7 Mars. Nous sommes à Dijon pour Gallia Comata et une nuit placée sous le signe du folk metal. L’occasion pour nous d’aller discuter un peu avec Arkadius, guitariste et vocaliste de Suidakra.
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Salut Akki, on est à Dijon ce soir pour la première édition de Gallia Comata. Ca fait un moment depuis que vous avez joué pour la dernière fois en France, je crois que c’était pour le Heidenfest 2013 ?
Oui, c’est ça.
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Pourquoi vous n’êtes pas revenus plus tôt ?
[soupir] Parce que l’an dernier une opportunité s’est présentée, je veux dire qu’on était censés jouer ici (Gallia Comata devait avoir lieu en Novembre 2014 à la base) en Novembre, mais on a du annuler le concert car on a eu des soucis de planning et des choses du genre, donc on a du tout déplacer. On a de la chance d’être de retour ici.
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Et il n’y a pas d’autres dates…
Pour cette année ?
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En France…
Non, car l’écriture du nouvel album nous prend du temps, donc on ne fera pas d’autres shows cette année, juste quelques festivals. On a besoin de temps pour l’écriture des chansons.
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Une chose à la fois !
Oui. En fait on est un peu éclatés à travers toute l’Allemagne tu sais, donc pour écrire de nouvelles chansons, on doit trouver un moyen de se réunir au milieu, et ce moment est primordial.
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Parle nous du nouvel album un peu !
Pour le moment, la seule chose que je peux dévoiler, c’est le titre qui est Realms of Odoric. C’est le même titre que mon projet avec Kris Verwimp et c’est basé sur le même… c’est une histoire de fantasy, la base n’est pas celtique ou écossaise comme on a pu le faire par le passé. La seule chose que je puisse vous dire pour l’instant c’est qu’on a presque fini 4 chansons ou quelque chose du genre, et il y a de nouveaux éléments comme sur chaque album de Suidakra. On attend toujours les paroles de la part de Kris. On jouera des chansons avec Tina encore une fois, et il y aura Alex à la cornemuse… et peut-être encore d’autres surprises.
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Donc vous ne savez pas quand l’album sortira ?
Le planning actuellement, c’est de rentrer en studio en Décembre ou à la fin de l’année, donc logiquement l’album est pour l’année prochaine.
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Tu as parlé de Realms of Odoric. Je pense que beaucoup de fans de Suidakra ne connaissent pas ton projet, tu pourrais leur présenter brièvement ?
Realms of Odoric est une idée de Kris Verwimp. J’ai composé quelques instrumentaux, et en fait Realms of Odoric est une histoire très ancienne par Kris. Il écrivait dans un comic book et autres dans les années 90, et puis il m’a demandé si je serais intéressé pour faire des chansons pour aller avec ses dessins car il voulait tout refaire, pas juste le modifier un peu pour le faire paraître nouveau. Ceci parce que sa manière de peindre a changé : si on compare ses productions des années 90 avec celles qu’il fait maintenant, on peut voir qu’il a évolué en tant qu’artiste. Donc j’ai dit oui et on a débuté le travail. L’histoire se déroule dans un monde de fantasy, peuplé de nombreuses créatures. Toutes ces créatures sont plus ou moins basées sur des faits historiques tels que les Celtes Romains, mais au final ça reste de la fantasy.
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C’est un projet très intéressant !
Oui. C’est très détaillé, très fourni. Je ne me risquerai pas à le comparer au Seigneur des Anneaux, mais on peut dire que le concept de base y ressemble un peu : un monde entier avec de nombreuses histoires, de nombreuses tribus…
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Je voulais te demander quelque chose de plus général maintenant à propos de ta vision de la scène folk metal : d’un côté celle-ci se développe et il y a de plus en plus de monde qui s’intéresse à cette scène, de l’autre côté, le nombre de gens la critiquant croît énormément aussi… Qu’est-ce que tu en penses ?
Pour être honnête, je n’ai pas vraiment d’avis tranché sur la question, car ce genre de débat ne m’intéresse pas, cette catégorisation non plus, ce sont des modes. Le truc c’est que… ce que j’ai vu c’est que pour moi on recule depuis quelques années : la scène folk metal n’est pas aussi importante qu’il y a quelques années. C’est mon ressenti mais tu sais, on a toujours fait notre truc dans notre coin, et ce depuis les années 90. En 1997 on avait bien cette influence folk… On ne s’est jamais considérés comme un groupe de folk metal. On a toujours été un groupe de death mélodique avec des influences ou éléments folk. Donc bien sûr, on faisait partie de cette scène, grâce à laquelle on est devenus connus, mais on ne s’est jamais vus comme des paganeux ou quoi que ce soit du genre.
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Et il y a des groupes que tu aimes en particulier : des jeunes groupes ou…
Il y en a des tonnes, mais tu veux dire dans le folk metal ou en général ?
