Cela fait maintenant quatre ans que je me rends de temps en temps à l’étranger (notamment en Allemagne) pour assister à des concerts et à des festivals. Et pourtant, malgré une certaine proximité avec la Belgique, je n’avais encore jamais eu l’occasion de faire le déplacement jusqu’au Plat Pays pour un concert. Ce qui m’a décidée à y remédier ? Le No Labour Day, qui comme son nom l’indique, avait lieu hier, mercredi 1er mai, à Aalst, ville flamande située à une demi-heure en train de Bruxelles. Pour la modique somme de 11€68 (oui c’est précis), les associations BE Metal et GRIMM Gent organisaient en partenariat une affiche alléchante pour les amateurs d’ « Atmospheric/Post-black Metal », avec au programme Sylvaine, Enisum, Drawn Into Descent et Soul Dissolution. A noter qu’Enisum et Drawn Into Descent étaient de passage à Aalst dans le cadre du « Moth’s Illusion Tour ». Ayant particulièrement aimé le dernier album de la formation italienne, je n’avais qu’une envie : revoir le groupe et découvrir ses nouveaux morceaux en live.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à prendre le bus hier midi à Paris, direction Bruxelles. J’arrive à la gare du Midi un peu avant 16h, et prends un train qui me mènera jusqu’à Aalst. Mon collègue Nidhögg m’y attendait de pied ferme, et à mon arrivée, nous en avons profité pour nous promener dans le centre-ville, et pour savourer une bonne bière en terrasse (la Triple Karmeliet à 3€70, miam miam miam !). Nous arrivons devant la salle portant le nom de « Cinema » peu après l’ouverture des portes aux alentours de 18h30. Une fois à l’intérieur, nous découvrons tout d’abord l’espace merch’ (où je ferai plusieurs aller-retours dans la soirée afin de me procurer les vinyles de Drawn Into Descent et de Soul Dissolution, ainsi qu’un t-shirt de Sylvaine), puis la salle de concert. Celle-ci doit à vue d’œil accueillir au maximum 250 personnes, et comporte un étage d’où l’on pouvait également assister au concert, et où la tatoueuse Miss Pinky proposait ses dessins ce soir-là. Cependant, à notre arrivée, la salle est encore loin d’être comble, et elle ne se remplira pas beaucoup plus au fil de la soirée. Qu’importe, les vrais fans sont là, et c’est le principal ! En revanche, en ce qui concerne la scène, celle-ci est assez haute, de quoi se chopper un torticolis si l’on tient à son premier rang.
Une demi-heure plus tard, nous découvrons Soul Dissolution, qui nous offrent ce soir leur troisième concert (qui selon le guitariste Boris, aura été leur meilleur jusqu’à maintenant, mais j’y reviendrai) ! Il s’agit initialement d’un duo composé de Jabawock et d’Acharan, mais sur scène, la formation belge prend la forme d’un quintet, composé d’un chanteur, de deux guitaristes, d’un batteur et d’une bassiste. Excepté le guitariste lead qui est wallon, tous les autres membres sont flamands.
Jusqu’à ce qu’il commence à chanter, le chanteur principal tourne le dos au public (tiens, cela me rappelle un certain Jimbo d’Harakiri for the Sky …). Les lumières sont bleutées, afin de renforcer le côté atmosphérique de la musique (ce fut le cas d’ailleurs également pour les trois concerts suivants). Les morceaux sont assez longs (entre sept et douze minutes), et le groupe ne pourra interpréter que quatre morceaux en trois-quarts d’heure. Le guitariste lead plaisantera justement à ce sujet en annonçant le dernier morceau du set, « on arrive déjà au dernier morceau, mais c’est un morceau long » (Coucou Moonsorrow). La setlist fait place aux morceaux les plus récents du groupe, datant de l’an dernier, les trois premiers étant extraits de son deuxième album Stardust, et le dernier issu de l’EP Nowhere.
