Castlefest 2015 – Journée du Dimanche

Castlefest 2015

Le soleil se lève toujours plein de vigueur sur ce dernier jour de festival et avec lui sa petite communauté, dans une quiétude toujours bienvenue. Mais ce jour-ci, bien que s’annonçant plus reposant, fin des concerts vers 20h, commence tôt car voulant profiter un max je dois me rendre à la Folk stage pour 10H00 ! Je rush la partie marché médiéval café en main, et oui trop tôt pour l’hydromel, et j’arrive devant la petite scène et sa fosse bien vide…

 

Omdulö

 

Manifestement la nuit a été rude pour les instruments car ils ont quasiment tous besoin d’être réaccordés ce qui entraine un petit retard d’une vingtaine de minutes. Pas vraiment de mal la dedans car le groupe, dont je ne connais absolument rien pour le moment est assez souriant et communicatif. Le set débute donc vers 10h30 devant un public bien timide… Après inspection de la formation, je réalise que la musique qui va se jouer sera assez diversifiée, et pour cause, une bonne tripotée d’instrument est présent sur scène, un râtelier de flûte de diverses tonalités et styles, bouzouki, percussion, didgéridoo pour les classiques, mais aussi du xylophone, et d’autres dont je ne connais même pas le nom ! Le set débute avec un premier titre plutôt introspectif dont l’atmosphère se situe entre l’éveil et la transe. Ce premier titre permet déjà de cerner la musique d’Omdulö. A la manière d’un Faun d’antan ou d’un Valravn, le septuor a souvent recours à des sonorités électroniques pour marquer soit une atmosphère planante ou un rythme de manière décharnée, comme sur l’excellent « The Wildflower Song ». Le rendu donne une musique à tiroir très riche où la composition n’est jamais redondante. Les musiciens se réaccorde pour le deuxième titre sous les, désespérés, appels de Susanne à ne pas simplement passer devant la scène, mais y rester car le morceau qui arrive va faire danser ! Ledit morceau se lance avec un trio bouzouki – didgéridoo – percussion assez classique et bien énergique. Puis la flute entre en scène galopante et pleine de vie et effectivement, l’ambiance tourne vite à la danse, mais dans une fosse encore bien vide…

 

L’un des moments fort de ce show fut le dyptique « Atlantis », introduit par un bref discours et de quelques petites supplications du style, Rester les gens on s’amuse bien !, aux quelques badauds traversant la fosse. Un genre de bodhran king size est sorti, mais pas pour taper dessus ! Non ! Du sable y est placé à l’intérieur et l’instrument est délicatement remuer sous le micro diffusant un son de remous des plus envoutant ! Puis une flute, très bas dans les octaves, fait planer un son chaud et vivant sur l’audience, appuyée par un fond de didgéridoo et de percussions profondes. Sur cette ambiance enchanteresse nous est contée une histoire dont l’on ne s’embarrasse pas du fond, tant la forme, par la prononciation et le rythme du phrasé, est subjuguant. C’est au paroxysme de la douceur auditive que le bouzouki prend la relève suivit de près par une flute plus aigu, plus vive et plus entrainante nous emportant loin du rivage sur les flots d’une mélodie indomptable. Le chant se fait souffler. Juste un souffle en fait, provenant plus de la gorge que de la bouche, se fondant dans la musique, illustrant, pour moi, le merveilleux chant des sirènes. Une simple et douce mélopée feutrée. Ce titre m’a réellement fait frissonner de plaisir !

Vient ensuite deux chansons aux saveurs orientales qui m’ont malheureusement trop fait redescendre sur terre sans pour autant quitter le petit nuage sur lequel m’avait fait monter « Atlantis ». Autrement dit j’étais pas très attentif… Il a fallu « The Wildflower Song » pour me rephaser avec le show. Une courte introduction bouzouki / chant très envolée puis tout se stoppe brutalement pour repartir sur une percussion électronique doublé d’une vielle à roue pour un rendu aussi original qu’étonnant ! Après les 3 derniers titres plutôt éthérés, ce Wildflower Song aux sonorités organiques m’enivre au plus haut point et fait se remuer la foule qui commence à s’épaissir ! A deux titres de la fin il serait temps !

Le set se finit bien trop vite avec « Wünschelruthe » qui mêle habilement la vielle à roue, la nyckelhapra et une rythmique faite de sons de balle de ping pong ! Une fin en beauté ou l’originalité n’a d’égale que la beauté de la musique !