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Oui, dans le folk metal !
Il n’y a pas vraiment de jeunes groupes, j’aime certaines chansons d’Ensiferum avec qui on a tourné, et il y en a des plus gros comme Eluveitie qui ont une ou deux chansons sympa… Mais j’écoute aussi beaucoup de choses différentes donc je ne suis pas vraiment pagan.
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Tu parlais d’Ensiferum. Comment tu expliquerais ça : vous êtes un groupe anncien, je veux dire par là que ça fait des années que vous êtes là, avant même Ensiferum vous existiez, mais vous restez un peu « underground » dans une certaine mesure si je peux m’exprimer ainsi, pourquoi ça ?
Bonne question ! [rires] Je ne sais pas, peut-être c’est justement à cause du fait qu’on a refusé de rester dans ces clichés parce qu’on avait pas d’armures ou de warpaints… Bien entendu, on a ces éléments, on a des côtés celtiques, mais on ne porte pas de kilts ou autres trucs du genre pour autant.
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Vous avez des projets de tournée pour quand l’album sera sorti ?
Bien sûr, mais j’ai réalisé il y a quelques temps, que la scène musicale est de plus en plus difficile, donc c’est aussi plus compliqué pour les groupes de se faire programmer car le marché est un peu : la vente d’albums est en chute libre, donc les groupes essaient de se faire un peu d’argent en donnant des concerts. Il y a tellement de groupes qui essaient de faire des tournées… Ca en devient plus difficile évidemment, mais on est en discussion avec de nombreux festivals, bookers, organisateurs de shows. Peut-être même le Paganfest, mais rien n’est confirmé pour le moment.
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Ca serait cool ! A propos de vos tournées : vous faites des concerts dans des endroits auxquels bien d’autres groupes ne penseraient même pas, l’Inde par exemple… Ce sont les gens de ces pays qui vous demandent ?
Oui. Pour une raison inconnue… On a été très surpris nous-mêmes, car quand tu vis en Europe, tu n’as pas de retours ou tu ne sais pas à quoi ressemble ta fanbase dans des pays comme ça. Quand on est allés en Inde faire un concert pour la première fois, on ne savait pas à quoi s’attendre, on ne savait même pas qu’il y existait une scène metal… Mais on a décidé d’y aller quand même, sans avoir d’attentes particulières, et il y a eu tellement de gens qui chantaient les paroles de nos chansons avec nous, même sur Ixth Legion, j’étais « whatt the fuck ? ». J’ai été très surpris, et oui ils ont invité Suidakra car ils voulaient nous voir. La première fois qu’on est allés en Inde, il y a une très grosse université, et les élèves de cette université ont pu choisir quel groupe ils voulaient inviter. Un groupe d’envergure internationale. Ils ont choisi Suidakra. Ca a été une expérience très intense, il y avait des milliers de personnes ! C’est un monde totalement différent.
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Tu as dit que Dijon était votre seule date en France. Pourquoi vous avez choisi cette date en particulier ?
Le choix n’a pas vraiment été de notre fait : en général quand on est bookés, on nous demande juste si on peut jouer un shows à telle date : tout concordait donc on a dit oui. Il ne faut pas chercher plus loin, rien de très spécial.
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Est-ce que tu as l’impression qu’il y a une ambiance particulière pour les soirées folk metal comme celle-ci ? Par exemple pour Gallia Comata, il y a des gens qui sont venus de toute la France pour vous voir ce soir.
L’ambiance… C’est très compliqué pour moi de répondre à cette question car je ne suis pas vraiment impliqué dans cette scène, mais je l’ai remarquée sur le Heidenfest par exemple, ou lors de notre tournée avec Orphaned Land en 2010, on y avait joué quelques concerts en France, et j’avais réalisé que dans le Nord aussi il y a beaucoup de fans de folk metal, en Normandie par exemple, ou en Bretagne : ils sont en quelque sorte connectés à ce côté folk/pagan : bien sûr les Celtes étaient installés dans cette partie de la France, mais oui j’y avais perçu un intérêt particulier.
[s’ensuit une discussion à propos de la tournée avec Orphaned Land]
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Tu as quelque chose à dire à vos fans français en général ? Tous ceux qui n’ont pas pu venir ce soir ?
Ohhh bande de bâtards [rires] J’espère que vous appréciez le show télévisé… Je dis la même chose à tous nos fans : on est très heureux de tout ce qu’on peut faire, et on dit merci à tous les fans pour leur soutien quelle que soit la forme que prenne celui-ci : s’ils achètent des Cds, s’ils viennent aux concerts. On espère vous voir sur tout ce qu’on prévoit de faire, et on viendra vous botter le cul !
- Un grand merci à toi Akki, on espère vous revoir très vite dans le coin!
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