Bien que tauliers de la scène black metal depuis le milieu des années 90, j’ai découvert Dark Fortress l’année dernière au Ragnarök Festival. Gardant jalousement ma place au premier rang pour le concert de Dark Tranquillity qui se tenait juste après, je n’avais écouté que d’une oreille le set des Allemands, mais je m’étais jurée de porter davantage d’intérêt à la discographie du groupe.
En décembre 2022, la formation annonçait sa tournée d’adieu, soutenue par The Spirit et Asphagor, pour ce mois de mai 2023. Je me suis alors dit « C’est le moment ou jamais », d’autant plus que la seule date française, organisée par Garmonbozia, se tenait au Backstage BTM à Paris vendredi dernier. Encore une belle affiche placée sous le signe du black metal germanophone.
A presque 19h, j’arrive juste à temps pour le début du set d’Asphagor, que je découvre totalement ce soir. Vu que j’avais une journée de travail dans les pattes et que j’enchaînais mon deuxième concert de la semaine (Roger Waters à Bercy la veille), j’ai préféré m’installer confortablement à une table sur le côté de la scène aux côtés d’une amie.
Les musiciens entament une intro aux sonorités hypnotiques. Le chanteur, peinturluré de corpse paints, est le dernier à entrer en scène. Un squelette est accroché au pied de micro. Le quintet utilise l’appellation « Tyrolean Hell » pour qualifier son univers. Le groupe est en effet originaire de la région autrichienne du Tyrol.
Asphagor officie dans un black metal porté sur les thèmes de la nature et de la mort, aux élans mélodiques, et teinté de sonorités épiques et black’n’roll. Un des deux guitaristes secondait le chanteur aux growls additionnels. Le groupe promouvait son quatrième album Pyrogenesis paru le 10 mars dernier chez MDD Records, sans faire abstraction de l’opus précédent intitulé The Cleansing. Le seul bémol du set : le son était un peu trop fort.
SETLIST : Ex Cathedra / Nine Moons / Great Erosion / Circle of Abaddon / (In the) Sea of Empty Shells / Ghost of Aphelion / Aurora Nocturna
Je retrouve les Allemands de The Spirit un an après leur passage au Ragnarök Festival (à me lire, on croirait presque que c’est le seul festival que je fais). Le groupe avait souffert de problèmes de réglages lors de ce concert, ce qui ne m’avait pas aidée à profiter pleinement de la prestation. Le dernier passage de la formation sur Paris remontait à 2018 dans le cadre de la tournée « Death… is just the beginning » en première partie des co-headliners Kataklysm et Hypocrisy.
Cette fois-ci, l’équilibre entre les différents instruments est parfaitement dosé, et l’on peut ainsi se délecter du black/death metal dévastateur du groupe. Prenant initialement la forme d’un duo, le chanteur/guitariste et le batteur sont accompagnés d’un guitariste et d’un bassiste de session. Le quartet poursuivait la promotion de son troisième album Of Clarity and Galactic Structures, paru l’an dernier chez AOP Records, sans toutefois omettre ses deux autres albums.
Agrémenté de touches progressives pour obtenir un effet des plus cosmiques, l’ensemble s’avère efficace et bien exécuté. Ce n’est pas forcément ce que j’écouterais spontanément chez moi, mais il faut reconnaître que le metal extrême délivré par The Spirit est parfaitement bien taillé pour le live. Lors du dernier morceau, quelques spectateurs se sont d’ailleurs permis un slam ou deux jusqu’à la scène.
SETLIST : Repugnant Human Scum / Of Clarity and Galactic Structures / Pillars of Doom / The Path of Solitude / Celestial Fire / Laniakea / Illuminate the Night Sky / Serpent as Time Reveals / Timbre of Infinity / The Clouds of Damnation
C’est le moment de sortir les mouchoirs, il est maintenant temps pour Dark Fortress de tirer sa révérence et de donner sa dernière date en France. Cette dernière tournée est également l’occasion pour le groupe de présenter son huitième album Spectres from the Old World sorti en 2020 chez Century Media Records. Si le concert promet d’éveiller en nous une grande part de nostalgie, la formation allemande compte bien nous laisser une ultime bonne impression. Les six membres du groupe débarquent sur scène, maquillés de corpse paints. On peut compter un chanteur, deux guitaristes (dont un secondant Morean aux growls additionnels), un claviériste, ainsi qu’un batteur et un bassiste de session.
En un peu plus d’une heure de set, le groupe a fait un beau tour d’horizon de sa discographie (à l’exception du deuxième album Profane Genocidal Creations), ce qui a de ce fait permis de sentir l’évolution musicale du groupe. Dark Fortress officiait en effet à ses débuts dans le black mélodique, progressivement agrémenté… de touches progressives justement. De temps à autre, Morean interprétait ses textes en chant clair, ce qui donnait un aspect ésotérique. Le ton adopté me faisait penser à Dolk, chanteur de Kampfar. Ce qui était particulièrement appréciable, c’est que le chanteur s’adressait à nous tout au long du set dans un français impeccable. Le public a su faire honneur à cette formation iconique du black metal en déclenchant de nombreux pogos dans la fosse. Avant de définitivement nous quitter, Dark Fortress nous a offert un long rappel de trois morceaux. J’étais vraiment très contente d’avoir pu assister à ce concert d’adieu, même si c’est un peu triste de se dire que c’était la première et la dernière fois que je voyais le groupe.
SETLIST : The Silver Gate / CataWomb / Isa / Pulling at Threads / Crimson Tears / Cohorror / Self-Mutilation / Chrysalis / Ylem / To Harvest the Artefacts of Mockery / Evenfall / Baphomet