Sólstafir était de passage à Paris lundi soir à l’occasion d’une tournée assez particulière. En effet, les Islandais sont accompagnés d’un quartet à cordes pour mettre en valeur leur dernier opus, Berdreyminn, comme ils l’avaient fait pour Ótta,
N’ayant pas pu y assister à l’époque, il n’était de toute façon pas question de comparer ou quoi que ce soit à mes yeux mais bien de me laisser ennivrer par la beauté de leur musique. Sans compter que leurs lives sont très importants pour moi : si j’écoutais régulièrement leurs albums, souvent pour avoir un « fond sonore » agréable, c’est lorsque je les ai vus sur scène pour la première fois que je les avais vraiment découverts. C’est dans ces conditions que leur musique prend toute son ampleur, qu’elle vous frappe de plein fouet de sa puissance si fragile.
Je n’avais pour ma part jamais mis les pieds au Café de la danse avant cette soirée. La salle ne me paraît pas très grande et doit faire aux alentours de 500-600 personnes, avec une configuration moitié fosse / moitié gradins. La scène est par contre spacieuse, nécessaire pour accueillir cette version « augmentée » de Sólstafir.
Une heure environ après l’ouverture des portes, des extraits vidéos projetés sur le backdrop (représentant en immense la pochette de Berdreyminn) ainsi qu’un sample de « Náttfari » annoncent le début du concert. Le quartet de cordes est le premier à entrer sur scène et est composé de violonistes et d’une violoncelliste. Les claviers sont assurés par Ragnar Ólafsson (Árstíðir). Le groupe débarque ensuite en grande forme, chapeaux sortis pour Svavar et Gringo, et entamme le premier morceau, le superbe « Náttmal ».
La soirée sera divisée en deux parties d’environ une heure chacune, avec une pause d’un petit quart d’heure au milieu. On est donc parti pour presque une soixantaine de minutes de Sólstafir sans interruption, avec une setlist axée sur les deux derniers albums, Berdreyminn et Ótta. L’accent sera donc mis sur l’aspect le plus doux et lumineux du répertoire, mais les morceaux choisis se révèleront tout de même pleins de ces contrastes si poignants que les Islandais maîtrisent à la perfection. L’émotion est là, quelque part, nichée entre ces passages paisibles et ces explosions où le chant et les instruments se mêlent magnifiquement.
Tout en restant, en soi, proches des versions studios, les compos semblent prendre une tournure plus authentique encore du fait de la présence live du quartet et du piano. Tout le monde se souvient sûrement de concerts metal avec violon où celui-ci prenait le pas sur le reste ou était au contraire inaudible. Ce soir en revanche, le son était ici excellent. Chaque instrument semblait ressortir quand il le devait pour donner une vie et du relief aux compositions.
Une lumière douce, dans les bleus ou les rouges enveloppe la scène, parsemée de petites lumières qui s’allument de temps en temps dans le fond ou sur le pied de micro d’Addi pour donner un effet limite « étoiles dans le ciel ». On a aussi le droit à quelques projections qui devaient sûrement mieux se voir depuis les places assises que depuis le premier rang de la fosse où je me trouvais.
Aðalbjörn est toujours aussi expressif dans son jeu de scène, et je me retrouve une fois de plus impressionnée par sa voix. D’un point de vue purement technique, il la maîtrise parfaitement, tout en dégageant toujours une grande spontanéité, d’un chant doux et sensible à un déchaînement passionné. Les morceaux s’enchaînent sans interruption, sans qu’on les voit passer. Déjà, après Miðaftann (le clip projeté en arrière-plan), il lance que le groupe sera de retour d’ici quelques minutes. Les lumières se rallument. Sur presque deux heures de concert je comprends que la pause soit nécessaire pour les musiciens, mais l’entracte coupe court à la magie du moment …
Je suis à nouveau absorbée rapidement lorsque les Islandais réinvestissent la scène. Cette deuxième partie de soirée sera un peu plus variée niveau setlist et Aðalbjörn communiquera directement avec nous.
On a le droit à des morceaux des précédents albums, comme « Necrologue », que le chanteur dédie à une amie du groupe décédée, et bien sûr l’inévitable « Fjara ». Peu importe combien de fois je verrais Sólstafir en live, je crois que je ne m’en lasserai jamais. Deux moments particulièrement forts du concert qui m’ont rappelé à quel point la musique avait ce pouvoir unique de faire remonter des images, des souvenirs, des sensations.
Le frontman passe un bon moment à nous remercier, à plaisanter avec nous, nous demandant même si on était d’accord pour qu’ils reviennent jouer à Paris toutes les semaines (Bon du coup, on attend toujours la date de la semaine prochaine hein !). Nos Islandais semblent réellement heureux d’être là, au moins autant que nous, et touchés par l’accueil qui leur est fait.
Sauf que, bien sûr, on en arrive fatidiquement à la fin du set. « Goddess of the ages » clôture la soirée et voit Addi se mêler au public, micro à la main et surplombant la fosse. On nous a prévenus : « no encore ». Alors lorsque les musiciens lâchent leurs instruments et quittent la scène après plusieurs saluts, on n’a pas d’autre choix que de revenir à la réalité.
Le groupe nous rejoint à l’espace bar/merchandising dans l’entrée pour dédicacer cds, vinyles ou places de concert et prendre quelques selfies. J’emprunte pour ma part rapidement le chemin du retour bien que mon esprit, lui, aura du mal à sortir de ce concert. Il y a des soirées que l’on aimerait éternelles, ces moments où l’on nous a prévenus que « c’est le dernier morceau, après c’est fini ». Mais non, ça ne peut pas se finir, pas déjà, ça ne fait que commencer, non ? Sólstafir nous ont encore prouvé qu’ils étaient un groupe unique en leur genre. Et personellement, ils m’auront fait me souvenir de pourquoi j’aime tant me lever de chez moi pour aller en concert et vivre ces instants si uniques, si éphémères, mais qui laissent des souvenirs intarissables.
Un grand merci à Garmonbozia pour cette soirée et pour l’accréditation !
Setlist (de mémoire donc potentiellement approximative…) :
Náttfari (intro
Náttmal
Ótta
Dýrafjörður
Hula
Miðaftann
—–
Lágnætti
Hvit Sæng
Necrologue
Fjara
Kukl
Goddess of the Ages