Le samedi 20 mai 2017 se tenait une date placée sous le signe du post-rock/metal à Paris, plus précisément au Batofar dans le XIIIème arrondissement, avec en tête d’affiche les Brésiliens de Labirinto, accompagnés de Lost in Kiev et Pray for Sound.
Il est 20H, et ça ne se bouscule pas encore beaucoup dans la salle au moment où les cinq membres de Pray for Sound commencent à jouer. La principale particularité du groupe provient de son membre fondateur, Bruce Malley, puisque celui-ci est atteint d’une maladie de l’oreille appelée « cholestéatome » (forme d’otite chronique). Là où d’autres musiciens auraient vécu cela comme une fatalité, Bruce en a au contraire fait une force, et surtout, sa principale source d’inspiration, pour ainsi traduire ces émotions extrêmement fortes par le biais d’un post-rock instrumental.
Le set débute sur des titres issus du premier et du deuxième albums, respectivement « Stereophonic » de Monophonic et « Decayer » de Dreamer. Tout le reste du set est consacré au dernier album sorti l’an dernier, Everything Is Beautiful. Les titres sont assez souvent évocateurs, puisqu’ils font soit référence aux sens (essentiellement l’ouïe), ou véhiculent les notions d’espoir et de contemplation.
Pray for Sound joue du post-rock dans les règles de l’art, où passages atmosphériques et phases plus énervées s’alternent, à l’instar de formations telles qu’Explosions in the Sky ou Mogwai. On sent que les musiciens sont très impliqués, et tentent autant que possible de créer un lien avec le public, malgré la barrière de la langue. Voilà une demi-heure qui est passée bien vite !
SETLIST : Stereophonic / Decayer / They Gave Up Looking / Everywhere, Everywhere / Congratulations, You’re Alive / I Have Seen Hell And It’s White
Je commence à être une habituée des lives de Lost in Kiev, puisque c’est maintenant la quatrième fois que je les vois depuis fin 2015. Il faut dire qu’il faut vraiment le vouloir pour les louper, puisqu’en plus d’être comme moi originaires de région parisienne, ces derniers se produisent très régulièrement en live, que ce soit dans la capitale, en province, et même dans les pays voisins ! En tout cas, j’étais très contente de les découvrir à l’affiche en première partie de Labirinto, car le groupe fait à mon sens partie des valeurs sures pour ce qui est du post-rock en live.
Et sans surprise, cette fois encore, je n’ai pas été déçue ! Lost in Kiev officie également dans le post-rock, mais la frontière avec le post-hardcore est très mince. En plus des synthés et des samples qui apportent une touche électronique aux compositions, Lost in Kiev tire son épingle du jeu en rendant chacune des prestations scéniques plus attrayantes grâce à des effets visuels.
La majorité du set est consacrée au dernier album en date, Nuit Noire, mais le groupe nous joue également en exclusivité un nouveau morceau qu’est la reprise du thème principal de « Mr Robot ». Le show s’achèvera sur « Under Close Surveillance », extrait du premier album Motions.
SETLIST : Narcosis / Mirrors / Nuit Noire / Somnipathy / Mister Robot Thème cover / Under Close Surveillance
Je ne connaissais pas encore les Sud-Américains de Labirinto lorsque ces derniers sont venus pour la première fois à Paris il y a deux ans. Il s’agit pourtant d’une des formations post-rock/metal les plus renommées d’Amérique du Sud, et dont la réputation a atteint les côtes européennes et nord-américaines, ce n’est pas rien tout de même !
Pour cette tournée européenne, les quatre membres permanents sont accompagnés de deux autres musiciens. Rien que le line-up est impressionnant. Déjà parce qu’il y a une femme à la batterie, et celle-ci en impose carrément ; et aussi grâce à la maîtrise de plusieurs instruments par certains musiciens (essentiellement les guitares et les percussions). Le final était d’ailleurs très intense, lorsque deux des guitaristes se sont joints à la batteuse pour jouer des percussions, qui apportaient d’ailleurs une dimension presque tribale à la musique. C’était également très inattendu de voir l’un des guitaristes jouer de son instrument avec un archer de violon sur l’un des morceaux !
Les trois premiers albums de Labirinto étaient davantage orientés vers le post-rock, mais le dernier en date, Gehenna, s’est révélé plus expérimental et post-metal. Le groupe a joué ce soir l’intégralité de ce dernier, et l’ambiance s’est de ce fait montrée assez pesante et sombre. Rien à voir avec les compositions lumineuses des premiers albums ! C’est justement dommage de n’avoir entendu aucun titre des opus précédents, mais au moins, il y avait une uniformité tout au long du set.
Au bout d’un peu plus d’une heure, le show touche à sa fin, et je suis agréablement surprise lorsque l’un des musiciens s’adresse à nous et nous remercie en français. Une soirée mettant à l’honneur un seul style, mais avec trois groupes présentant une facette différente, c’était finalement assez varié ! Merci à eux ainsi qu’à l’équipe du Batofar pour ce très bon moment !
SETLIST : Mal Sacré / Aung Suu / Enoch& Qumran / Avernus & Aludra / Alamut
Fée Verte