En ce début du mois de mai, Sowulo donnait une mini tournée répartie sur les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. La dernière date était programmée dimanche dernier à Paris, initialement prévue à la Machine du Moulin Rouge et finalement transférée au Petit Bain.
La première partie est assurée par Elektro Shaman, projet solo de l’énigmatique percussionniste chilien Alex Opazo, connu pour ses apparitions live à la batterie au sein de la formation nordique Heilung. J’emploie le terme « énigmatique », car avant le concert, j’ai peiné à trouver des informations au sujet de l’artiste ainsi que des morceaux disponibles à l’écoute en ligne. C’est donc avec une connaissance inexistante que je m’apprête à découvrir le projet en live.
Le nom du « one-man-band » est cependant évocateur, on s’attend plus ou moins à une musique électronique agrémentée de sonorités chamaniques. Dissimulé par une coiffe indienne, Alex Opazo interprète effectivement une musique dark folk expérimentale emplie de mysticisme.
Derrière sa table de mixage, entre incantations chamaniques et gazouillis d’oiseaux, le musicien expérimente, notamment en frottant un archet contre des barres métalliques, en agitant des clochettes et en faisant résonner un cor de chasse et autres instruments à vent, nous faisant ainsi vivre un véritable rituel.
Les expériences passées d’Alex Opazo au sein de tribus traditionnelles sur le continent américain, et plus tard au Danemark, contribuent au caractère unique de son style musical. L’artiste a d’ailleurs fait une référence scénique à la culture des Amérindiens en brandissant son archet tel un arc. Au bout d’une demi-heure sans interruption, Alex Opazo salue solennellement le public, sans prononcer une parole.
J’avais vu Sowulo pour la première fois il y a deux ans au Cernunnos Pagan Fest, et j’étais ravie de revoir la formation néerlandaise cette fois-ci dans une configuration « concert », donnant ainsi l’occasion d’assister à un set plus long. Durant cette tournée, le line-up est moins conséquent comparé à l’apparition live du groupe lors du festival francilien, puisque l’on compte trois membres de moins. On retrouve bien entendu la tête pensante du groupe, Faber Horbach, au chant, au bouzouki, au nyckelharpa et au carnyx, ainsi qu’une chanteuse, une violoniste, une violoncelliste, une harpiste et deux percussionnistes.
A travers leur musique émotionnelle, introspective et immersive à la manière de Wardruna, les Néerlandais nous transportent vers des temps quasi immémoriaux, dans un état de transe parfois mêlé à la mélancolie. Sur des textes chantés en anglo-saxon, Sowulo explore la nature cyclique de la vie et puise également son inspiration de l’ère viking.
La complémentarité des vocaux masculins et féminins était de toute beauté. Parmi les temps forts du set, on retiendra tout particulièrement l’intervention de Faber au carnyx, ainsi que la performance de kulning de la chanteuse. Pour le rappel sur « Full Mōna », qui prenait des allures de grande célébration païenne, Alex Opazo s’est joint au groupe.
SETLIST : Seolfren Sicol / Brego in Brēoste / Stearcost Ealra / Wulfwiga / Slincan Snīcan / Swīnhælethas / Begalan / Nihtēagan / Æt wega gelætan / – Carnyx track – / Spatle Æghwas / Berabeorn / Ceorfan / Fæcele / – Kulning track – / Yule / Sunnanlēoman / Eaxlgestealla / Wyrd Webba / Full Mōna