Report : Tri Bleiz Die (8 janvier 2016)

Le 8 janvier au Ferrailleur (Nantes), Auregann et HeronMaiden ont pu assister à une date unique : la reformation du groupe de punk breton Tri Bleiz Die, dix ans après leur sortie de scène ! Une soirée épique à guichet fermé où les adeptes de punk de longue date côtoyaient les petits jeunes déchaînés.

Le point commun des trois groupes qui ont joué ce soir là, c’est Loran, guitariste stakhanoviste qui a officié tout du long de la soirée. On commence avec Angry Days, groupe de punk ambiance 90’s qui tourne en ce moment en Bretagne et ailleurs. On continue avec Confront, dont le son hardcore rend plutôt bien pour un groupe qui, de leur propre aveu, n’a répété qu’un seul après-midi après plusieurs années sans avoir joué ensemble. En effet, leur batteur étant parti au Canada, c’est à l’occasion de son passage en France qu’est née l’idée de cette date unique réunissant de vieux amis de nouveau sur scène.

Tri Bleiz Die - HeronMaiden

Mais ce qui nous intéresse, c’est bien le retour de Tri Bleiz Die, avec une setlist préparée en trois parties, « comme la nouvelle trilogie Star Wars ». Le groupe de punk a officié de 1998 à 2006 avec son line-up composé à la fois des basiques (guitare, basse, batterie) et d’instruments traditionnels (violon, bombarde, flûte), le tout portant les chansons en breton interprétées par Stéphane. Est-ce du folk-punk ? Sont-ils militants pour l’indépendance de la Bretagne ? Le violon se marie-t-il bien avec les riffs violents ? C’est ce qu’on va découvrir ce soir.

La salle est comble, remplie à la fois de punks dont on sent bien que ce n’est pas leur première bataille, de métalleux venus prendre leur dose de grosses grattes dans la tronche, et… de supporters de foot. Pardon ? Vous allez comprendre.

La première partie de Tri Bleiz Die est introduite par Bec’h Dezhi, qui donne directement le ton : violon torturé sur fond de guitares énervées. On continue avec d’autres chansons tirées de leur album Millendal : Bouzar, dall ha mut, avec son ambiance un peu orientale, Dazont ebet (traduction : no future) qui donne furieusement envie de sauter partout et tâcle un petit coup la musique télé-réalité des années 2000, mais aussi Ar C’hortoz qui est… une chanson d’amour, basée sur les paroles d’une chanson de Joe Dassin, traduite en breton, évidemment.

Ne croyez pas que votre chroniqueuse a la science infuse : je ne parle pas un mot de breton, mais nos amis de TBD ont mis sur leur site  les paroles des pistes de tous leurs albums, avec la traduction en français. C’est fort sympathique de leur part. Sur le moment, je ne savais pas tout ça, je me suis contentée d’apprécier la musique en hochant frénétiquement de la nuque.

La seconde partie commence par Ar gêr a Is, qui reprend le thème très classique de la ville d’Ys et sa disparition dans les eaux. Mais à la sauce Tri Bleiz Die : punk, festive et portée par une ligne de basse qui dépote et un violon nerveux. Gwerz Milou, la complainte de Milou, est issue de leur premier album Dalc’homp Mat et laisse la part belle aux guitares lourdes et sales.

On enchaîne ensuite avec Chwec’h merc’h gwerc’h. Imprononçable comme titre, pas vrai ? C’est fait exprès : la chanson reprend une phrase connue en breton pour rassembler un maximum de fois la lettre « c’h » qui se prononce avec un son bien guttural.

Tri Bleiz Die - HeronMaiden

Okay, reprenons : le morceau suivant crache sur la télévision et ses méfaits, Stéphane s’en donne à cœur joie, d’autres voix se mèlent à la sienne, le groupe de punk capte toute l’attention du public. On arrive à Tri Bleiz Die, chanson emblématique de la bande, et on sent que le public la connaît : ça saute, ça crie, reprenant sans s’arrêter la mélodie de la bombarde et les quatre syllabes du nom du groupe.

On en veut encore ? Bien sûr ! Poultrenn introduit la troisième et dernière partie du set, avant de passer à une reprise punk et survoltée du Bro Gozh Ma Zadou, l’hymne breton. On est loin de la version de Nolwenn les enfants, ça chahute dans la fosse et ça se déchaîne sur scène. On continue avec Deiz pe zeiz, et j’en profite pour signaler qu’à plusieurs reprises, les membres du groupe accompagnent le chanteur avec une deuxième voix, et c’est assez juste en plus, qui a dit qu’on chantait faux en punk ? Chez TBD ils n’ont rien perdu de leur oreille en tout cas.

 

Ça sent déjà la fin, arrive Wa bont an Naoned, reprise d’une chanson traditionnelle à danser. Elle est sympathique, mais à choisir, je préfère la version encore plus déchaînée de Skarn.  On conclut avec Mill-hent-Dall, issue de l’album presque éponyme. Le public en redemande, et c’est avec plaisir que le groupe reprend leur chanson phare Tri Bleiz Die, mais avec des paroles différentes… eh oui, leur mélodie entraînante est devenue ces dernières années l’hymne du Football Club de Nantes, et soudain on comprend mieux pourquoi ils sont là avec leurs T-shirts et leurs drapeaux. C’est pas souvent que je chante en choeur avec des footeux, mais une fois n’est pas coutume : FCN ! Po po lo po po !

Le concert se finit dans l’extase du public, il est temps de rallumer les lumières et de débrancher les amplis. Vos deux chroniqueuses ravies se précipitent pour discuter un peu avec les membres du groupe, adorables, qui nous offriront des CD et un poster, en plus des dédicaces sur la setlist. On ressort de là regonflées à bloc, avec un seul regret : ce groupe mythique est officiellement dissous et ne rejouera peut-être plus avant dix ans… Mais qui sait ? Promis, si quelque chose se passe, on vous tiendra au courant sur Valkyries Webzine !

Tri Bleiz Die - HeronMaiden

Photos : HeronMaiden

Setlist :

  • Be’ch dezhi
  • Bouzar dall & mut
  • Ar re c’hlas
  • Dazont ebet
  • Ar gêr a is
  • Gwerz Milou
  • C’hwerc’h merc’h gwer’ch
  • Tec’h, tec’h, tec’h
  • Tri Bleiz Die
  • Poultrenn
  • Bro gozh ma zadou
  • Deiz pe zeiz
  • War bont an Naoned
  • Mil-hent-dall

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