Sojourner [FR]

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Quelques semaines après la sortie du premier album de Sojourner, j’ai eu l’immense privilège de poser quelques questions au groupe !

  • Bonjour à tous ! La composition du groupe est plutôt particulière et étonnante puisqu’il comporte des membres néo-zélandais et suédois. Tout d’abord, comment vous-êtes vous rencontrés ? Et comment avez-vous procédé lors de la préparation de l’album ? Considérez-vous cette double-origine comme un atout ou un frein ?

Chloe : Le fait que nous étions tous à des endroits différents n’était pas un gros problème lorsque nous avons écrit et enregistré l’album. Nous restions souvent en contact via Skype et des conversations de groupe, du coup nous n’avions jamais eu le sentiment d’être séparés. Mike L. et moi-même sommes souvent au même endroit, donc on peut toujours jouer les parties de guitare ensemble, ce qui sans ça aurait été le point difficile. Je pense que ça a été un énorme atout. Vivre dans un pays plutôt petit comme la Nouvelle-Zélande, ou même dans une ville écossaise encore plus petite comme celle où Mike L. et moi vivons en ce moment, c’est toujours difficile de trouver un groupe de personnes vraiment investi dans le secteur qui ont la même vision de la musique, surtout quand on veut écrire dans un style underground comme le notre. Etre capable de rassembler des gens venant de lieux différents veut dire que quelque soit ce que tu veux écrire, tu pourra toujours trouver des personnes qui sont juste autant passionnées que toi. Evidemment cela va créer quelques obstacles si nous voulons jouer en live, mais nous espérons y arriver un jour !

Mike L. : Heureusement toute la musique, à part la basse, a été enregistrée au même endroit, ce qui a beaucoup plus facilité les choses. La double-origine n’est peut-être pas un atout, car j’aimerais que nous vivions tous au même endroit, mais ce n’était pas un frein non plus ! Que toute la musique ait été enregistrée au même endroit a rendu les choses faciles, puis Mike W. a ajouté ses lignes de basse, et Emilio sa voix, donc ça s’est très bien passé. Emilio et moi nous sommes rencontrés il y a quelques années lorsqu’il m’avait envoyé une gentille chronique de mon ancien groupe de doom mélodique (et celui de Mike W. également) Lysithea sur sa chaîne YouTube, nous avons discuté ensuite, et j’ai fini par être un grand fan de son groupe de death/doom Nangilima, et nous avons décidé que nous voulions travailler ensemble sur un projet orienté black metal. J’ai écrit la chanson qui est devenue « Heritage of the Natural Realm », nous y avons ajouté le tin whistle de Chloe, et elle a rejoint définitivement le groupe par la suite et nous avons écrit le reste de l’album ensemble. Puis nous avons ajouté les lignes de basse de Mike W., un de mes vieux amis et camarades de groupe, et c’est ainsi que Sojourner est né !

  • Pourquoi avoir choisi « Sojourner » comme nom de groupe ? Votre musique peut-elle être considérée comme une invitation au voyage ?

Emilio : J’ai répertorié une liste de noms et aucun ne convenait vraiment. Un jour le mot « sojourner » a surgi dans mon esprit. Je l’ai suggéré aux autres et ils ont adoré aussi. Cela colle vraiment à notre musique et aux paroles. Un villégiateur est quelqu’un qui ne reste jamais au même endroit trop longtemps.
Notre musique est en effet un voyage ! Au moment d’écrire les paroles j’avais des histoires dans ma tête et je posais des mots dessus. Chloe peut l’attester pour « The Pale Host », mais je suis sûr que c’est la même chose ici.

Chloe : Emilio a plutôt bien résumé, mais dans « The Pale Host » j’avais envie d’une chanson traditionnelle. Les paroles étaient inspirées des anciennes tragédies épiques grecques, sur lesquelles je travaille pour mon doctorat. Elle fait partie de la trilogie des chansons liées après « Aeons of Valor » en tant qu’une réflexion post-bataille sur ce qui a été perdu, et avant le voyage « Homeward ».

  • Votre premier album Empires of Ash est sorti cette semaine. J’ai constaté un très fort enthousiasme , que ce soit de la part de la presse ou du public. Comment le vivez-vous, pour un groupe si jeune, c’est assez incroyable !

