Coucou, je vous ai manqué ? C’est moi, le type qui ne passe par là qu’une fois par an pour vous parler d’un festival qui n’intéresse que très peu les amateurs de pagan/folk metal !… Cependant, cela vous permet sans trop avoir besoin de fouiller l’accès à un petit résumé de ce qu’a été le Hellfest chaque année, quitte à laisser passer ce report pour revenir à des sujets plus essentiels. Mais puisque je suis là…
Il n’est pas nécessaire de revenir en détail sur chaque élément constituant l’événement français majeur de tout amateur de metal généraliste (incluant les plus ouverts d’entre vous), ni de relancer pour une énième fois un débat sur l’intérêt qu’il suscite, alors allons directement à l’essentiel : les nouveautés de l’agencement du site !
Un petit coup d’œil sur le plan nous permet déjà de constater la large ouverture de la Valley, octroyant aux amateurs de doom/stoner un espace ressemblant à une mini mainstage au prix du sacrifice de la Roue de Charon [œuvre d’art signée Peter Hudson importée l’année précédente du Burning Man, poursuivant ainsi son voyage vers d’autres sites]. Pour compenser son départ, une autre œuvre sortie des Machines de l’Île fait son apparition devant l’arche du Kingdom of Muscadet avec un an d’avance : la fameuse GARDIENNE DES TÉNÈBRES, qui bien qu’elle ne dispose pas de l’espace pour se mouvoir librement a étalé sa panoplie de mouvements mandibulaires et pyrotechniques! Une fois de plus, une bien belle pièce attribuée au talent de nos artistes locaux, qui nous a toutefois privés du chouette spectacle dispensé par les jongleurs et cracheurs de feu la nuit tombée autour d’un impressionnant brasier. Moins subtil, notons la disparition du format 25cl au bar, le choix se limitant maintenant à une pinte ou à un pichet [les prix n’ont pas encore augmenté de ce côté-là.]. On ne manquera pas une nouvelle fois de choix niveau restauration, et c’est sur ce point que je clôture ce court chapitre concernant le rafraîchissement des installations.
Car après tout, n’est pas pour la musique que nous nous entassons tous ici dans ces anciennes vignes chaque fin de juin ? Que le soleil nous crame la peau ou que la pluie imbibe nos vêtements telle qu’elle l’a fait samedi en début de soirée, les passionnés ne quittent pas pour autant leur poste afin de ne pas rater la performance de leurs favoris. Performances que personnellement, je vais regrouper en trois catégories, commençant par ce que j’appellerai le « minimum syndical », des groupes ne se fatiguant pas beaucoup pour sortir du lot : le prévisible KERRY KING n’arrivant pas à la cheville du rouleau compresseur dont il est issu (même remarque pour EINAR SOLBERG hors de Leprous), les trop calibrés BABYMETAL, un TOM MORELLO qui aurait mieux fait de se trouver un vrai chanteur ou de se cantonner à un style qu’il maîtrise mieux comme le blues, OFFSPRING toujours fun mais dont le set n’a pas dévié d’une seconde depuis leur dernier passage en 2022, et surtout METALLICA (sisi)! On ne peut pas dire que la grosse tête d’affiche hors de prix m’aura impressionné pour ma première expérience avec eux, alignant les morceaux comme on jette des cailloux dans la mare s’en tenant au minimum d’interaction possible entre eux ou avec leur public… Sans parler d’une grosse avancée de scène spécialement installée pour eux qu’ils utiliseront à peine (ben oui, la pluie ça mouille). Autre grosse déception, QUEENS OF THE STONE AGE et son leader Josh Homme complètement rincé (on ne se hasardera pas à tenter de deviner les substances ingérées avant la montée sur scène) encore plus minimalistes que leurs compatriotes, quelques « sing motherfuckers! » semblant satisfaire leurs maigres besoins d’échanger avec leur public… Déprimant !
Seconde catégorie : les sets classiques mais étonnamment accrocheurs, dans lesquels on va caser un bon paquet des vieux briscards du heavy! Que ce soit MEGADETH (Dave Mustaine n’a commencé à fatiguer sur « Holy Wars » à la fin, bien joué !), DARK TRANQUILLITY, SODOM (enfin le retour !), CRADLE OF FILTH, LOVEBITES (merci de redonner ses lettres de noblesse au metal japonais mesdames), LOFOFORA, STEEL PANTHER, AMORPHIS, MACHINE HEAD, ANVIL (avec un Lips usé mais vaillant), BLACK STONE CHERRY, STRATOVARIUS, ACCEPT, SAXON, BLUES PILLS, tous ces noms pour une majorité habituée à venir dans le coin qui n’ont pas failli à leur réputation, se permettant même de nous surprendre parfois [bravo Timo Kotipelto, je ne te pensais plus capable de tenir certaines notes aussi proprement !].
