« Ces montagnes qui sont si hautes m’empêchent de voir où sont mes amours »…C’est joli n’est-ce pas ? 🙂
Aller maintenant, je vous la fait en VO :
« Aquelas montanhas
Que tan nautas son
M’empachan de veire
Mas amors ont son. »
Les Occitans qui lisent cette chronique doivent être ravis qu’on évoque « Se Canta », hymne de cette région bien française et ça tombe bien , puisque Hantaoma est la raison pour laquelle je vous chante en occitan…Hum, enfin il vaut mieux que ça reste écrit ! 😀
Quelques mots sur Hantaoma :
Hantaoma est un groupe de folk/thrash metal originaire de Tarbes (Midi-Pyrénées) et formé en 1997 par deux musiciens de Stille Volk. Ils sortent leur premier album, « Malombra », en 2005 qui est déjà accueilli très favorablement par la presse spécialisée.
Mais n’oublions pas que les 2 membres fondateurs sont occupés par Stille Volk, ce qui fait qu’on n’entend plus trop parler d’eux pendant plusieurs années…Jusqu’à cette année (2018), année de sortie de leur deuxième album « Malamòrt » qui vient de paraître il y a quelques semaines.
L’album :
On comprend pourquoi Hantaoma a suscité un certain enthousiasme lors de la sortie de leur premier album, et pour cause : il n’existe aucun équivalent ! Alors quel est le secret de leur réussite ? Quelle est cette potion magique ?
On commence avec « Lo reine del negre » sur guitares acoustiques et mandoline suivis par la basse et la batterie qui prennent le dessus. Première constatation (et pas des moindres) : le chant est diversifié. Bien que le chant thrash reste le chant principal de tout l’album, il est surprenant d’entendre du chant occitan qui se caractérise par une polyphonie des voix. Cela dégage ainsi une puissance sans égal et créé même presque des ambiances atmosphériques, comme pour « Tres pèiras ».
Il faut également noter que pour mettre en avant cette tradition occitane, le groupe écrit ses textes en occitan. A l’heure où les plus pessimistes prédisent la fin progressive des langues régionales, on peut saluer ces initiatives qui font au contraire vivre le patrimoine français !
Et que dire de la partie metal qui est une des forces majeures de l’album ? Le groupe revendique plusieurs influences, comme le thrash metal (« Los Dracons »), le folk metal bien sûr, mais surtout le black metal, comme le prouve « L’alba del drac » par son intensité rythmique. En s’ouvrant à divers styles, le groupe se forge alors une identité propre. Et cela fait du bien, lorsqu’on fait le constat d’un secteur musical mondial (tous styles confondus) assez « formaté ». (même s’il faut avouer que ce terme n’est pas très approprié pour le metal…)
Bien sûr, étant un groupe de folk metal, le groupe n’oublie pas pour autant les instruments traditionnels qui sont nombreux. On peut ainsi noter la présence de la vielle à roue (« Indemoniata »), la bombarde (« Sortilegi »), la cornemuse (« Frej Eternal ») et bien d’autres…Ceux-ci, en plus de renforcer l’identité de Hantaoma, permettent à l’auditeur de vraiment être en Occitanie au Moyen-âge, à contempler les châteaux cathares et les montagnes aux alentours. En bref, on voyage !
Treize ans d’attente, ça valait le coup ! L’album reste sans conteste une des plus belles surprises de cette année. Maintenant, on comprend mieux pourquoi Hantaoma réussit à cultiver sa différence et à susciter autant d’engouement. En mélangeant la tradition occitane avec une musique plus moderne qu’est le metal, Hantaoma prouve qu’il est un OCNI. (Objet Chantant Non Identifié) D’ailleurs si on change et rajoute quelques lettres, ça fait…Occitanie.
Note : 10/10
Tracklist :
- Lo reine del negre
- Los dracons
- Marcamal
- Las trébas del castel
- L’alba del drac
- Tres pèiras
- Frej Eternal
- Sortilegi
- Indemoniata
- Mèstres del boès e mèstres de la luna
Extrait de l’album :