[report] Corvus Corax à la Passionskirche (21 décembre 2018)

Retour dans l’église/salle de concert la plus magique de Berlin pour un nouveau show de Corvus Corax avec leur nouvel album sorti en 2018, Skál.

C’est devenu une tradition, tous les ans l’équipe de Valkyries Webzine est présente lors du double concert de Corvus Corax à Berlin, au moment du solstice d’hiver. L’inébranlable groupe de folk pagan néomédiéval réitère chaque année une recette qui fonctionne bien : un décor magnifique, une première partie enthousiasmante, une chanteuse invitée, et une setlist qui rend hommage aux plus anciens fans tout en révélant des surprises.

Et cette année, il s’agit de l’album Skál, sorti en juillet 2018, et qui est centré autour de la mythologie germanique et nordique. Cap sur les Vikings et les grands froids, donc. Au stand de merch, la couverture de l’album s’étale sur les nouveaux T-shirts : un squelette assis sur un trône, portant une coupe, avec un corbeau à ses côtés. Je n’ai pas écouté le nouvel album entièrement, préférant me laisser la surprise pour le concert.

Mais revenons à l’église. Comme d’habitude, elle est pleine à craquer, les fans sont partout, assis sagement sur les bancs, déambulant dans les allées, au balcon surplombant l’ensemble. Une foule diverse, allant des enfants aux mamies en passant par les vikings velus et les dreadeux aux T-shirts Greenpeace. Je crois même reconnaître certaines bouilles, à force de fréquenter les concerts de Corvus Corax, on y retrouve des têtes connues. Évidemment, la bière et l’hydromel coulent à flot, et j’entends crier « skål! » ici et là. On reste donc dans le thème.

La première partie est assurée par le groupe Irdorath, une tribu de biélorusses blonds en peaux de bêtes. Ils forment un ensemble assez surprenant : il y a des instruments folk bien sûr, cornemuses, guitare, mais aussi un violoncelle électrique, mais surtout une double batterie moderne, là où on s’attendrait à trouver des percussions plus tribales. Le tout donne un son intéressant, quoi que parfois un peu brouillon. En tout cas, ils ont l’air super contents et fiers de jouer à Berlin aux côtés de Corvus, j’apprécie leur enthousiasme et leurs morceaux festifs défilent assez vite.

Histoire de changer de point de vue par rapport à l’année précédente, j’avais décidé de m’installer sur l’aile gauche, près du stand de merch. Je me rends compte assez vite que c’est un mauvais calcul : des participants debout s’agglutinent devant moi tandis qu’à ma droite, un troupeau de métalleux déjà bourrés se met à beugler sur chaque chanson. Je trouve refuge à l’étage, où le son s’avère être décuplé : les percussions sont plus puissantes, les cris du public aussi.

L’intro de Corvus Corax démarre avec de doux chants d’oiseaux, aussitôt recouverts par le son du bois qui grince, évoquant sans nul doute un bateau. Les voilà sur scène au son d’un hymne tonitruant : il s’agit d’Yggdrasill, le morceau ouvrant leur nouvel album. Naturellement, Skál sera très présent dans la setlist : le concert fait partie de la tournée de l’album, après tout. Mais on trouvera aussi des classiques tels que Palestinalied, Mille Anni Passi Sunt ou In Taberna, qui déclencheront des clameurs chez leurs fans.

Régulièrement, entre deux morceaux, Castus nous fait un petit topo sur la mythologie nordique : d’abord quelques mots sur Odin, auquel est dédié l’album, puis sur les chamans qui prenaient des substances psychotropes pour parler aux dieux. La chanson Hugin ok Munin, quand à elle, raconte l’histoire des deux corbeaux accompagnant Odin. La thématique nordique n’est clairement pas nouvelle pour Corvus Corax, mais dans ce nouvel album, elle est encore plus présente qu’auparavant.

Alors à quoi ressemble le virage viking de Skál ? Tout d’abord des mélodies moins complexes, plus sobres, brutes, accompagnées de percussions encore plus agressives. Il y a bien sûr le thème des paroles et les différentes langues utilisées, et peut-être un aspect plus mélancolique parfois. Notons aussi que les musiciens ont opté pour des costumes plus sobres, et arborent tous la même chemise orange. Enfin, j’ai apprécié d’entendre un peu plus d’harmonies de voix, dans une imitation des chants de guerre nordiques.

Skál contient naturellement son lot de chansons à boire, comme Her Wirt et Sauf noch ein, qui ne manqueront pas de faire jubiler le public. La chanteuse qui les accompagne ce soir est Maxi Kerber, qui les avait déjà accompagnés sur leur spectacle Der Flucht Des Drachen et a également collaboré sur quelques pistes de Skál. J’aime bien sa voix, on est loin de l’ambiance lyrique de Carmina Burana, c’est frais et naturel, en harmonie avec l’atmosphère mystique du concert.

En parlant de Der Flucht… Castus annonce de nouvelles dates pour 2019, et notamment en août à la Kulturbrauerei de Berlin, un lieu magnifique pour un spectacle médiéval. Mais je note en mon for intérieur que la promesse faite l’an dernier de reformer Berlinski Beat et de faire un concert à Berlin en 2018 n’a pas été tenue. Je ne désespère pas 😉

Le concert se terminera avec le titre éponyme, Skál, ainsi qu’un mini medley reprenant comme d’habitude le thème de Game of Thrones.

2018 était un très bon cru du concert à la Passionskirche ! Je dois avouer que je suis un peu blasée de l’obsession pour la mythologie nordique qui sévit, surtout en Allemagne, mais Corvus Corax a réussi à en faire quelque chose d’intéressant et j’ai passé un bon moment à découvrir Skál en live.

Setlist :

  • Yggdrasill
  • Alte Clamat Palestinalied
  • Her Wirt
  • Hugin ok Munin
  • Pfeifsack
  • Sauf noch ein
  • Cheiron
  • Mille Anni Passi Sunt
  • Pack
  • In Taberna / Eine Jungfrau
  • Sverker
  • Havfrue
  • Hol Bier Herbei
  • Ragnarök
  • Skál
  • Venus/GOT/Die Rose


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