Bien que les mélodies de la guitare lead étaient vraiment très belles, celle-ci avait tendance à couvrir un peu trop les autres éléments (notamment les voix). Malgré cela, la découverte fut très bonne en live, le groupe nous a proposé un Post-Black atmosphérique à la fois épique et mélancolique, à la croisée d’Alcest et d’Agalloch (deux influences majeures pour le groupe). Personnellement, j’ai également noté un petit côté HFTS par moments (même dans l’attitude du chanteur, qui tournait le dos au public de temps à autre). On pouvait aussi déceler une influence Doom (notamment dans « Fading Darkness »). Le chant était exclusivement hurlé, et le guitariste lead secondait le chanteur principal de son growl plus caverneux. Celui-ci endossait également le rôle de frontman, en annonçant les différents morceaux. Vous vous en doutez, comme je l’ai mentionné plus haut, j’ai tellement apprécié le live du groupe que je me suis empressée au bout de ces quarante-cinq minutes intenses d’acheter l’album Stardust en vinyle (et dans sa version « Blue splatter » s’il vous plait !).
SETLIST : Circle of Torment / Stardust / The Last Farewell / Fading Darkness
Après avoir profité d’un morceau de Septicflesh diffusé dans la salle (c’était de circonstance dans la mesure où la formation grecque achevait tout juste sa tournée européenne), je suis fin prête pour faire une nouvelle (bonne, je l’espère) découverte-live, avec les Drawn Into Descent, également flamands d’origine. Le groupe entre en scène avec un peu de retard (dix minutes). DID prend la forme d’un quartet, composé d’un chanteur/guitariste rythmique, d’un bassiste, d’un guitariste lead et d’un batteur.
Comme pour Soul Dissolution, les morceaux interprétés sont d’une longueur considérable, entre neuf et onze minutes. Le groupe se focalisera en premier lieu sur son deuxième album The Endless Endeavour sorti le 15 mars dernier chez Avantgarde Music (même label que pour Enisum soit dit en passant), puis clôturera le set sur « Solitude », extrait du premier album éponyme.
Dès le premier morceau « Wither », force est de constater que nous gagnons d’un cran en agressivité, avec un Black atmosphérique bien bourrin, assez semblable à celui d’Enisum (ère pré-Moth’s Illusion cependant). Toutefois, la musique du groupe est teintée d’éléments post-rock et blackgaze à la Alcest ère Écailles de Lune (oui je sais, la frontière est très mince entre les trois styles, mais il existe bel et bien des nuances entre chacun d’eux). Les morceaux sont majoritairement instrumentaux, mais on peut noter ici et là un chant plus criard et torturé que pour Soul Dissolution. Cela m’étonnerait fortement que Drawn Into Descent s’inspire de ce groupe, mais dans l’idée, cela m’a un peu fait penser au groupe russe Sivyj Yar. Malgré un manque d’interaction avec le public, ce fut tout de même un très bon set. Et encore un vinyle ajouté à la collection ! A ce propos, j’étais ravie de me procurer la version bleue, car sur le Bandcamp d’Avantgarde Music, celle-ci était épuisée. Rien que pour ça, cela valait le coup de venir !
SETLIST : Wither / The Endless Endeavour / Dystopia / Solitude
Le retard sur le running order continue de s’accumuler, et après plusieurs longues minutes de patience, Enisum entre enfin en scène. Pendant les balances, on installe une branche d’arbre au milieu de la scène, à laquelle est accroché le micro. Deux chandeliers à trois branches sont également disposés de chaque côté de la scène, et le chanteur/guitariste Lys fait brûler de l’encens. Je suis une fois de plus déçue de constater que la chanteuse Epheliin n’est pas présente. Pour entendre ma chanson préférée « Burned Valley », ça m’a l’air donc mal parti … Mais qu’importe, toute la discographie du groupe est solide, et je ne serai pas mécontente d’entendre les autres morceaux.
Le set débute par le morceau d’introduction instrumental du dernier album, « Cotard », suivi d’ « Anesthethized Emotions ». Premier constat, on n’entend pas assez la voix, et le son est vraiment très moyen (malheureusement, cela ne s’arrangera pas beaucoup plus au fur et à mesure du concert …). De toute évidence, il semblerait que tout n’était pas très au point, car les musiciens parlaient souvent entre eux entre certains morceaux, et le guitariste Urciàt a été la proie d’un souci technique en cours de set. De ce fait, l’interaction avec le public fut très limitée, mais cela pouvait se comprendre car le groupe devait être très perturbé face à tous ces imprévus. Malgré cela, le public s’est montré réceptif (certaines filles au premier rang l’étaient peut-être même un peu trop …).
