Depuis la sortie de son deuxième album Aldgillisoan en 2015, Baldrs Draumar fait partie des groupes qui n’ont cessé de m’accompagner lors de mon cheminement musical et est également l’un de mes groupes néerlandais préférés. J’avais aussi beaucoup apprécié le successeur acoustique Fan Fryslans Ferline paru deux ans plus tard, bien que ce n’est seulement que cette année que je l’ai énormément écouté.
Les Frisons reviennent cette année en force avec leur quatrième album Magnus, marquant leurs dix ans d’existence sous l’entité « Baldrs Draumar ». Le titre de l’album fait référence à un héros frison tombé dans l’oubli pendant fort longtemps, mais que le groupe fait revivre à travers neuf chansons brutales, oscillant en moyenne entre quatre et six minutes. Selon la légende, Magnus serait né au Xème siècle, dans un contexte où la Frise était déchirée entre la domination de l’empire franc et des Vikings aux VIIIème et IXème siècles, avant d’être sous le joug de l’évêque d’Utrecht. Malgré cet asservissement, le peuple frison tenait à son indépendance et à ses traditions. A noter qu’en complément du CD, Baldrs Draumar a sorti une BD retraçant l’histoire de l’album.
Avec ce nouvel album, Baldrs Draumar revendique avec toujours autant de hargne son identité musicale et ses origines. Le groupe ne se contente pas d’officier dans un genre bien défini comme le death, le black ou le viking metal, mais va encore plus loin en proposant ce qu’il appelle fièrement un « Furious Frisian Folk Metal » (se traduisant littéralement par « Folk Metal frison furieux ») qui lui est propre. A travers ce folk/viking metal plus épique et fracassant que jamais, Baldrs Draumar continue de nous conter les mythes et légendes de sa terre natale.
Dans Magnus, le growl et le chant clair s’alternent, bien que la proportion de chant hurlé demeure largement majoritaire, comme dans Aldgillisoan. Si le growl forcé de Wilgeraesch peut en rebuter certains, il ne me gène personnellement aucunement. Peut-être est-ce une question d’habitude. Quoi qu’il en soit, ce growl aide à renforcer ce caractère agressif que le groupe cherche à transmettre, en plus des quelques chœurs guerriers et épiques parfois chantés a cappella (lors du festif « Toh Alden Fahne » et du galopant « Ferbline, Ferballe »).
Comme mentionné plus haut, les morceaux restent généralement dans une veine sombre, épique et écrasante, cet aspect étant fortement véhiculé par les riffs et les claviers. Cependant, ces mêmes claviers, sous des sonorités cuivrées et orchestrales (« Upstallesbâm »), ainsi que les instruments folkloriques (flûte, accordéon, violon…) instaurent aussi une ambiance plus légère, voire festive et entraînante (« Frij », « Eala Frya Fresena »). Même si Baldrs Draumar est revenu au metal avec Magnus, on retrouve quelques passages acoustiques adoucissant le propos et faisant joliment contraste avec cette brutalité prépondérante (notamment lors du progressif « Of Slogma Tha Saxum »). Au-delà de ce simple contraste, on peut parfois noter des belles montées en intensité, ma préférée étant celle de « Magnus Forteman », créée par les claviers et les chœurs, et précédée par un bridge acoustique mélancolique, tout aussi beau, mené par la guitare et le violon.
Avec Magnus, Baldrs Draumar a une fois de plus tenu toutes ses promesses, quatre ans après sa dernière sortie « metal ». Ne reste plus qu’à découvrir les nouveaux morceaux en live, n’hésitez pas à faire le déplacement au Pagan Nordmanni Fest, prochaine date française du groupe !
Fée Verte
8/10
Tracklist :
- Friso
- Toh Alden Fahne
- Of Slogma Tha Saxum
- Ferbline, Ferballe
- De Poarten Fan Rome
- Frij
- Upstallesbâm
- Magnus Forteman
- Eala Frya Fresena
Sortie : 23/11/2019
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