Il y a de ces albums que tu attends avec impatience. Pour ma part, Willens & Frei de Munarheim, sorti officiellement ce vendredi, est l’un de ceux-là. Il est vrai qu’entre 2015, année de sortie du deuxième album Stolzes Wesen Mensch, et cette année, je commençais peu à peu à être en manque de nouvelles chansons, notamment lorsque je voyais le groupe en live ces derniers temps. L’Inglorious Night en octobre dernier fut un événement déterminant, puisque c’est lors de ce festival que j’avais enfin pu entendre des nouveaux morceaux. Pour plus de détails, je vous renvoie au live report dédié, mais autant dire qu’à ce moment-là, ce nouvel album me paraissait déjà fort prometteur, et mes impressions n’avaient fait que se confirmer la semaine dernière au Ragnarök Festival.
Depuis Stolzes Wesen Mensch, l’octuor bavarois a accueilli en son sein une deuxième flûtiste-live, répondant au nom de Sabine Götze, qui remplaçait occasionnellement la flûtiste originelle Ramona Müller, et qui est par la suite devenue un membre du groupe à part entière. D’ailleurs, c’est Sabine qui est à l’origine de la pochette du nouvel album Willens & Frei, sorti comme ses prédécesseurs en auto-production (c’est le guitariste Sebastian Braun qui a une fois de plus pris en charge la composition, l’enregistrement, le mixage et le mastering de l’album). De ce fait, Munarheim prend désormais la forme d’un nonuor (merci Xartyna pour cet instant « culture »), composé de … Non en fait vu que j’ai un peu la flemme d’énumérer les neuf membres, Metal Archives est votre ami.
Une fois le précieux vinyle entre les mains (à noter d’ailleurs que le merch’ relatif au nouvel album est très complet, et pour un petit groupe, il est très appréciable de pouvoir se procurer t-shirts (également disponibles en version « girlie »), sweats, CDs en édition simple et spéciale, et vinyle de ce nouvel album), je lance la première écoute. L’album comporte huit morceaux, oscillant en moyenne autour des quatre minutes, et il s’agit jusqu’à maintenant de l’album le plus court de la discographie de Munarheim, avec ses trente-neuf minutes au compteur. Cependant, vous allez vous apercevoir que Willens & Frei perd en durée ce qu’il gagne en intensité et en moments forts.
L’album commence avec « Dein ist der Tag », que je me suis déjà largement appropriée, dans la mesure où il s’agit du premier extrait dévoilé par le groupe (doté d’un très beau clip, soit dit en passant). On retrouve dès ce morceau la patte si particulière du groupe, avec ce mélange divin de « Black symphonique/folk/atmosphérique/épique » (oui, tout cela à la fois), qui fait plus que jamais penser à Equilibrium (en plus solennel cependant). Le morceau commence donc sur des orchestrations toujours aussi majestueuses, puis la batterie fait progressivement son entrée, suivie par les guitares épiques. Le chanteur et parolier Pascal fait un nouveau coup d’éclat en alternant avec brio différents types de voix (majoritairement du chant black, mais aussi quelques chuchotements à la Dornenreich, et des touches de growl proche d’un Robse d’Equilibrium). Lors du refrain, les chœurs épiques de Theresa Trebes (guitare acoustique) et de Sebastian Braun nous transportent, en alternance avec le growl de Pascal, sur fond de ces orchestrations tout aussi grandioses et de flûte atmosphérique. S’ensuit après le second refrain un solo de guitare épique par Helge Pohl, puis une montée progressive et intense comme Munarheim sait si bien le faire, avec les orchestrations et des chuchotements avant le refrain final explosif.
Ce qui fait aussi l’identité de Munarheim, ce sont les quelques passages acoustiques, et c’est à partir du morceau suivant, l’éponyme « Willens & Frei », que nous retrouvons les premiers passages où se mêlent flûte et guitare acoustique, notamment lors du bridge. Le contraste et l’alternance entre les phases « metal » et atmosphériques sont toujours aussi saisissants. On retrouve ces passages atmosphériques et acoustiques tout au long de l’album, comme dans le bridge et la conclusion de « Weiße Rose » (à l’introduction à la guitare électrique bien « old-school »), ou bien encore dans l’introduction de « Feuer und Schwert ».