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Midi approche et le prochain concert qui m’intéresse se déroule dans plus de 4 heures ! De quoi me laisser amplement le temps de vagabonder une dernière fois dans le dédale féérique du site. Et comme chaque jour révèle son lot de surprise, c’est au détour d’un chemin que je tombe sur une « exposition » de rapace. Cette fois ci pas de contact possible, seul un fin cordage nous sépare des zozios et c’est avec les yeux que l’on peut toucher une pyrague, un vautour, un faucon, des chouettes et bien d’autres. Fondamentalement rien d’extraordinaire pour qui a déjà visité une volière ou assister à un spectacle de fauconnerie mais dans ce cadre-ci, au simple détour d’un chemin, l’effet est des plus inattendu et l’on rajoute encore une curiosité au compteur de ce festival qui est, manifestement, plein de ressources. Par contre c’est pas toujours une réussite… Et puisque rien n’est parfait, je me dois d’évoquer la procession qui a déambulée chaque jour dans le fest face à ma plus grande incompréhension. Le cortège était mené par une dame déguisée en un genre de reine des mouches dans des habits vert et noir en cuir totalement dégueulasse ! Et s’il n’y avait que ça… Non ! Elle était suivit par plusieurs personnages grimer en mouche mutante extraterrestre qui se déplaçaient de manière décharnés en émettant des bruits d’agonie (ca y ressemblait beaucoup…), toujours habillés de vert et noir en cuir luisant. C’était tellement immonde, improbable et malsain que je crois que j’en fais encore des cauchemars….

A part ça l’heure tourne et malgré toute ma bonne volonté je sens la fin du festival approcher. Du coup je pars en découverte de musique avant le grand rendez-vous du soir, Omnia ! C’est ainsi que je me retrouve, une fois n’est pas coutume, devant la village stage en plein show de The Dolmen. Et la chose qui me frappe en premier n’est pas la musique, non, c’est surtout qu’au premier coup d’œil j’ai cru que le chanteur était une version apache de Liam Neeson tant la ressemblance est frappante ! Mais sinon la formation anglaise distille un folk rock fort en personnalité et débordant de gaieté. La communication avec le public est franche, la bonne humeur aussi, serait-ce à imputer au festival ? Je n’en sais rien, mais ce que je retiendrais du peu que j’ai écouté de ce groupe est l’excellent titre « Dead Cats don’t Meow » qui est, manifestement, un classique et que je ne tarde pas à reprendre en chœur, avec un public conquis, ce refrain vibrant vérité !

Je reprends ma route vers la forest stage, non sans m’arrêter pour écouter les blagues de La Horde et taper des mains sur les derniers titres, ils jouent leur dernier set sur la folk stage, et finiront leur show en compagnie de Marine de Rastaban avec un public totalement acquis !

 

Omnia

                Me voilà donc arriver à la tête d’affiche du dimanche, les tant attendu Omnia ! Et attendu par bien plus de monde que ceux présent au Castlefest! En effet, en plus de l’espace vite rempli plusieurs dizaine de minutes avant le début du concert, le désormais célèbre quintet est retransmis en direct sur internet ! Et moi aussi je les attends, je les attends au tournant… Je précise dès à présent que je serais globalement peu objectif sur ce coup-là, mais voilà, ça fait quelques fois que je les vois maintenant et l’euphorie des premiers instants est remis en question. Parce que ce n’est pas n’importe quel concert, c’est le deuxième dans le même week end du même festival devant un public qu’on est en droit d’imaginer en partie identique, j’en attends donc des surprises. Un peu à la manière de Cesair qui s’est totalement surpassé lors de leur show du samedi. Mais brisons vite la glace, j’ai été un peu déçu par leur prestation. Déjà pour ce soir pas de vielle à roue, Fieke joue en parallèle sur une autre scène, on aura donc un set musicalement plus classique avec tout de même Maria Franz d’Euzen au chant en guest.

