L’on oublie trop souvent que la scène black atmo australienne a, au même titre que ses paires européens (et plus particulièrement scandinaves), de quoi convaincre les adeptes du genre. Woods of Desolation et Austere sont sans conteste les plus emblématiques, mais il y a aussi des formations moins renommées telles que Germ, Autumn’s Dawn … et un petit nouveau, Inclemency !
Et c’est ce dernier qui fera l’objet de cette chronique, avec un tout premier album éponyme sorti au début de l’année via Northern Silence Productions. Inclemency a été formé en 2013 à Sydney par deux membres du projet black Bleakwood, Vanessa Gentle à la basse et Brad Gentle aux guitares et au chant. Ils sont accompagnés d’un certain Tim Yatras, batteur de Germ, d’Autumn’s Dawn, et anciennement d’Austere. Comme quoi, le black atmo australien, c’est comme une grande famille !
Inclemency est un album concept explorant les émotions et pensées d’un homme qui s’est retrouvé projeté à terre lors d’une nuit sans étoiles, après un long sommeil et sans savoir comment il fut arrivé là. C’est au milieu des vagues violentes et turbulentes de l’ouest, de l’impénétrable foret de l’ouest, et des falaises, que cet homme accepte sa situation et son destin, dans un enfer infini, qui, sous une autre lumière, ressemblerait au paradis.
Les thèmes abordés ne sont pas intrinsèquement religieux, mais l’on retrouve avec parcimonie dans les paroles une allégorie religieuse décrivant une forte idée culturelle du châtiment reçu pour de mauvais actes, autrement dit, du karma. Musicalement, Inclemency cherche à créer une certaine beauté au milieu du chaos.
Le contexte étant posé, il est déjà bien plus aisé de comprendre certains éléments de la musique d’Inclemency. L’un d’eux pourrait d’ailleurs déconcerter certains auditeurs, et cet élément en question, c’est le chant. En effet, celui-ci prend très souvent la forme de vocaux black torturés (comme on en retrouve la plupart du temps dans le DSBM) et étouffés, voire inintelligibles. Le morceau le plus représentatif est sans nul doute « Vapours » lors d’un bridge acoustique dans lequel le chant semble comme noyé dans ces vagues que l’on entend régulièrement tout au long de l’album.
Les morceaux qui composent Inclemency oscillent entre passages typés post-rock, doux, calmes et mélancoliques qui pourraient par moments nous évoquer Agalloch, et passages post-black plus pêchus avec des riffs rapides et tumultueux rappelant Alcest. L’on retrouverait même dans quelques accords et distorsions des petits accents floydiens, notamment dans « Of Heart and Hands », « Blessed by the Sin » et « Monuments ». Les guitares lead et rythmique se livrent un duel acharné et semblent se répondre, comme dans « The Salt and the Wind and the Cold » par exemple.
L’on retiendra plus particulièrement « Vapours » avec ses magnifiques envolées de la guitare, l’interlude instrumental « Midnight Memories of Times Long Forgotten » mêlant le calme des deux guitares à la mélancolie du violon, ainsi que la pièce finale « Monuments », morceau ambiant, mélancolique et cinématographique mettant en valeur le piano et le violon.
En somme, passé l’obstacle du chant qui pourrait en rebuter certains, Inclemency nous livre un premier album prometteur, à la fois violent, mélodique, mélancolique qui agit comme une catharsis sur l’auditeur.
Fée Verte
7.5/10
Tracklist :
- Of Heart and Hands
- A Frameless Mirror
- The Salt and the Wind and the Cold
- Vapours
- Midnight Memories of Time
- Blessed by the Sin
- Acceptance
- Monuments
Sortie le 30/01/2016
Liens du groupe :
https://inclemency.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/InclemencyBand/?fref=ts