Anomalie – Tranceformation

Formée en 2011, la formation autrichienne Anomalie, menée par le chanteur et multi-instrumentiste Marrok, n’a cessé d’évoluer et d’enrichir son post-black metal de sonorités nouvelles au fil de ses albums. Si l’on avait en effet affaire à un post-black mélancolique plus classique dans la lignée d’Harakiri for the Sky et de Karg dans les débuts du groupe, celui-ci a su innover à chacune de ses sorties, l’album de transition étant clairement Visions, paru en 2017. Par la suite, l’EP Integra, sorti l’année suivante, n’a fait qu’accentuer cette évolution vers un post-black mélodique aux accents folk rituels plus marqués. Même au niveau des thèmes, on constate un changement avec des paroles plus ancrées dans les thématiques de la nature et de la spiritualité.

La tête pensante Marrok était très satisfaite du résultat et de ce changement de direction musicale sur ses dernières productions. Pourtant, le travail de composition pour le quatrième album Tranceformation, paru comme ses prédécesseurs chez AOP Records, fut loin d’être évident. En plus de quelques soucis personnels, le musicien peinait pour la première fois à trouver l’inspiration. Il savait plus ou moins ce vers quoi il souhaitait s’orienter, mais il ne voulait pas intégrer des nouvelles sonorités qui auraient paru trop forcées, peu naturelles et spontanées. Finalement, plutôt que suivre un schéma musical préétabli, Marrok a fini par se fier à son intuition, et c’est alors que les choses se sont débloquées.

Chaque morceau de Tranceformation, à sa manière, nous procure un état de transe, d’où le titre de l’album. Comparé aux sorties précédentes d’Anomalie, le chant clair se veut non seulement plus présent, mais aussi et surtout plus mélodique, complexe et hypnotique, contrastant avec les sonorités mineures et dissonantes typiques du black metal. Toutefois, comme évoqué plus haut, Tranceformation creuse davantage l’écart entre les deux périodes musicales du groupe, avec ces élans folk rituels et shamaniques, accentués par les percussions de Lukas Schlintl (notamment lors de l’intro de « Trance IV: Nemesis »), à la croisée des groupes comme Wardruna, Heilung, Harakiri for the Sky et Rotting Christ. Justement, « Trance V: Cerulean Sun » featuring Sakis Tolis (chanteur de Rotting Christ) me paraît être le titre le plus représentatif de cette transition musicale, et le plus réussi de l’album, avec le très beau solo de violon exécuté par Sara Wolske. On peut également retrouver comme invité Nornagest (Enthroned) au chant hurlé sur « Trance II: Relics », dont les sonorités black/folk progressives peuvent évoquer tantôt Moonsorrow, tantôt Enslaved. Certains titres de l’album, tels que « Trance III: Alive », en hommage à un certain A.P., et le rentre-dedans « Trance VI: Eternal Burden », restent dans un ton plus sombre et mélancolique, proche d’un dark/depressive rock à la croisée de groupes comme Harakiri for the Sky, Karg et Shining. L’album prend fin sur cette note mélancolique avec le morceau bonus acoustique « Trance VII: A Fever Dream ».

Avec Tranceformation, Anomalie affirme davantage son identité musicale et se démarque progressivement des autres formations du genre, apportant ainsi un sacré coup de frais au style.

Fée Verte

9/10

Tracklist :

  1. Trance I: The Tree
  2. Trance II: Relics
  3. Trance III: Alive
  4. Trance IV: Nemesis
  5. Trance V: Cerulean Sun
  6. Trance VI: Eternal Burden
  7. Trance VII: A Fever Dream (bonus track)

Date de sortie : 26/11/2021

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