Le 20 mai dernier, Amorphis tenait à faire les choses en grand pour célébrer ses trente ans d’existence, malgré la crise sanitaire qui frappe le monde du spectacle depuis maintenant plusieurs mois. La formation finlandaise annonçait en effet non pas un, mais deux concerts en streaming en partenariat avec SemiLive.fi, prévus les 3 et 4 juin. Vous allez me dire : « Quel est l’intérêt de faire deux concerts en ligne en un laps de temps si court ? ». La réponse est toute simple, la setlist serait différente pour chacune des deux prestations !
Au départ, je pensais assister uniquement au concert du 4 juin, diffusé en direct à 20h, puisque celui du 3 juin était plutôt destiné au public américain, dans la mesure où la prestation débutait le 4 juin à 2h du matin (heure française). Finalement, me disant que les deux concerts pouvaient être visionnés à volonté pendant 48h, j’ai craqué.
Je m’installe donc tranquillement devant mon ordinateur jeudi après-midi pour visionner en différé le premier concert. Les deux shows se sont tenus au Kaapelitehdas à Helsinki en Finlande. Avant que le groupe n’entre en scène, une porte-parole de SemiLive.fi présente rapidement l’événement. Amorphis entre ensuite en scène sur « The Bee », titre d’ouverture de son dernier album en date Queen of Time, sorti il y a deux ans (déjà!). La caméra filme souvent à 360°, donnant cette impression de regarder un trèèèèèèès long clip, et les membres du groupe sont en cercle, très espacés les uns des autres. Comparé à d’habitude, j’ai ressenti un peu plus de fragilité dans le chant clair du frontman Tomi Joutsen (ouille ouille ouille, la fausse note lors de « Into Hiding »…). En même temps, vu qu’au moment où le concert était filmé, il était 3h du matin en Finlande, on peut se dire que le chanteur avait besoin de plus de temps pour se chauffer la voix. En revanche, pour ce qui est du growl, rien à redire, celui-ci est toujours aussi maîtrisé. A noter également que le son général du concert est très bon, sublimant les mélodies metal death progressif, parfois teintées de sonorités folk orientales (essentiellement pour les morceaux les plus récents), et les claviers, assurés par Santeri Kallio, sont bien mis en valeur.
C’était la toute première fois que le groupe faisait l’expérience du concert en streaming, et cela lui fait bien drôle de jouer sans public physique ! Pour « Sacrifice », issu de Under the Red Cloud (mon album préféré des Finlandais, soit dit en passant), on sent un gain en assurance dans la voix de Tomi. Sans transition, le groupe enchaîne avec « The Four Wise Ones », extrait du même album, et qui est ni plus ni moins mon morceau préféré ! Inutile de préciser qu’à ce moment précis, je n’ai absolument pas regretté d’avoir payé pour assister à ce premier set, et je n’ai pu m’empêcher de headbanguer frénétiquement sur ce titre qui est le direct opposé de « Sacrifice » pour son côté beaucoup plus bourrin.
Tandis que le début et la fin du set ont été essentiellement consacrés aux titres les plus récents du groupe, le milieu du set mettait davantage à l’honneur les morceaux plus anciens, plus axés death metal, à l’image de « Sign from the North Side », introduit par « Karelia » et tiré du premier album The Karelian Isthmus. Lors du concert, l’ambiance est décontractée, Tomi s’adresse souvent à ses acolytes, demandant à Santeri de lui siffler l’air de « On Rich and Poor » extrait de Elegy. Pour introduire le morceau suivant, « Sampo », titre « folky » extrait de Skyforger, le chanteur soudoie le guitariste rythmique Tomi Koivusaari : « Peut-être que tu peux m’offrir une bière vu que tu peux te payer des guitares aussi chères ? ». Au bout d’une heure et demie, le concert touche quasiment à sa fin. Avant de clôturer le set sur « Black Winter Day », issu du deuxième opus Tales from the Thousand Lakes, Tomi nous remercie, et bien que le groupe ait trouvé cette expérience du concert en streaming étrange, il était très heureux de pouvoir jouer pour nous. Une fois ce premier concert terminé, la porte-parole de SemiLive.fi revient sur scène, tandis que le groupe la quitte. Le générique de fin mentionnent les membres du groupe, ainsi que tous ceux qui ont contribué à la bonne tenue du concert.
SETLIST : The Bee / Heart of the Giant / Sacrifice / The Four Wise Ones / Silver Bride / Karelia / Sign from the North Side / Into Hiding / Drowned Maid / On Rich and Poor / Sampo / Bad Blood / Silent Waters / Wrong Direction / House of Sleep / Black Winter Day
Au départ, je comptais suivre la seconde prestation en direct, mais à cause d’un mauvais timing (apéro, repas en famille, tout ça tout ça…), je l’ai également visionnée en différé hier après-midi. Après quelques déboires avec la connexion Internet, j’ai finalement pu suivre le concert sans encombre.
Si la mise en scène est relativement semblable à celle du premier set, on peut tout de même noter quelques différences notables entre les deux shows. Et l’une des plus flagrantes, c’est que Tomi est beaucoup plus en voix par rapport à la veille, maîtrisant à la perfection son growl et son chant clair. Le chanteur raconte d’ailleurs qu’il était assez stressé pour le premier set, ce qui explique sûrement les quelques faussetés de voix. Par ailleurs, le frontman fait preuve de beaucoup plus d’énergie pour cette deuxième prestation.
On nous avait annoncé une setlist différente pour chacun des deux concerts, et ce deuxième set faisait ici davantage la part belle aux chœurs, clairs ou growlés, des guitaristes Esa Holopainen et Tomi Koivusaari, comme lors du titre « Sky Is Mine » (Skyforger). Si quelques titres étaient communs aux deux setlists (« The Bee », « Sign from the North Side », « House of Sleep »…), d’autres n’avaient pas été interprétés la veille (« Under the Red Cloud », « Towards and Against », « The Wanderer »…).
Ironiquement (du moins, je le suppose), Tomi présente « Death of a King » comme une chanson orientée K-Pop. J’emploie le terme « ironiquement », car un morceau plus orienté… oriental justement, tu meurs ! Pour le titre suivant, « Silver Bride », le chanteur lâchera spontanément : « J’ai faim… J’ai envie d’un kebab ». Ah oui, c’est vrai qu’il était l’heure de manger. Heureusement, Tomi a oublié son estomac jusqu’à la fin du set, et le groupe a délivré une prestation sans faille. Le concert a duré quasiment aussi longtemps que le premier, et prend fin sur « My Kantele », issu de Magic & Mayhem – Tales from the Early Years, lors duquel Tomi s’agenouille. Le groupe nous remercie, nous applaudit, et salue, bras dessus, bras dessous.
Avec ces trois heures de show au total, je pense que chaque fan du groupe qui a assisté aux deux sets y a largement trouvé son compte. Pour ma part, ce fut le cas. J’avoue préférer les sorties les plus récentes d’Amorphis, mais les titres plus anciens furent si bien exécutés lors de ces deux concerts que cela m’a donné envie de me pencher à nouveau sur les premiers albums !
SETLIST : The Bee / Under the Red Cloud / Sky Is Mine / Towards and Against / The Wanderer / Hopeless Days / Karelia / Sign From the North Side / Into Hiding / Against Widows / Black Winter Day / Death of a King / Silver Bride / Wrong Direction / House of Sleep / My Kantele
Fée Verte