Nawather (نواثر ) – Wasted Years

NawatherLa Tunisie, malheureusement connue ces derniers temps par les attaques terroristes, l’est en revanche moins pour ses groupes de musique, encore moins pour des groupes de metal. Pourtant, certains groupes arrivent à créer la surprise et à sortir du lot, comme c’était le cas pour Myrath. Ce dernier est loin d’être le seul, si l’on juge cet album de Nawather …

Quelques mots sur le groupe :

Nawather est donc un groupe de metal progressif originaire de Tunis et fondé en 2013. Entre 2003 et 2013, le groupe existait déjà sous l’appellation « Agony’s Serenade », mais peu d’informations subsistent sur leur activité de ce temps-là. C’est en 2013 qu’ils changent de nom pour opter pour celui-ci.

Ils signent avec le label M & O Music, un label indépendant français, qui leur permet de produire et sortir le 8 janvier 2016 leur premier album, « Wasted Years », qui va nous intéresser aujourd’hui.

L’album :

Comme précisé plus haut, le groupe vient de Tunisie, un pays peu réputé pour ses groupes de metal (contrairement à l’Allemagne, la Finlande, la Suède…). Il existe un seul exemple de groupe qui réussit à l’étranger : Myrath. D’ailleurs, si nous étudions attentivement le line-up de Nawather, nous pouvons constater que le batteur Saif Ouihibi était autrefois batteur de … Myrath. Coïncidence ? Peut-être, peut-être pas…

D’entrée de jeu, une question se pose à nous : Nawather fait-il comme Myrath ? Certes, nous avons en tête les fortes influences orientales de ce dernier, mais Nawather suit-il le même exemple ? En clair, fait-il du « copier-coller » ? L’album s’ouvre sur un morceau instrumental, « Portals to Edinya ». Dès les premières notes, nous savons où est-ce que nous sommes : nous ne sommes plus assis sur notre chaise de bureau devant l’ordinateur, mais bien au Moyen-Orient, là où le sable est brûlant et la musique est immémoriale…Plusieurs instruments (ou bien sons d’instruments) typiquement orientaux sont reconnaissables : le kamenja (sorte de violon), le derbouka (instrument de percussion), le zorna (sorte d’instrument à vent de la famille des hautbois…) ainsi que les cordes, les guitares…Nawather propage dès le début de l’album sa propre culture orientale, qu’on retrouvera d’ailleurs dans tout l’album. Le groupe n’hésite pas à utiliser d’autres instruments orientaux, mais celui qui retient l’attention, c’est le qanun. Un membre du groupe, Nidal Jaoua, en est le principal utilisateur. Cet instrument est une sorte de cithare qu’on pose sur les genoux et dont on pince les cordes. Ce qui surprend, c’est l’utilisation quasi (voire toujours) permanente, au point de le mettre en premier plan (« Falling Down the Slope », « Raped Dreams »…). C’est un instrument peu fréquent dans un groupe de metal et il convient de le préciser ici.

Mis à part le qanun, ce sont les arrangements quasi symphoniques, avec la présence notamment des cordes (comme par exemple chez « Time to Raise the Curtains », « Broken-Winged Bird »…) qui sont présents pour toutes les chansons de l’album, au point de se demander si le groupe s’inscrit toujours dans la mouvance « metal progressif » ou bien « metal symphonique » … Maintenant, intéressons-nous à deux nouveaux points particuliers qui font la singularité de Nawather. Nous avons tout d’abord le chant. Ici, nous avons deux chanteurs : Ryma Nakkach pour le chant clair et Raouf J Occulta pour le chant guttural. La présence de ces deux voix crée un ensemble particulier et qui finalement surprend l’oreille de l’auditeur, puisque nous avons un curieux mélange entre la beauté et la brutalité. Deux éléments qui s’entrechoquent, comme pour la langue utilisée, deuxième point particulier. Certes, la grande majorité des textes reste en anglais, mais il est surprenant de constater que l’arabe est utilisé à certains moments (comme pour « Daret Layyem », « Defnouna »…). L’utilisation de l’arabe (couplée à la technique de « chant oriental ») accentue encore plus le côté oriental de Nawather. En clair, le groupe assume ses influences par tous les moyens et pour tous les goûts …

En conclusion, que retenir ? Pour un premier album, Nawather a réussi à se forger un style incomparable et qui évite le cliché même du groupe de musique orientale. Leur avenir est assuré et qui sait ? Peut-être arriveront-ils à acquérir le même statut que Myrath : à savoir une vedette internationale 

  Le Toxicomélomane

9.5/10

 

Tracklist :

1. Portals to Edinya
2. Falling Down the Slope
3. Daret Layyem
4. Raped Dreams
5. Broken-Winged Bird
6. Time to Raise the Curtains
7. Defnouna
8. Succubus Romance
9. Kont Trab

Sortie le 8 Janvier 2016 via M & O music

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