre expérience d’écoute, on n’a pas le temps de s’ennuyer une seule seconde. Un très bon moyen de nous mettre l’eau à la bouche.

Sur le deuxième titre « La Sorcière du Bois Lunerive », on est directement emmené dans un univers plus sombre que le morceau précédent. Le début est très rapide et possède des riffs de guitare qui nous restent en tête. Un court passage acoustique pointe ensuite le bout de son nez avant d’être à nouveau remplacé par des riffs et une batterie frénétiques. Sur cette piste le chant est peu présent mais appuie parfaitement la musique lorsqu’il est là. Par la suite des voix claires puissantes et bien distinctes arrivent et donnent un aspect mystique au morceau. La voix criée revient alors, mais cette fois-ci par dessus une partie acoustique et une batterie discrète. Cela donne une ambiance quasiment ésotérique à la chanson. Tout s’enchaîne de manière fluide, c’est efficace à souhait.

Le troisième morceau s’intitule « L’Étrange Clairière – partie I ». C’est un interlude acoustique . On imagine les guerriers se reposer et se ravitailler. Ceci dit, les bruits d’épée que l’on aiguise suggèrent que ce n’est que le calme avant la tempête et qu’une nouvelle bataille se prépare.

Vous devez vous en douter, cette chanson est la suite de la précédente et se nomme donc « L’Étrange Clairière – partie II ». Bien que l’on imaginait une bataille à venir, celle-ci nous tombe sur la courge plus vite que prévu. En effet, dès le début, l’instrumentation est très véloce, indiquant un danger imminent dans la clairière. Ensuite une certaine lourdeur s’impose, provoquée par un tempo ralenti. Le ciel qui paraissait auparavant ensoleillé s’assombrit alors. On peut aisément imaginer des créatures enlever ou tuer nos frères d’armes. Le morceau alterne entre passages rapides et passages plus pesants accompagnés d’une puissante voix d’outre tombe. Le combat fait rage jusqu’à l’accalmie amenée par un passage acoustique avec une voix parlée qui nous conte une histoire. On imagine alors que quelques chevaliers restent encore debout et trouvent refuge un temps avant que la bataille ne reprenne. Le passage final semble plus optimiste, nos héros reprennent l’avantage dans cette lutte acharnée. Cette chanson fait appel à notre imagination en nous transportant dans un lieu à la fois fantastique et violent.

Le début du cinquième titre « La Dernière Chevauchée » est assez pesant tout en étant sublimé par une certaine mélancolie. On peut entendre un cri plaintif sur des roulements de tomes répétitifs en mid tempo. Le tempo s’accélère alors, nous signalant probablement une nouvelle bataille ou un nouveau danger. Quoiqu’il en soit les héros donnent toute leur énergie pour s’en sortir. Des chœurs envoûtants surviennent sur un passage mid tempo , on peut imaginer de sublimes paysages montagneux avec nos protagonistes à cheval. Peu de temps après, les bruits des sabots des chevaux foulant le sol viennent confirmer cette idée. Des sons d’épées qui s’entrechoquent sont également présents; l’affrontement se poursuit, cette fois-ci à armes égales. Le tempo ralentit une dernière fois sur la fin du morceau, comme si la mort planait sur nos héros. Il ne reste que très peu de survivants, et ils sont à bout de force.

Cette courte piste se nomme « Le Sous Bois, à Trois Lieues du Château ». C’est le deuxième interlude acoustique, et il est cette fois baigné de tristesse. On peut visualiser les quelques chevaliers restants fixer le sol après toutes ces aventures, et pleurer la perte de leurs compagnons. La nuit tombe, ainsi que nos protagonistes, terrassés par la fatigue.

Le septième morceau « Passage dans les Douves » débute de manière très vive. On peut ressentir une certaine noirceur dans les riffs et la voix qui se déchaîne en déversant toute la haine et le désespoir qu’elle peut contenir. Les chevaliers ont perdu leur raison ainsi que leur espoir. Ils sont encore prêts à combattre quoi qu’il arrive, cette fois-ci plus au service d’une potentielle noble cause, mais simplement pour survivre, et venger leurs frères tombés au combat. Arrive ensuite un beau passage acoustique qui contraste avec la violence précédente. Les instruments reprennent en mid tempo sur un thème massif et captivant. La fin de la chanson alterne judicieusement les plans de batteries blastés avec des plans plus imposants, on est sans cesse dépaysé mais dans le bon sens du terme.

L’album se conclue avec « La Fronde des Anges », un titre qui porte bien son nom. En effet dès le début on retrouve une atmosphère angélique grâce aux chœurs féminins présents en fond, qui sont à la fois discrets et de toute beauté. Les riffs de guitare prennent aux tripes et la batterie s’adapte parfaitement. Le chant quant à lui est émouvant et déchiré, rempli d’émotions. Un mid tempo divinement épique survient alors. On imagine nos heros accompagnés par les anges dans les cieux après le combat. Bien que l’univers ne soit pas le même, il est aisé de penser directement aux valkyries guidant les guerriers vers le Valhalla dans la mythologie nordique. On entend à nouveau les douces voix féminines jusqu’à la fin du morceau telle une berceuse nous accompagnant vers le repos final. C’est à la fois puissant et sublime, on a du mal à imaginer que la chanson va s’arrêter. Cette piste est un fabuleux moyen de conclure cet album; on reste sans voix, ébloui par une telle splendeur.

Avec cet opus, Véhémence signe un chef d’oeuvre. Les morceaux sont variés, nous entraînant dans des ambiances médiévales, épiques, poétiques, et même fantastiques. Le son des instruments et du chant est propre et bien équilibré. Le groupe n’hésite pas à utiliser des instruments originaux tels que le psaltérion ou la nyckelharpa afin de renforcer ces atmosphères authentiques. L’album est prenant du début à la fin, un petit bijou du black metal médiéval, et un must-have pour cette année.

Favourite track : La Fronde des Anges

Thårinkü

10/10

Tracklist

  1. Épopée – Par le Sang Versé (9:10)
  2. La Sorcière du Bois Lunerive (10:02)
  3. L’Étrange Clairière – partie I » (2:02)
  4. L’Étrange Clairière – partie II (9:41)
  5. La Dernière Chevauchée (9:39)
  6. Le Sous Bois, à Trois Lieues du Château (2:39)
  7. Passage dans les Douves (6:38)
  8. La Fronde des Anges (8:33)

Date de sortie : autour du 15 février 2019

Liens du groupe :

Bandcamp
Facebook
Antiq Label


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