Bien que mon latin soit un peu loin, j’ai réussi à trouver la traduction de ce qui sera désormais notre sujet le temps de cette chronique : « Équinoxe de Sang ». C’est donc le programme que nous réservent les Bordelais d’Aequinoctium Sanguinis, groupe formé en 2011. Des Bordelais, ça ne peut être que bon ça ! Le quintette est formé d’Andrasta (du nom de la déesse icène de la guerre) au chant et aux claviers, Ibar (prénom celte) à la basse, Obscuris (Obscurité) à la batterie, Ogmios (du nom du dieu gaulois de l’éloquence) et Ulfhednar (guerrier semblable aux Bersekers qui louaient le dieu originel de la guerre, Tyr) au chant et à la guitare. Des noms de scène qui nous confirment déjà l’importance des cultures celtique et scandinave. Et ce qu’ils nous proposent ? Du black pagan symphonique, rien que ça ! Une étiquette déjà bien alléchante. Mais qu’en est-il de leur album, L’Arbre aux Esprits, succédant à leur premier effort sorti en 2013, l’EP Les Runes de Sang ? Un titre qui annonce d’ores et déjà une ode à la nature, une noirceur et un mysticisme sans égal.
J’avais déjà entendu parler de ce jeune groupe, et lorsque leur album a été proposé pour en écrire une chronique, c’est en toute spontanéité que je me suis littéralement jetée dessus ! Le groupe m’intriguait, j’ai eu envie de découvrir ce qui se cachait derrière.
Attardons-nous un instant sur la pochette. La photo a été prise par une étudiante prometteuse en infographie, Branwen’s, dans le bois du Burck à Mérignac. Juste le gros plan d’un tronc d’arbre, suffisant à nous faire comprendre que la nature et la foret seront à l’honneur. L’Arbre aux Esprits, c’est un rituel permanent de près d’une heure, et surtout, un voyage initiatique dans le monde des Émotions. Le périple commence déjà dans le livret, offrant un dégradé de couleurs page par page, symbolisant l’avancée dans la découverte de ces émotions.
Les thématiques païennes sont omniprésentes dans les paroles, le groupe s’inspire fortement des cultures celtique et scandinave. Paganisons donc le temps de cet album empli de spiritualité, et dansons en haut d’une colline jusqu’au bout de la nuit sous la pleine lune. Le premier morceau porte bien son nom, puisque dès les premiers mots chantés par Andrasta, on se trouve immédiatement plongé dans le rituel, la chanteuse ouvre la cérémonie.
De la voix invocatrice et envoutante d’Andrasta aux mélodies des claviers imitation orgue, comme dans « The Revenge of Pagan Priestess », en passant par les chœurs graves, tout participe à l’ambiance cérémonieuse et paganisante. Certains passages m’ont rappelé un album inspiré de la bande-dessinée Thorgal, comme l’introduction du morceau « Le Chaudron de Daghdha » avec la voix conteuse d’Andrasta. J’ai particulièrement adoré « Stone Warriors », dans lequel on imagine aisément la chanteuse en transe et en pleine danse chamanique. Sa voix est absolument bluffante, notamment dans ce morceau où elle monte très haut dans les aigus, et qui contraste d’autant plus avec le chant black écorché et éraillé ou le chant caverneux (« Rebirth of Pagan Time »).
Bien que les claviers jouent un rôle crucial dans les compositions, ces derniers sont toujours utilisés à bon escient et sont subtilement dosés. C’est dans « Le Chaudron de Daghdha » qu’ils se déchaineront le plus ! Excepté la batterie enregistrée au studio Echoes (Necrowretch, Stille Volk …), tous les autres instruments ont été gérés en autoproduction. Ainsi l’on peut profiter d’un résultat très personnel, authentique et fidèle, et surtout d’une grande richesse, aussi bien dans les sons que dans les mélodies. Le mixage et le mastering, assurés par Alex Wursthorn (ex-Carnival in Coal) au Walnut Groove Studio (Amiens), sont de très bonne qualité, on prend plaisir à pouvoir entendre tous les instruments et à saisir toutes les subtilités des différents morceaux. On observe une telle variété dans les tempos au sein même d’un seul morceau que je serais bien en peine de vous dire « celui-ci est plutôt mid-tempo, cet autre est plus rapide » … Même lorsque l’on s’attend à une balade, comme dans « Les Runes de Sang », le rythme finit finalement par s’accélérer. Puis je vous l’ai dit, au niveau des mélodies, certaines chansons prennent vraiment une dimension progressive. Je pense surtout à « Coming from the Stars », fabuleux morceau de huit minutes, et qui ne contient pas moins de trois bridges ! Le premier met en valeur les riffs mélodieux de la guitare, le deuxième insiste davantage sur les claviers et les chœurs. Quant au troisième, les voix parlée et caverneuse se font la part belle, avant une montée en puissance pour conclure le morceau en beauté, et surtout, en intensité.
Je pourrais continuer à vous énumérer tous les superbes passages qui parent cet album, mais si vous êtes un aficionado de l’univers païen, de l’alternance entre différents types de voix et des claviers, ne cherchez plus, Aequinoctium Sanguinis sera votre meilleur remède ! L’Arbre aux Esprits est un album d’une grande originalité, un véritable OVNI comme j’en ai rarement entendu ! N’espérez pas pouvoir comparer A.S à un autre groupe, je doute que vous y parveniez. Amis païens, bonne écoute !
« De la lumière et de la nuit, renait l’Arbre aux Esprits,
Qu’il puisse guider vos pas », A.S.
Fée Verte
7.5/10
Tracklist
1. Rite
2. The Revenge of Pagan Priestess
3. Stone Warriors
4. Masters of Red Sunset
5. Epona’s Wrath
6. Rebirth of Pagan Time
7. Le Chaudron de Daghdha
8. Les Runes de Sang
9. La Légende de Bloodmoon
10. Coming from the Stars
11. Forgotten Gods
12. Le Retour des Guerriers
Sortie : 05/03/2015
Liens du groupe :
http://aequinoctiumsanguinis.bandcamp.com/releases
https://www.facebook.com/pages/Aequinoctium-Sanguinis/178046338976577?ref=ts&fref=ts