Je serais bien en peine de vous décrire chaque morceau de l’album tant chacun d’eux possède selon moi son identité propre. C’est pourquoi je me contenterai de mentionner ceux qui me paraissent être les passages et morceaux les plus percutants, afin de garder tout de même une part de mystère si vous décidiez d’écouter l’album (non, je ne vous incite pas fortement à le faire, absolument pas …).
J’ai tout d’abord eu un énorme coup de cœur pour le morceau « Mosaik », qui est au passage le plus long de la discographie du groupe, avec ses 7:06 au compteur. Sa douce introduction atmosphérique aux airs de berceuse menée par le piano et les violons me rappelle inévitablement celle de « Nachtmelodie », dernier morceau du premier album Nacht und Stürme werden Licht (on retrouvera aussi le piano sur l’introduction de « Auf ihr Gefährten » et la conclusion de « Feuer und Schwert »). Puis l’on assiste à une explosion épique des guitares et de la batterie, avec en fond une flûte folk atmosphérique aux irrésistibles petits airs celtiques. Les riffs épiques du refrain me font inexorablement penser à Insomnium et à Sojourner (oui je sais, je vois du Insomnium et du Sojourner partout).
Pour le morceau suivant, « Vergebung » (se traduisant par « Pardon »), le groupe a fait appel à un invité de marque, qui n’est nul autre que Robert « Robse » Dahn, chanteur d’Equilibrium, de Minas Morgul et de Mallevs Maleficarvm. Bien que je ne sois plus aussi fan du chanteur que par le passé, il faut admettre que le duo Pascal / Robse alterné avec les chœurs fonctionne à merveille. A noter qu’il s’agit du deuxième extrait clippé dévoilé le jour-même de la sortie de l’album.
« Auf ihr Gefährten » mérite également que l’on s’y intéresse, car de mémoire, c’est le seul morceau du groupe chanté exclusivement en chant clair, avec une alternance entre chœurs masculins et féminins. En plus de Theresa et de Sebastian qui assurent les chœurs de manière permanente, le groupe a fait appel à Katharina Herold et à Andrea Saal pour les chœurs additionnels. Katharina avait déjà prêté sa voix sur l’album précédent Stolzes Wesen Mensch, et de même pour Andrea (pour la reprise des First Aid Kids de « Wolf » sur Stolzes Wesen Mensch, et sur Nacht und Stürme werden Licht).
Après « Feuer und Schwert » qui apparaît peut-être comme le morceau le plus bourrin de l’album, Willens & Frei s’achève sur « Mein Weg » (« Mon Chemin »), qui est avec « Mosaik » mon morceau préféré. Celui-ci commence par une introduction acoustique atmosphérique à la guitare et à la flûte, puis à la batterie, avant une explosion des orchestrations et des guitares épiques. Lors des refrains, le growl est alterné avec le scream et les chœurs. S’ensuit un bridge orchestral menaçant mené par le chant black, suivi d’un nouveau bridge acoustique à la guitare. Le combo « chant black/chœurs/flûte/orchestrations/batterie » de toute beauté annonce une dernière explosion épique.
Très honnêtement, après plusieurs écoutes, je n’ai toujours pas réussi à trouver un défaut à cet album. Je le reconnais, peut-être cela est-ce dû à un manque total d’objectivité dans la mesure où je vénère Munarheim de manière inconditionnelle. Plus je l’écoute, plus j’en cerne les subtilités, et plus je l’aime, au même titre que les deux albums précédents. Willens & Frei fera à coup sûr partie de mes albums préférés de cette année. S’il fallait chipoter, vu que le groupe nous avait habitués à une cover en avant-dernière position sur les albums précédents, j’aurais bien aimé que Munarheim nous offre en « bonus track » sa reprise du morceau « Nowhere To Go » de Hurricane Love, dans la mesure où le groupe la jouait lors de certains lives, mais ce n’est qu’un détail !
Fée Verte
10/10
Tracklist :
- Dein ist der Tag
- Willens & frei
- Weiße Rose
- Mosaik
- Vergebung
- Auf ihr Gefährten
- Feuer und Schwert
- Mein Weg
Date de sortie : 03 mai 2019
Liens du groupe :
https://www.youtube.com/watch?v=5YMjnyK9AuE