On me murmure que c’est un concept à la mode depuis plusieurs mois, alors pourquoi pas tenter ? Ce vendredi 5 juin 2020 marquait le grand retour sur scène de Luc Arbogast dans un concept un peu particulier.
Le projet avait été annoncé en grandes pompes mercredi dernier pour un premier concert ce vendredi 05 juin. N’ayant pas grand chose à faire ce soir-là, je décide d’acheter mon billet standard moyennant une somme de 10 euros et 21 centimes (ces centimes étant certainement des frais Paypal). Suite à cela, la Rue Haute Productions nous donnerait accès à un lien (avec identifiant et mot de passe) pour nous connecter sur son site.
Même si le concept du live streaming reste dans l’ère du temps (surtout dans le contexte que nous traversons), c’est un élément qui a retenu mon attention : le fait que le lieu du concert soit tenu secret. Cela se comprend, puisque cela aurait créé un attroupement de personnes mal vu en ces temps-ci. Mais où diable ce cher Luc allait-il chanter ? Dans une église ? Dans une abbaye ? Chez lui ?
Je me connecte donc à 20h42 puisque la production nous y autorisait à partir de 20h45, heure à laquelle le lieu du concert allait être dévoilé avec en exclusivité une présentation par Luc Arbogast lui-même. Et là, ce que je craignais arrive : les soucis techniques de connexion. Cela ne venait pas de chez moi, puisque les voyants étaient plutôt au vert, mais plutôt de la production. Après un rafraîchissement de page plusieurs fois d’affilée, la vidéo Vimeo se lance enfin à 21h05 ! Cela commence d’abord par le générique (disponible sur YouTube en cliquant ici) puis arrive… le bug de connexion. Je rafraîchis encore la page et enfin je vois Luc apparaître tout sourire dans un petit film de présentation tourné bien avant ce concert.
Et donc le lieu est… Saint-Antoine l’Abbaye ! C’est donc une commune française située dans l’Isère et qui est notamment connue pour son abbaye fondée au XIIIe siècle pour accueillir les reliques de Saint-Antoine. Une bien jolie citée qu’il me tarde de découvrir un jour.
Alors qu’on déambule avec Luc à travers la ville, au gré de passionnantes explications, arrive le moment clé qui est celui du concert par l’annonce suivante : « Le temps de me changer et je suis à vous dans quelques minutes ». Et c’est quelques secondes après (décidément il est rapide pour se changer…) qu’on arrive dans un restaurant, plus précisément dans La Taverne du Bélier Rouge. En voyant les micros et les instruments entreposés, on se doute que c’est ici que Luc va chanter. Totalement inattendu !
Des murs boisés, quelques stères de bois dans un coin, des bougies créant ainsi une ambiance feutrée. C’est véritablement un show intimiste et intemporel qui allait se jouer sous nos yeux. Luc rentre alors sur scène, son micro légèrement audible en présentant rapidement les lieux. Mais pas trop, puisqu’il y « passerait des heures ». De quoi nous donner un peu l’appétit. Tout démarre avec son fameux bouzouki et quelques jeux de lumière. La voix est grave et impérieuse, les jeux de lumière assez élégants… Et c’est parti avec un premier morceau chanté dans ce mélange entre le vieil allemand, le français et d’autres subtilités linguistiques !
C’est avec le morceau « Adieu à la Nymphe » que Luc délaisse son bouzouki pour se mettre sur un synthétiseur avec des sonorités du coup modernes, mais surtout épiques, tout ça accompagné par une petite boîte à rythmes. Et c’est là qu’on peut mesurer son extraordinaire palette vocale qui est très étendue. Après « L’Homme Loup », vient alors « Ad Silentia Luna Amica Mea » (issu de son album Oreflam) pour lequel il descend dans des profondeurs vocales, ce qui me semble totalement irréel, pour ensuite monter dans les aigus avec sa voix de contre ténor qui fait sa renommée. Les frissons qui me parcourent l’échine sont tout simplement innombrables. Cela prouve à quel point Luc sait transmettre des émotions avec sincérité et avec élégance.
Pour annoncer les morceaux, Luc n’hésite pas à en faire une petite présentation pour retracer l’histoire du morceau. Même s’il se rend compte plusieurs fois de son erreur dans le déroulé de la setlist, (« Ah pardon je mélange les morceaux… Mais c’est pas grave, on peut quand même faire celui-là ! »), il peut quand même compter sur son équipe technique, qu’ils appellent caméléons, pour passer les samples. Ah la magie du direct !
Toujours est-il que tout le long du set, on voyage partout avec Luc Arbogast. Un des moments marquants reste celui de « Sarasmati », un morceau indien pour lequel Luc dégaine sa shroud box et son instrument à percussion indien pour nous transporter totalement ailleurs, entre l’Inde et l’Europe. Les lumières y sont alors chaudes. Et justement, cela me permet d’en venir au fait qu’il y a une chose qui me surprend, c’est le nombre d’instruments dont Luc sait jouer. Et quelques fois, on peut le voir en train de jouer les hommes orchestres ! Surtout lors du morceau « Darshan Kharma » pendant lequel il chante au clavier et à la cithare indienne tout en tapant en rythme sur un autre instrument dont je ne connais pas le nom. Décidément Luc, tu nous étonnes !
Les morceaux s’enchaînent les uns après les autres, les frissons sont toujours là, avec quand même quelques moments de pause pendant lequel Luc se clarifie la voix avec des verres d’eau et de vins (« à consommer avec modération », comme il précise plusieurs fois…). Mais tous ces morceaux ont un point commun : ils ont pour la plupart été joués lors de la tournée Alkemya. Ce qui est d’ailleurs remarquable, c’est leur style un peu new age qui les relie tous. Cela correspond d’ailleurs à l’esprit de Luc qui se veut être un troubadour voyageant entre le passé et le présent. Le style tranche du coup avec ses dernières prestations auxquelles j’ai pu assister (en 2013 à la FNAC de Strasbourg et en 2018 à l’Eden de Sausheim).
C’est au bout de près d’une heure et demie de prestation que Luc raccroche ses grelots tout en annonçant d’ailleurs que ces morceaux interprétés feront partie de son prochain album qui devrait sortir courant de cette année. Espérons que cela soit le cas ! Et il nous remercie bien évidemment d’avoir assisté à son concert au lieu de « regarder Koh Lanta ».
Pour un premier live streaming, je dirai que l’expérience a été très positive. Malheureusement, elle a été quelque peu gâchée par les bugs de connexion qui coupaient certaines prestations par intermittence. Du coup, refaire un concert je dis oui. En live streaming, peut-être pas. Luc Arbogast est quelqu’un d’absolument talentueux, avec une voix si caractéristique et jamais il ne m’a déçu jusqu’alors. D’autres sessions live « Via Antika » sont prévues (dont la prochaine ne se déroule pas avant trois semaines, un mois), donc je ne vous dirai qu’une chose : allez-y ! Foncez le voir ! Et surtout Ultréïa !