En ce lundi 25 novembre 2019, c’était soirée post-black au Nouveau Casino à Paris. Garmonbozia mettait à l’honneur la scène française avec deux groupes que l’on pourrait abréger par « ACDM » et « TGOO », je fais référence respectivement à Au Champ des Morts et The Great Old Ones. Si j’avais déjà eu l’occasion de voir ces derniers au Hellfest en 2015, puis à la Boule Noire l’année suivante aux côtés de Deluge, Au Champ des Morts est en revanche une découverte live pour ma part. Ce fut, à titre personnel, ma motivation de la soirée, ayant beaucoup apprécié le premier album de la formation, intitulé Dans la joie et sorti en 2017 chez Debemur Morti Productions. C’est d’ailleurs le monsieur du label, habitant à quelques pas de chez moi, qui m’avait fortement conseillé d’écouter cet album.
J’arrive sur place à 19h, quasiment pour l’ouverture des portes. Je me place dans la file, déjà assez longue. Je me dis alors que je pouvais oublier tout de suite ma place au premier rang. Et pourtant, je pus finalement me placer juste devant la scène, la plupart des fans s’étant précipités sur le merch ou le bar.
Après une demi-heure de patience, Au Champ des Morts entre en scène. En studio, le groupe prend la forme d’un trio composé de Stéphane Bayle (que vous avez récemment pu retrouver dans Asphodèle, et plus anciennement dans Anorexia Nervosa) au chant et à la guitare, de Wilheim (également dans Asphodèle) à la batterie, et de Cécile G. à la basse et aux chœurs. On retrouve sur scène ce même line-up, accompagné cependant d’un guitariste additionnel. Stéphane et Wilheim portent des lunettes de soleil, et chaque membre du groupe a le visage maculé de faux sang.
ACDM nous offre ici un set empli de spleen, avec un post-black metal sensible et fortement axé sur l’aspect mélancolique et atmosphérique. Les parties en chant hurlé me paraissaient cependant encore plus en retrait que sur album, mais encore une fois, peut-être cela était-ce dû à mon placement dans la salle, être à côté des retours n’étant pas forcément l’idéal. Je pouvais en revanche davantage profiter des parties en chant clair, presque intégralement en français, prononcées sur un ton à la fois plaintif et dépressif. Pour introduire les différents morceaux, Stéphane déclamait des monologues empreints de nihilisme et de désespoir. « Il ne restera bientôt plus rien… que la pierre et l’acier », « Et il n’y aura plus de nuit… » (référence au festival breton), que de messages optimistes (ironie, quand tu nous tiens) !
Face à une salle plutôt bien remplie, le quartet fait preuve d’une bonne énergie et nous encourage de temps à autre à scander des « Hey ! ». Pour le dernier morceau, l’éponyme « Dans la joie », Stéphane active le ventilateur posé au bord de la scène, et entame un ultime discours solennel : « Un dernier espoir, une dernière prière… pour que tout se termine dans la joie ! ». Le groupe sort de scène au bout de trois-quarts d’heure qui seront pour ma part passés bien vite !
SETLIST : Nos Décombres / Le Jour se lève / Sanglot / Après le carnage / Dans la joie
Il nous faudra patienter vingt-cinq minutes pour le set de The Great Old Ones, le temps de faire le changement de plateau et quelques balances. Et pour cause, avec les Bordelais, on ne néglige pas la mise en scène ! Derrière la batterie est suspendu un « backdrop », et l’on retrouve accrochés aux trois pieds de micro des symboles à la gloire de Cthulhu.
Sur « Cosmic Depths » faisant office d’introduction instrumentale sur le dernier album Cosmicism, les membres du groupe entrent en scène, encapuchonnés, avant d’enchaîner sur « The Omniscient ». Pour rappel, le chanteur/guitariste Jeff Grimal avait annoncé l’an dernier son départ, mais précisait qu’il continuerait à créer les pochettes pour TGOO. On peut donc désormais compter sur scène les « Grands Anciens » Benjamin Guerry (chant/guitare), Léo Isnard (batterie) et Aurélien Edouard (guitariste), rejoints plus récemment par Benoit Claus (basse) et Alexandre « Gart » Rouleau (guitariste), assurant les chœurs.
A l’écoute du post-black des Bordelais, beaucoup de qualificatifs me viennent à l’esprit : écrasant, menaçant, occulte (notamment lors des quelques passages en chant clair), cosmique… mais aussi mystérieux, chaotique, horrifique, voire cauchemardesque. En somme, des adjectifs pas forcément péjoratifs et qui servent le propos du concept lovecraftien, mais qui ne correspondent pas à ce que je recherche dans le metal. Les personnes qui me connaissent bien savent qu’en musique, mes maîtres-mots sont « mélodique », « mélancolique », « épique » et « festif », soit des éléments que je n’ai pas retrouvés dans ce set. Certes, c’est très bien fait (peut-être un peu trop même, certains utiliseraient le terme « trop convenu »), mais ce n’est plus le genre de metal qui me touche. Comme pour Au Champ des Morts, la voix était assez en retrait, ce qui créait une certaine distance. Pour renforcer cet effet, la communication entre le groupe et le public était totalement rompue. N’y voyez pas une forme de snobisme, bien au contraire, The Great Old Ones étant l’un des rares groupes que je connaisse à applaudir le public à la fin d’un concert.
Sans dire non plus que j’ai passé un moment désagréable, j’ai fini par trouver le temps long au bout d’une heure. J’avoue que je ne m’attendais pas à ce que le groupe joue si longtemps, et je me suis quelque peu ennuyée sur la fin. Le rappel n’a eu lieu qu’après une heure et quart de jeu, sur la fin de l’introduction « Je ne suis pas fou » suivie du morceau « Antarctica », tous deux issus de Tekeli-li. Je remercie Garmonbozia pour l’accréditation, car j’ai tout de même fait une bonne découverte avec Au Champ des Morts, et ce concert m’a permis de confirmer que TGOO et autres groupes pesants, ce n’est définitivement plus fait pour moi.