Le gros de la déception vient du set en lui-même. Ils ont joué exactement le même…. Avec le répertoire qu’ils ont j’aurais espéré avoir autre chose que les tubes classiques, même si ils sont de qualité. Le show démarre sur le traditionnel « Fide Ra Huri » qui enflamme instantanément le public puis c’est tout comme le concert du vendredi. De l’ancien avec « Auta Luonto », « Alive », « Etrezomp Ni Kelted », « Wytche’s Brew », et du nouveau avec « Earth Warrior », « Kokopelli », « Black House » entre autre. Pourquoi passer à la trappe des morceaux comme « Teutates », « Mabon », « Equinox », « The Well » ou « Sister Sunshine » pour, je le rappelle, un concert devant un public qui les a vu deux jours avant ? Mais le pire dans tout ça, c’est que les interactions avec ledit public, sont globalement identiques… La harangue pseudo révolutionnaire avant « Earth Warrior », le discours anti capitaliste avant « Free », essayer de taxer du whisky mais en fait comme personne n’a de bouteille taxer un joint pour faire son laïus sur l’addiction avant « Black House », tout montre un show millimétré qui n’appelle qu’une déduction, Omnia se repose beaucoup trop sur ses acquis et sa notoriété au détriment de leur potentiel, c’est en tout cas ce que moi j’en déduit après les avoir vu plusieurs fois… C’est dommage, surtout que la bonne humeur est là et le plaisir de jouer est toujours aussi palpable chez eux, ça gigote dans tous les sens, ça se fait des bisous, des clins d’œil, ça rit avec le public, ils sont totalement à l’aise sur scène mais pour un spectateur aguerri, c’est redondant.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, C’était un show de qualité qui a ravi tout le monde et plus encore pour les quelques-uns qui ont réussi à choper un tee shirt ou autre goodies lancer par Steve dans la foule avant d’interpréter « Free ». Et je ne saurais quoi dire de plus sans faire un vulgaire copier coller du report de Vendredi… Pour plus de détails c’est ici que ça se passe ! J’ai tout de même eu plaisir à assister à ce concert et si j’ai mis l’accent sur ma déception c’est avant tout pour mettre des perspectives autour de cette formation trop aveuglément adulée. Mais je vais finir sur un coup de gueule, parce que voilà, j’ai envie. Le rappel pue du cul. Steve nous le tease proprement, Il faudra faire du bruit après la dernière chanson pour que ce ne soit pas la dernière ! etc… On sait tous que la célèbre Morrigan nous attend et après avoir hurlé leur nom ils nous servent une version réchauffée de ce magnifique titre. Morrigan c’est une intro toute en mélancolie, des couplets simples et organiques, une litanie pure et tribale, et surtout une montée en tension qui explose en une gerbe de violence ! On appelle la déesse de la guerre bordel ! Pourquoi en faire une version écourtée à la mélodie limite pop, c’est du gâchis de la pire espèce. Voilà.

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La fin du festival est maintenant imminente et je finis cette journée en échangeant avec d’autre festivaliers des ressentis tous positifs sur fond de Prima Nocta qui joue sur la grande scène. C’est donc avec une forte dépression post festival que je sors du site du Château de Keukenhof avec la ferme intention d’y revenir l’an prochain.

 

Ce fut donc trois excellents jours que j’ai passé au Castlefest, dans un cadre enchanteur et une organisation aux petits oignons. Les bénévoles sont chaleureux, la bouffe est bonne, le son des scènes est propre, tout s’effectue dans la joie et la bonne humeur et bien sur le plus merveilleux est cette ambiance paisible et respectueuse entretenue par un public de tout âges et horizons (même si globalement c’est très néerlandais). C’est pourquoi je me permets de lever le doute qui vous habite, vous, francophones qui vous dites que ça fait peut-être un peu loin ou que sais-je encore, si la perspective d’un festival entièrement folklorique à tendance hippie ne vous inquiète pas, il faut absolument venir au moins une fois au Castlefest !

 

Les +

  • La programmation (Cesair ; Leaf ; Omdulö ; Seed pour ma part). Plusieurs fois les mêmes groupes dans le week end…
  • Le marché féérique. Plus complet et varié que les autres marchés médiévaux de festival.
  • Le camping. Propre du début à la fin, espace bien organisé, douche en nombre et chaude (compris dans le prix du billet).
  • Le miam. Varié et d’assez bonne qualité.
  • Les petits calepins avec stylo dans les toilettes pour, raconter sa vie, dessiner ou simplement s’excuser envers le prochain utilisateur…

 

Les – (pour chipoter parce que franchement, c’était quasi parfait…)

  • Beaucoup de panneaux dans le festival uniquement en néerlandais, on a fait plus pratique, surtout quand c’est pour choisir sa bouffe…
  • Le prix des jetons un peu élevé.

 

Report by Grymauch

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