Emilio : Je ne le dirai jamais assez … mais nous sommes submergés de réponses. Tout ce soutien du monde entier est quelque chose qui dépassait tout ce que nous pouvions imaginer. Nous sommes partis dans l’idée que nous allions sortir un album dont nous étions fiers et c’était le cas. Nous voulions le sortir par le biais d’un label, et heureusement, ça s’est fait, mais nous ne pensions vraiment pas que ça se passerait aussi bien ! Il n’y rien d’autre à dire que « merci » !

Mike : Tout à fait ! Quand nous avons commencé à écrire l’album nous pensions que ce serait une petite sortie, mais nous avons reçu tellement plus de soutien que nous pouvions l’imaginer. Nous ne pourrions être plus reconnaissants envers toutes les personnes qui ont acheté l’album jusqu’à présent, et envers Roberto pour la confiance qu’il nous a témoignée. Cela fait vraiment chaud au cœur de voir tellement de gens acheter l’album, ce genre de soutien, de les voir partager nos morceaux sur les réseaux sociaux et de lire des commentaires positifs. C’est quelque chose qui n’a pas de prix. Donc nous sommes vraiment reconnaissants de tout ce soutien !

  • Et ces « empires de cendre », quels sont-ils ? Pourquoi avoir appelé l’album ainsi ?

Mike : Nous sommes tous passionnés d’histoire. Chloe et moi-même avons un diplôme en histoire et en lettres classiques, et Emilio est un grand fan des périodes classiques, ainsi que l’histoire et la mythologie qui y sont liées. Donc je pense que le titre est une réflexion sur la nature des empires d’un point de vue historique, la montée et la chute inévitable de chacun. Je crois que cela est aussi grosso modo en corrélation avec certains des thèmes de l’album (notamment l’histoire de bataille qui est véhiculée à travers « Aeons of Valor », « The Pale Host » et « Homeward »). Et aussi tout simplement parce que c’est un chouette nom pour un album !

  • La pochette de l’album est vraiment très belle. Jordan Grimmer l’a réalisée, comment êtes-vous entrés en contact ?

Mike : J’ai travaillé avec Jordan pour mon dernier emploi, dans une compagnie de jeux appelée Kobojo. Jordan était chargé de réaliser le design des jeux de rôle que nous créions, et c’était vraiment incroyable. Donc il m’a paru naturel de lui parler et de lui demander s’il était intéressé pour réaliser quelques pochettes pour nous. Il était vraiment ravi, et je lui ai donc suggéré des éléments que nous voulions voir apparaître. Des idées telles qu’une représentation des ruines de la cathédrale St Andrews (juste au coin de la rue où Chloe et moi vivons en ce moment) comme base des ruines de la pochette, et la placer parmi un mix des Highlands écossais et de la nature néo-zélandaise, le tout avec une sorte de lumière du soir onirique. Il s’en est chargé tout de suite, et en l’espace de quelques jours nous avions notre produit fini ! Malheureusement cette entreprise a coulé, mais Jordan se porte très bien depuis qu’il est venu s’installer en Angleterre. C’est un artiste fantastique et un mec vraiment bien.

  • Et concernant votre collaboration avec Avantgarde Music, comment cela s’est-il passé ?

Emilio : Dès que nous avons fondé le groupe, nous savions exactement quel label nous voulions. Peu avant la sortie du single « Heritage … », j’ai contacté Avantgarde Music pour les informer de ce que nous allions faire et qu’ils seraient les premiers à entendre un nouveau morceau pour décider si nous serions ajoutés à la liste des groupes sous leur aile ou non. Nous sommes restés en contact plusieurs mois jusqu’à ce qu’en début d’année, Avantgarde a accepté et nous avons rejoint le label. Nous avons tous le sentiment qu’il n’existe aucun autre label fait pour nous, donc notre travail avec le label perdurera pour les années à venir !

  • Parlons de votre musique à présent. Celle-ci est assez atypique et votre groupe possède une identité qui lui est propre. Votre musique est en effet extrêmement riche, on décèle des éléments black, folk, épiques, atmosphériques, parfois doom aussi. Quelles sont vos principales influences ? Je pense notamment à des groupes comme Summoning, Saor, qu’en pensez-vous ?

