Nordic Giants
J’ai découvert ce groupe en le voyant en tant que première partie de Solstafir. Et je suis vraiment très heureux de voir que la scène metal est assez ouverte d’esprit pour inviter des artistes dont le style n’est en rien comparable avec la tête d’affiche puisqu’il s’agit pour le cas, d’un genre de post-rock atmosphérique tribal légèrement électro sur les bords. Bien sûr on n’y retrouvera pas Nordic Giants en ouverture de Cannibal Corpse mais toute mesure gardée, c’est vraiment plaisant ! Et d’autant plus quand c’est pour découvrir une formation au talent aussi exceptionnel ! Et je pèse mes mots. J’ai donc écouté préalablement sur le net ce duo, Batteur-Guitariste (avec archer)/Clavier-mixage-Trompette grimé de plumes et de peintures corporelles façon chaman, me distiller une musique pure, vive en émotions, et chaleureusement froide (le genre qui s’écoute avec les rayons du soleil se reflétant sur la neige). Et le live fut une de mes plus grosses claques de concert. Tout simplement.
Ils opèrent donc à chaque extrémité de la scène, face à face, nous laissant le loisir de suivre des courts métrages sur rétroprojecteur, lesquelles reflètent l’ambiance musicale et sont même par moment adaptés aux rythmes et temps forts de la musique.
Et force est de constater que leur travail est tout à fait remarquable. La prestation commence, sans les artistes, avec une vidéo assez abstraite mais prenante de statue d’animaux recouverts de liquide noir (Bon ça rend rien du tout dit comme ça mais en vrai c’est quelque chose…) et le duo s’installe discrètement à sa place prêt à asséner une setlist absolument magnifique. J’ai été totalement envouté par les mélodies faisant monter progressivement la tension pour littéralement exploser à mes oreilles, me donnant le délectable sentiment que pour un instant seulement mon être a profondément saisi le sens du mot « Beauté ».
Un des plus merveilleux moments fut le deuxième titre « Mechanical Minds » où Nordic Giants font ce qu’ils savent faire de mieux. Le pianiste joue une mélodie légère et évocatrice, mise en rythme par le batteur qui se montre déchaîné sur son instrument, le tout rendu presque surréaliste par un jeu de lumière au stroboscope (Épileptique s’abstenir). Et la touche finale, un texte préenregistré qui s’articule en trois parties. Deux premiers couplets dictés avec résignement et soutenu par le piano, entre chaque partie instrumentale, et un dernier couplet en fin de montée de tension, avec une harangue révolutionnaire à donner des frissons, qui laisse place à une énième explosion musicale.
“You the people have the power ! The power to break machine ! You the people have the power ! The power to make this life a wonderfull adventure! Let us all unite!”
Voilà, le temps d’un set d’une quarantaine de minutes pour m’envoyer loin dans ma tête où rêve et réalité ne font qu’un.
C’est pas tout ça mais on me tire par l’épaule et me chuchote à l’oreille « J’ai hâte de voir Solstafir ! ». Ah oui, ce n’était que la première partie.
Setlist :
(Unknown)
Mechanical Minds
The Seed
Through a Lens Darkly
Néoténie
Together
Little Bird
(Unknown)
Outro
Solstafir
Après m’être remis de mes émotions avec une pause qui m’a permis d’aller faire le plein aux stands de merch et de boisson (oui le bar) les Islandais entrent en scène ! J’ai failli une fois de plus les rater, en cause un sold out plusieurs semaines avant l’événement ! Mais c’est bon ! Je suis au milieu d’un Nouveau Casino rempli et juste devant une demoiselle qui a passablement dépassé son seuil de tolérance à l’alcool et qui ne manquera pas, entre chaque titre, d’illustrer l’éternelle sagesse des gens beurrés comme des tartines.
Bref ! Le set démarre avec l’épilogue de « Masterpiece Of Bitterness » j’ai nommé « Nattfari ». La musique emplit la salle progressivement et ces premières minutes permettent au public de bien se mettre dans l’ambiance pour les uns et de finir une conversation pour les autres… Et on enchaîne sans préambule avec « Kold », qui ravira les fans des premiers albums. Ca y est on est dedans ! Le son est satisfaisant, la puissance des riffs est transmise avec brio et le chanteur nous envoute de sa voix si particulière. Entre violence mesurée et envolée lyrique voilà environ 10 premières minutes qui m’ont comblé !
S’ensuivent trois titres du dernier opus qui calmeront la dynamique installée au profit d’une ambiance plus aérienne. « Lagnaetti » est exécutée avec justesse et ferveur et si le bassiste, le batteur et le guitariste ont un jeu un peu timide, on pourra apprécier un jeu de scène agréable, sans être vraiment démonstratif, du chanteur qui, nous toisant de son regard perçant, nous gratifiera de quelques riffs de guitare joués le manche totalement à la verticale. Ok c’est pas extraordinaire mais ça m’a plu ! Vient ensuite « Nattmal », qui sera la parfaite occasion pour Aðalbjörn (le chanteur) de nous imposer un silence totale et réconfortant avant de débuter cette chanson lancinante. Presque bercé, je me réveille en voyant le guitariste troquer sa gratte contre un banjo, c’est l’heure d’ « Otta » ! Et ce sera ma seule petite déception. Le banjo peine à se faire entendre et le titre est, me semble-t-il, raccourci ce qui laisse une impression d’inachevé vraiment désagréable.
Je tiens à saluer la performance du batteur remplaçant, car oui le batteur de la formation est absent sur plusieurs dates, qui a assuré son taff avec un dévouement certain. Le titre suivant sera d’ailleurs l’occasion pour lui d’imposer un peu de rythme grâce à « Djakninn » qui a été l’apogée du concert pour moi. Tellement de puissance émane de ce son ! Malheureusement ici aussi, version légèrement écourtée mais le principal y est, en tout cas le principal pour bien prendre aux tripes !
S’ensuit un court monologue du chanteur qui doit s’interrompre pour réprimander sec ma « camarade de coup de coude dans le dos » de derrière avec un subtil « Can you please shut the fuck up ! » Et toc ! Le monologue reprend annonçant que la chanson suivante « Dagmal » est dédiée à une amie décédée. C’est sincère, vibrant d’émotion, et c’est en ravalant quelques sanglots qu’Aðalbjörn débute le titre. J’ai été touché.
Encore deux titres, « 78 Days In The Desert » et « Svartir Sandar » et c’est le rappel composé de la très attendu « Fjara » et « Goddess Of The Ages »
Au final un concert très réussi qui confirme ce que je redoutais, ce nouvel album se traduit par une représentation live très douce, et on sent bien que les titres des précédents opus sont là pour dynamiser le set. Et ce n’est en aucun cas désagréable !
Setlist:
Náttfari (intro)
Köld
Lágnætti
Rismál
Ótta
Þín Orð
Dagmál
Svartir Sandar
Djákninn
Fjara (rappel)
Goddess of the Ages (rappel)
Grymauch