Depuis près de 25 ans, Nightwish met des étoiles dans les yeux et déchaîne les passions avec son histoire très singulière qui fait toujours débat actuellement. Pas de quoi décourager le groupe finlandais à publier son très attendu neuvième album Human. :||: Nature. Peut-être le plus attendu de la décennie ? L’histoire nous le dira…
L’album s’ouvre sur « Music » avec une petite percussion métallique au son des synthétiseurs. De quoi faire beaucoup penser à Vangelis, qui est justement un des compositeurs préférés du claviériste et auteur-compositeur Tuomas. Et soudain, on entend une forêt qui se réveille avec les bruits des oiseaux aussitôt suivis par des rythmes tribaux et la cornemuse qui retentit au loin. On s’attend presque à voir une tribu indigène débarquer dans notre jardin. Un début très surprenant qui apporte une nouvelle dimension folk au groupe encore inédite.
L’album est en fait un concept album (ce qui n’était pas prévu de base, selon les dires de Tuomas) tournant autour des thématiques de la nature et de l’être humain. Logiquement, on retrouve donc des éléments folk qui ont déjà fait le succès du groupe, comme pour « Harvest » dont les guitares acoustiques et le chant de Troy mettent instantanément de bonne humeur. Les chœurs apportent également quelque chose de très celtique et surtout très positif. En fait, on imagine bien le groupe assis autour du feu à chanter et taper dans les mains, au cœur de l’été. Le concept folk va même beaucoup plus loin, surtout avec le surprenant et très agressif « Tribal » qui constitue une belle balance entre les orchestrations symphoniques, les riffs bien rentre-dedans, les rythmiques tribales (d’où le nom) et… les borborygmes indigènes. Cela a dû assurément être drôle à enregistrer.
Mais l’impression générale qui se dégage est une aventure en terrain connu. Le style Nightwish reste toujours là, avec ce qui fait encore et toujours la force depuis maintenant 7 ans : la chanteuse Floor. Celle-ci surprend par un chant allant souvent dans les aigus comme pour « Pan ». On peut se demander comment est-ce possible de monter si haut. Elle se montre beaucoup plus lyrique avec « Shoemaker » où il est difficile pour notre colonne vertébrale de résister à son vibrato, tout ça magnifié avec les orchestrations symphoniques et les claviers. Comme dit plus haut, même si on retrouve les mêmes recettes (avec une touche peut-être plus moderne comme avec « Procession »), le groupe surprend par ses thématiques évoquées, comme pour le premier single « Noise » dont l’intro fait irrémédiablement penser à Game of Thrones. Mais ce n’est pas fait exprès, comme précise encore et toujours Tuomas… En bref, pour la première fois, le groupe évoque un sujet très sociétal : l’addiction aux nouvelles technologies. Un titre qui devrait plutôt bien fonctionner en live, tant celui-ci se montre très catchy et surtout… très Nightwish. A ce propos, le clip reflète plutôt bien cette idée générale.
La particularité de l’album est que c’est un double album, puisque la « face B » (oui, je parle comme quelqu’un de vintage) fait place à de l’instrumental pur et dur. Pas de batterie, ni guitare, ni chant, mais… un orchestre. Comme pour le spectaculaire Imaginaerum, le groupe a de nouveau fait appel à l’orchestre philharmonique de Londres (toujours sous la houlette de l’orchestrateur Pip Williams) pour l’enregistrement de « All the Works of Nature Which Adorn the World ». Ce dernier est divisé en huit parties et démontre ce que la nature a façonné de bien pour rendre notre planète Terre attractive. Une touche écologique, me direz-vous ? Hé bien, cela va plus loin puisque Nightwish a même signé un partenariat avec l’ONG World Land Trust qui lutte contre le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité. Le groupe avait déjà évoqué l’écologie avec le décrié « The Greatest Show On Earth » du précédent album qui a exaspéré une partie de la critique pour sa trop grande longueur.
Ici, on passe à une toute autre ambiance. Chaque élément sur Terre (représenté par un titre) est magnifié par les orchestrations, dignes d’une BO de film. L’avantage d’un instrumental (et donc joué par un orchestre) c’est que cela laisse libre cours à notre imagination. Par exemple, pour « The Blue » (partie 2) on a vraiment l’impression de naviguer avec les dauphins et les baleines ou tout autre mammifère marin tant l’arrangement orchestral colle avec l’idée principale. Ou bien, si on écoute « Moors » (partie 4), là on est transporté dans les Highlands en Ecosse. Il faut dire que la cornemuse a une place centrale dans ce titre. Ainsi, chaque titre a sa spécificité et son style, ce qui est en soi très positif.
En résumé, Nightwish signe ici un retour peut-être pas spectaculaire, mais qui fera plaisir aux fans de longue date. Peu de surprises sont à dénoter, si ce n’est que l’écriture, l’arrangement et l’interprétation se sont améliorées par rapport à l’album précédent. Les titres orchestraux sont bien sûr une des forces de l’album, puisque cela nous fait prendre conscience de l’importance de notre biodiversité. D’ailleurs, en ces temps troublés, il n’y a rien de mieux qu’une citation de Darwin pour nous faire méditer : « L’amour pour toutes les créatures vivantes est le plus noble attribut de l’Homme ».
Note : 7/10
Tracklist :
- Music
- Noise
- Shoemaker
- Harvest
- Pan
- How’s the Heart ?
- Procession
- Tribal
- Endlessness
- All the Works of Nature Which Adorn the World – Vista
- All the Works of Nature Which Adorn the World – The Blue
- All the Works of Nature Which Adorn the World – The Green
- All the Works of Nature Which Adorn the World – Moors
- All the Works of Nature Which Adorn the World – Aurorae
- All the Works of Nature Which Adorn the World – Quiet as the Show
- All the Works of Nature Which Adorn the World – Anthropocene (Including « Hurrian Hymn to Nikkal »)
- All the Works of Nature Which Adorn the World – Ad Astra
Extrait de l’album :