Plutôt que d’alterner entre nouveaux et anciens morceaux, Enisum a joué son dernier album quasiment dans son intégralité (les morceaux ne suivaient cependant pas tout à fait le même ordre que sur album), à l’exception de « Moth’s Illusion », « Lost Again Without Your Pain » … et « Burned Valley » ( :'( … Promis ce sera le seul émoticône que vous verrez dans mes articles). Seul « Arpitanian Lands », qui clôturera le set, est extrait de l’album du même nom, sorti en 2015. Cela avait pour effet de rendre le set homogène, dans la mesure où le nouvel album, aux élans plus doom et dans lequel le chant clair masculin est davantage mobilisé, tranche vraiment avec les précédents.
Bref, j’avoue avoir été quelque peu déçue par ce set, j’espère que je pourrai revoir le groupe dans de meilleures conditions (et avec Epheliin cette fois-ci).
SETLIST : Cotard / Anesthethized Emotions / Where Souls Dissolve / Afframont / The Place Where You Died / Coldness / Ballad of Musinè / Last Wolf / Petrichor / A Forest’s Refuge / Arpitanian Lands
La soirée est déjà bien avancée, la fatigue commence à se faire ressentir, mais ce n’est absolument pas le moment de s’endormir, car Kathrine Shepard et ses musiciens s’apprêtent à entrer en scène pour nous offrir un set exclusif d’une heure et quart ! Je remarque au moment des balances que la tête pensante de Sylvaine a fait appel à un nouveau bassiste pour le concert.
Le groupe commence le set par le morceau d’ouverture du troisième album Atoms Aligned, Coming Undone. On retrouve la réserve touchante et la douceur de Kathrine lorsque celle-ci s’adresse à nous. Secondée par le guitariste aux chœurs, la demoiselle nous offre un post-rock toujours aussi immersif et atmosphérique, même s’il y a quelques passages plus violents davantage typés post-black/blackgaze (surtout à partir de la seconde moitié du set). Après l’interlude ambiant « Thrjar » quasiment a cappella, les premiers growls de Kathrine se font entendre avec « Abeyance », puis la demoiselle screamera à nouveau sur « Earthbound » et « Mørklagt ». Pour ma part, le moment fort du concert sera le combo « Delusions » / « Mørklagt », mes deux morceaux préférés. Une fois encore, je n’ai pu retenir mes larmes lors des accords si simples, et pourtant si beaux de « Delusions ». Les musiciens sortent ensuite de scène, seule Kathrine reste, accompagnée de sa guitare, et nous offre un dernier morceau, « Silent Chamber, Noisy Heart ». Vu qu’il me restait pile assez pour m’acheter un t-shirt de Sylvaine, autant dire que je ne me suis pas privée en sortant de la salle !
Les impressions de Nidhögg :
C’est après une bonne quarantaine de minutes de retard, suite à divers problèmes techniques, que la jolie Kathrine entre en scène suivie de ses musiciens, sans se départir de son sourire et de sa réserve habituelle comme l’a mentionné Fée Verte. Une partie du public a déserté les lieux, mais il faut dire que l’heure déjà tardive et le fait que la musique de Sylvaine soit différente des groupes précédents a pu jouer en sa défaveur. Le fait est que personnellement je suis sous le charme, aussi bien grâce au physique de Kathrine, sérieusement on dirait une elfe, que la musique totalement bouleversante et interprétée magistralement par le groupe. Kathrine nous ensorcelle avec sa voix enchanteresse et complètement maîtrisée, que ce soit en voix claire (comme du cristal) qu’en screams. Je n’ai pas grand chose à ajouter à ce qu’a dit Fée Verte, si ce n’est qu’il ne faut absolument pas louper l’occasion de voir ce groupe en live si vous en avez l’occasion !
SETLIST : Atoms Aligned, Coming Undone / A Ghost Trapped in Limbo / Dysphoria / Thrjar / Abeyance / Earthbound / Delusions / Mørklagt / Silent Chamber, Noisy Heart
Et ce n’est pas fini, car le lendemain, Nidhögg remettait le couvert :
J’ai profité pour ma part d’avoir une semaine de congés pour aller faire un tour du côté de Volmerange-Les-Mines, à la frontière avec le Luxembourg, où venaient se produire Enisum, Drawn Into Descent ainsi que les locaux de Hell Gate. J’arrive sur place à 18h45, et je vois arriver Enisum et Drawn Into Descent quasiment en même temps, c’est toujours rassurant de constater qu’on ne s’est pas trompé d’endroit ! Je dois dire que j’ai trouvé la salle très sympa, c’est un bar en fait du nom de No Man’s Land, et l’équipe responsable est très agréable et donne envie de revenir dans ce lieu convivial. Seul point négatif, très peu de monde a priori pour ce concert mais j’y reviendrai plus tard.
