Officiant depuis 2003, The Moon and the Nightspirit en est déjà, avec « Holdrejtek », à son cinquième album. A l’origine duo entre la multi-instrumentiste et peintre Ágnes Tóth, qui se charge aussi des artworks de chaque album, et le guitariste Mihály Szabó. Deux autres membres, Gábor Végh et Gergely Cseh les accompagnant uniquement pour leurs sets live.
Se démarquant par une musique aux sonorités mystiques et fantastiques, voire intimiste, le tout renforcé par le travail visuel proposé par le groupe même, tant pour leurs concerts que leurs artworks, The Moon and the Nightspirit nous invite à plonger, à nouveau, dans cet univers folklorique propre à la Hongrie, avec « Holdrejtek », sorti le 15 août 2014.
Auparavant sous l’aile du label « Equilibrium Music » depuis le premier album, « Of Dreams Forgotten and Fables Untold » jusqu’à « Ösforrás », pour ensuite autoproduire « Mohalepte », The Moon and the Nightspirit signe, à la mi-janvier 2014, chez les Allemands de Prophecy Productions, solide label comptant dans son tableau les productions d’Alcest, A Forest of Stars, Falkenbach, Bethlehem, The Vision Bleak ou encore le seul et unique méfait du tortueux Silencer.
Cela dit, l’album en lui-même était d’ores et déjà enregistré, les premières sessions studio ayant prit part en janvier 2013, pour être conclues en novembre de la même année.
Possédant déjà un nom sur une petite scène, la signature chez le label Prophecy permettra à The Moon and the Nightspirit d’étendre son univers musical à un public plus large, et c’est donc avec « Holdrejtek » que le duo entame ses premiers pas avec une écurie de renom.
Prenons d’abord le temps de nous intéresser à l’artwork, proposé, comme d’habitude, par Ágnes Tóth. Représentant ce qui ressemble à un hibou (voyez ceci comme un argument purement subjectif), blotti dans son plumage, à la lumière d’une lune laiteuse, perçant le sombre voile nocturne d’une forêt aux feuillages nuancée de tons marrons, avec quelques légères touches vertes et jaunes. Les traits sont fins, doux et la palette de couleurs nous permet d’entrevoir ce que nous réserve l’album, une nouvelle traversée des terres isolées et fantastiques propres au duo hongrois.
Le craquèlement du bois nous accompagne, alors que nous entrons dans cette forêt, d’où des oiseaux chantent une mélodie semblant ne jamais s’arrêter. Les premières notes instrumentales, un kalimba puis un dulcimer, viennent se superposer, jouant un air quelque peu enfantin, féerique. Ce qu’on peut, d’ores et déjà, dire de « Mohaszentély », c’est que le titre se propose comme une ouverture sereine qui, cependant, ne cache pas son côté sauvage. Courte introduction de presque trois minutes, sans chant, seulement un son d’instruments à cordes, chaleureux et accueillant.
S‘ensuit « Égnyitó », progressivement introduit par un violon, un dulcimer et des percussions. Dès lors que nous sommes entrés dans cette forêt, sur laquelle règne The Moon and the Nightspirit, le duo hongrois nous tend chaleureusement les bras, afin de nous inviter à une sorte de rituel initiatique, pour entamer un nouveau voyage. « Égnyitó » est une composition presque essentiellement instrumentale, car les voix ne s’introduisent qu’un court instant, au milieu de ces cinq minutes, pour ensuite revenir à la fin. Les rythmes se veulent légèrement répétitifs, envoûtants, et nous ressentons un apaisement, une chaleur qui nous traverse, au fur et à mesure que « Égnyitó » nous emporte.
En somme, « Holdejtek » commence, avec honneur, sur une introduction intime, chaleureuse et sereine.
Le duo hongrois nous laissera ainsi le temps de nous évader avec « Magban alvó », plus atmosphérique, léger. L’instrumental se veut plus aérien, dominé par un violon accompagné de percussions. La voix d’Ágnes Tóth semble lointaine, raisonnant depuis le cœur de la forêt pour nous bercer d’une douce mélodie, tandis qu’un dulcimer accompagne de quelques notes, très minimalistes. « Magban alvó » est un titre nocturne, calme et empli de douceur. Bien qu’étant relativement différent de « Égnyitó », il respecte une certaine continuité, et nous ne nous sentons aucunement perdus, au contraire, nous désirons en découvrir plus.
Notre curiosité sera alors récompensée par le dyptique « Mikrokosmosz », dont les deux parties sont séparées par l’envoûtant « Tavaszhozó ». Débutant par une guitare rapidement suivie par les percussions et le violon, la première partie de « Mikrokosmosz » laisse place à la voix de Mihály Szabó, presque parlée, par moments chuchotée, Ágnes Tóth assurant un chœur féerique. Le titre se lance progressivement, pour nous permettre de nous envoler, toujours plus haut, vers de nouvelles terres.
Ce n’est que lorsque nous aurons atteint le sommet, que la seconde partie nous installe dans une contrée irréelle, calme et voilée par la lumière pâle d’une lune semblant veiller sur nous. Cette fois-ci, les instruments reprennent les rênes, le chant d’Ágnes Tóth se glissant aux moments les plus opportuns afin d’appuyer la mélodie entonnée par ce doux trio violon/dulcimer/guitare, l’un laissant, par moments, l’autre revenir plus en avant. Le rythme finit par légèrement s’accélérer en fin de piste, pour ensuite s’apaiser et reprendre le thème principal.
Se concluant par le titre éponyme « Holdejtek », ouvert par un kalimba auquel répond un piano aux notes feutrées, permettant au chant d’Ágnes Tóth de partir sur une base solide, l‘album met fin à notre voyage au sein des contrées féeriques de The Moon and the Nightspirit. Le doux souffle d’un vent frais accompagne l’instrumental, figurant comme un élément à part entière de la composition.
Adoptant un esprit relativement semblable à l’introduction « Mohaszentély », il reste regrettable que « Holdejtek » soit relativement court (trois minutes et dix secondes), par rapport au reste de l’album. Car l’air entonné par le trio kalimba/piano/violon possède un charme non négligeable.
En somme, The Moon and the Nightspirit parvient à se renouveler, changer certains éléments de leurs registres, et prendre une tournure plus intimiste, plus légère et douce. La musique se présente alors sous la forme d’un cocon dont nous désirons rester enfermés, sereins et paisibles. La longueur générale des titres, oscillant entre les cinq et six minutes (sans compter « Mohaszentély » ainsi que le titre éponyme), pourrait éventuellement freiner certains, mais le travail de composition permet de profiter pleinement de ce temps, que nous ne voyons, finalement, pas défiler.
Offrant une expérience unique, « Holdejtek » est une bonne surprise du duo hongrois, qui semble ne pas perdre son souffle.
Magnus
Note: 8/10
Tracklist:
1. Mohaszentély
2. Égnyitó
3. Magban Alvó
4. Bolyongó
5. Mikrokozmosz Pt. 1
6. Tavaszhozó
7. Mikrokozmosz Pt. 2
Sortie: 15 Août 2014
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