Et nous en arrivons à la meilleure catégorie : les shows qu’on n’oubliera pas de si tôt ! Vendredi, c’est FEAR FACTORY revenu au plus haut de sa forme qui m’a tout d’abord marqué, Burton C.Bell étant enfin capable de chanter correctement en clair (avec beaucoup de reverb certes) tout en bondissant d’un côté à l’autre de la scène. Le samedi étant ma journée (pas pour les four horsemen comme vous avez pu en juger), c’est déjà RHAPSODY OF FIRE et le tout simplement irréprochable Giacomo Voli qui ont mis le feu à la mainstage 2, sa voix impressionnante allant jusqu’à ramener un public curieux dans la fosse au fur et à mesure du set, bel exploit pour du power! Mais les anciens d’EXTREME n’ont pas été moins flamboyants, le duo Bettancourt/Cherone dont la complicité évidente est un régal pour les yeux nous ayant gratifié d’un show explosif à base de poses héroïques et de démonstrations techniques (Nuno tu es incroyable) dignes de leur carrière. Mais YNGWIE MALMSTEEN avait su montrer juste avant qu’il reste le plus véloce et le plus pointilleux des guitar heros de sa génération, tout en affichant une joie de vivre et poses improbables sans s’arrêter de jouer, accompagné en plus de cela par un claviériste à la voix percutante qui nous reprendra haut la main des hits pourtant compliqués comme « I See The Light Tonight » ou « Seventh Sign »! Que dire du légendaire frontman de Maiden BRUCE DICKINSON, étant parvenu à se montrer encore plus captivant sur cette même scène que sa formation mythique grâce à son heavy metal musclé. Sa complicité avec son équipe actuelle fait aussi bien plaisir, chose que je n’allais malheureusement absolument pas retrouver chez les gros vendeurs américains juste après. Dimanche se pointe déjà, et après que COREY TAYLOR nous aura montré une fois de plus qu’il n’est pas que le chanteur de Slipknot (et StoneSour) en nous délivrant une prestation chaleureuse pleine d’émotions sincères et de riffs efficaces, ça sera au tour d’une programmation inédite de mettre le point final à cette édition avec brio ! L’ex-Nirvana Dave Grohl s’est mis en tête de laisser une marque profonde des FOO FIGHTERS dans l’esprit des spectateurs comme moi qui ne les ont jamais vus, et je pense que c’est mission accomplie. Outre une setlist ponctuée aléatoirement de succès (couillu d’attaquer avec « All My Life » et de balancer leur plus gros hit « My Hero » après seulement 3/4 d’heure de jeu), c’est surtout l’énergie dépensée sans retenue par Dave qui impressionne, ce dernier éructant ses paroles plus qu’il ne les chante comme pour s’adapter à son public. La chemise est mouillée en à peine dix minutes et la pression ne sera relâchée que sur le dernier riff, quelques sucreries comme ce jam/medley en hommage à Black Sabbath venant parfois calmer la tension jusqu’au hit suivant ! Lui aussi aime interagir avec ses musiciens et ne s’en prive pas, tout le monde (public inclus) affichant une banane permanente jusqu’au dernier single « Everlong » et des salutations marquant la fin de quatre jours de festivités métalliques libératrices.
Le Hellfest représente tout un tas de choses différentes en fonction des gens, mais pour moi, voici exactement ce qu’il représente : un gros week-end de relâchement sous le signe de la culture qui me sauve de la morosité de la vie : le Metal, au sens le plus large du terme. Car bien que comme la programmation de cette année l’a montrée le Rock dit mainstream s’installe de plus en plus dans cet espace autrefois entièrement dédié à une musique alternative (peut-on encore la qualifier ainsi de nos jours ?), le Metal le plus underground a encore sa place en ce lieu, et j’aurais pu aller à loisir me péter la nuque sur SUFFOCATION ou I AM MORBID sinon planer sur TIAMAT ou CROSSES si je n’avais pas eu envie de voir ce que donnaient les têtes d’affiche FM de dimanche (j’ai par exemple découvert ROYAL BLOOD que je ne connaissais que de nom : j’ai détesté !). Tous les choix restent encore possibles, alors ne nous concentrons pas tel qu’Internet le fait souvent sur les détails qui nous déplaisent et profitons plutôt de ceux qui nous enjaillent pour recharger nos batteries jusqu’à la saison prochaine !
Yroenn (merci à notre serial guest chroniqueur pour le Hellfest ! )