HELL GATE
C’est à 20h45 précisément que le groupe lorrain a la tâche d’ouvrir les hostilités, et de nous plonger immédiatement dans leur post-black metal (chanté en français s’il vous plaît !), jouant sur différentes ambiances, et non exempt d’accélérations meurtrières ! Malgré la pénombre qui m’empêche de distinguer la batterie, le groupe semble maîtriser son sujet, notamment le chanteur qui s’arrache bien les cordes vocales. Malheureusement un problème d’ampli vient gâcher un peu la fête, obligeant le groupe à zapper une chanson de la setlist, mais cela peut arriver même aux meilleurs, donc on ne peut pas leur en tenir rigueur. Un groupe en tout cas qui possède un très bon potentiel, à revoir dans de bonnes conditions cette fois.
SETLIST : Lumière / Ombre / D’eau et de sang / Larme / Pluie de cendres partie 1 / Pluie de cendres partie 2
DRAWN INTO DESCENT
C’est donc au tour du groupe belge d’arpenter la petite scène du No Man’s Land. Contrairement à la veille, le groupe bénéficie d’un excellent son, grâce au taf sans faille de l’ingé son, bravo à lui, et même si la setlist est rigoureusement identique, cela ne m’empêche pas d’apprécier une nouvelle fois les compos du groupe. Drawn Into Descent livre une prestation impeccable, et impliquée, à l’image du bassiste mimant souvent les vocalises du chanteur. Par contre le fait que le public soit rare aurait pu permettre une plus grande interaction, ce qui aurait rendu la soirée encore plus sympa, au lieu de se contenter d’un « merci, this is the last song », mais bien sûr cela n’entache en rien les qualités du combo flamand. Fée Verte trouve le groupe assez bourrin, moi de mon côté j’ai plus porté mon attention sur le côté mélodique des chansons, notamment la guitare lead souvent aérienne. Un très bon groupe dans tous les cas !
ENISUM
C’est enfin au tour des Italiens de venir nous asséner leur pagan black atmosphérique de grande qualité. Là aussi, par rapport à la veille, le groupe bénéficie d’un son nettement meilleur (merci monsieur l’ingé son, je ne connais pas votre nom, mais que votre travail soit reconnu !), ce qui a pour conséquence un Marcello beaucoup plus détendu et impliqué dans son interprétation. Le vocaliste fait preuve d’une maîtrise incroyable que ce soit en voix claire, en scream, en growls ou encore en voix plus susurrée, impressionnant ! Comme je l’ai déjà dit, le son impeccable nous permet de distinguer chaque instrument de manière parfaitement audible, bon moi il faut dire que j’étais juste en face du bassiste aussi. J’ai un petit regret par contre, que le groupe zappe complètement son magnifique Seasons of desolation, et même si le nouvel album Moth’s Illusion est tout-à-fait excellent, le groupe aurait pu varier un peu plus les plaisirs. En effet, hormis 2 titres de Arpitanian Lands, Enisum aura joué son nouvel album quasiment en intégralité. J’espère dans tous les cas revoir le groupe très vite, et dans une plus grande salle, car jouer devant 20 personnes n’est pas suffisant, eu égard au talent incroyable des Italiens.A ce propos, je voulais m’indigner un peu, car aussi peu de monde pour une aussi belle soirée, c’est presque indécent, une entrée à 10€, des groupes excellents, une atmosphère conviviale et une équipe très sympa, que faut-il de plus ? On aura beau me rétorquer que c’était en semaine et que Volmerange n’est pas la ville la plus facilement accessible, cela me reste un peu en travers. Bref, la soirée fut quand même bien belle et je voudrais remercier les groupes ainsi que toute l’équipe du No Man’s Land !
SETLIST : Cotard / Anesthetized emotions / Where souls dissolve / Afframont / The place where you died / Coldness / Ballad of Musinè / Last Wolf / Petrichor / Alpine Peaks / A forest’s refuge / Lost again without your pain