Le 21 mai 2016 paraissait Titanomachy (dont vous pouvez lire les impressions de ma consœur Fée Verte en cliquant ici), le premier album des Parisiens de Gorgon. Celui-ci avait agréablement surpris bon nombre de critiques, tant la barre était placée très haute pour un groupe qui n’existe que depuis 2013.
Le défi de faire « l’après » semblait grand, mais visiblement pas impossible, puisque leur deuxième album Elegy vient d’être publié le 18 janvier dernier, cette fois-ci sous le label Dusktone.
L’album démarre plutôt logiquement avec « Origins » avec les gros riffs en tremolo et la batterie plutôt galopante avant que cela s’enchaîne, les orchestrations et le bouzouki accompagnant l’ensemble.
Déjà, nous pouvons remarquer une variation dans le style, notamment au niveau des riffs. Contrairement à Titanomachy, les riffs sont dans la majorité plus typés black metal, ce qui nous fait presque penser à Dimmu Borgir, mais en version grecque… C’est également le chant qui est impacté par cette variation de style. Ici, il se veut beaucoup plus profond, plus caverneux et donc moins proche de Petri Lindroos (Ensiferum) comme de nombreuses critiques l’ont fait remarquer.
L’adjectif qui qualifie le mieux l’album est « apocalyptique », tant les chansons s’enchaînent à un rythme intense. La batterie y est pour quelque chose, puisqu’on assiste à de vrais déchaînements de folie destructrice, comme on peut l’entendre pour « Nemesis » ou bien « The Plagues ». Dans cet album, la batterie a été beaucoup plus mis en avant, pour accentuer le côté bourrin qui est une des clés de réussite de Gorgon. En un mot…c’est badass p*** !
Mais ce qui nous frappe encore plus, ce sont les mélodies. Gorgon nous avait laissés avec des chansons plutôt typées « death symphonique épique », donc qui nous font plonger dans l’univers des musiques des gros blockbusters (à la sauce Hans Zimmer et compagnie) avec les orchestrations épiques qui vont avec.
Ici, ce sont les sonorités orientales/balkaniques qui sont beaucoup plus marquées que précédemment, et donc plus assumées. On se sent presque plongé dans la Grèce antique, dans un monde semi-apocalyptique où les gens courent dans les rues se cacher des grandes créatures qui cherchent à tout broyer sur leur passage, comme le Kraken face à Persée.
Les mélodies accouplées aux gros riffs sont telles qu’elles donnent presque envie de faire la danse du ventre, comme pour « Into the Abyss » où on entend également en fond ce qui est presque nouveau : une voix féminine. Le groupe a fait appel à Safa Heraghi, une chanteuse tunisienne qui réussit le tour de passe de nous plonger encore plus dans cet univers qu’on a évoqué plus haut, et qui surtout rajoute de l’émotion. Cela s’entend notamment sur le titre éponyme « Elegy ».
Ainsi, le pari était très risqué de prendre une nouvelle direction musicale plus orientée black metal symphonique, mais que reste t-il du Gorgon qu’on connaît ? Les orchestrations pardi ! Celles-ci sont bien là, comme le démontre « Ishassara », où on reconnaît directement les fameux gros cuivres et les cordes qui ont fait la renommée du groupe. Même si ce sont les riffs et la batterie qui font office de figures de proue, l’album reste tout de même dans la lignée de ce que faisait Gorgon jusqu’à présent…
Faire d’un album une « belle violence » (oui, j’aime bien placer des oxymores…;)) nécessite une certaine recette que peu de groupes connaissent. On peut aisément rajouter Gorgon dans ce cercle très fermé. Brutal, mais aux mélodies ciselées, travaillées et surtout très prenantes, Elegy est certainement une sacrée surprise pour cette nouvelle année 2019 qui ne fait que démarrer…Stay Olympian !
Note : 9.5/10
Tracklist :
- Origins
- Under a Bleeding Moon
- Nemesis
- The Plagues
- Into the Abyss
- Ishassara
- Of Divinity & Flesh
- Elegy
Extrait de l’album :