Emilio : Je suis d’accord mais il y a beaucoup d’autres influences. Je m’inspire de beaucoup de groupes de black atmosphérique et de doom metal (Draconian, Elderwind, Gallowbraid, etc) donc je ne reste pas cantonné à un genre. J’aime particulièrement écouter de la musique avec du piano et des cordes pendant que j’écris des paroles, bien plus que le metal. Cela dépend juste de mon humeur du moment.

Chloe : Summoning et Saor sont effectivement deux grandes influences et probablement les plus évidentes à l’écoute de l’album, mais j’étais également, si ce n’est plus, influencée par Borknagar, Nechochwen, Alda, Wardruna, et Moonsorrow. Ce sont ceux que j’écoutais le plus quand nous écrivions. C’est toujours difficile de dire ce qui vous a fait écrire quelque chose.

Mike : Oui, Summoning et Saor nous ont beaucoup inspirés et ce sont tous les deux des groupes brillants. Cependant, mes principales influences sont Agalloch, Enslaved, Moonsorrow, Windir, Primordial, Borknagar, Dissection, etc, aussi bien que de nombreux groupes de doom et de death mélodique. J’adore aussi des choses hors metal, donc je pense que les influences s’infiltrent en quelque sorte partout. Beaucoup de mes livres préférés m’inspirent musicalement aussi. Je suis un grand fan de fiction, d’épouvante et de science-fiction, et parfois j’imaginerai quelque chose à écrire pendant que je lis. Je pense qu’une influence est difficile à déterminer, comme Chloe l’a dit.

  • Et concernant les paroles, que disent-elles, quels sont les thèmes que vous abordez ?

Emilio : Les paroles traitent de la nature et de fantaisie. Parfois les deux s’associent. Pour l’aspect de la nature nos paroles se rapportent à Mère Nature et aux paysages en général. Pour ce qui est du thème de la fantaisie, j’ai tiré mon inspiration de certains auteurs mais en créant mes propres histoires (des batailles, des voyages, etc). Il était pour nous évident que nous voulions écrire là-dessus dès le départ, ce sont également des sujets dont nous sommes passionnés, donc ce n’était pas juste pour s’amuser.

  • Une des particularités du groupe est la présence d’un chant féminin, celui de Chloe qui est absolument magnifique. Joue-t-il un rôle particulier dans l’album ? Vous avez évoqué le morceau « The Pale Host », qui se révèle être très différent des autres morceaux, pouvez-vous expliquer son rôle exact ?

Chloe : Merci ! Nous nous sommes efforcés de garder les parties en chant clair pour donner plus de puissance aux passages-clés des morceaux, plutôt que d’en mettre partout juste parce que nous le pouvions. Nous adorons tous l’alternance entre les vocaux féminins clairs et les vocaux lourds dans des groupes comme Draconian, donc la partie de va-et-vient dans « Homeward » et l’harmonisation des voix dans « Empires of Ash » étaient très amusantes. « The Pale Host » a été écrite pour être la partie centrale d’une sorte de trilogie, où « Aeons of Valor » est une bataille, « The Pale Host » retranscrit ses conséquences, et « Homeward » relate le retour chez soi. J’adore les chansons traditionnelles qui cachent une histoire sombre et obsédante, donc j’ai essayé de trouver une mélodie et des rimes qui donnaient l’impression que c’était une vieille chanson. Nous voulions également que l’album entier ait une structure dynamique avec des parties rapides et lentes, et des parties heavy et douces. Par conséquent, cette chanson est une coupure au milieu, qui je pense, renforce les atmosphères des autres morceaux.

  • Quel est votre morceau préféré de l’album, et pourquoi ?

Mike : Oh c’est une question difficile ! Je suis vraiment fier de toutes les chansons sur cet album ! Je pense que nous avons mis toute notre âme dans chacune d’elles et nous sommes fiers de ce que nous avons créé. Si je devais en choisir une, ce serait « Trails of the Earth », tout simplement parce qu’elle contient certains de mes riffs et leads préférés que j’ai jamais écrits et j’adore le rythme et l’atmosphère que dégage cette chanson en général.

Chloe : C’est si difficile à choisir, car toutes jouent un rôle différent dans l’album … mais je dirais probablement « Homeward ». Dès que j’ai rejoint le groupe, je savais que je voulais écrire un morceau long, épique, qui combinerait des éléments triomphants et mélancoliques, et « Homeward » en fut le résultat. Ceci dit, j’adore l’atmosphère de bataille fantastique et magique qui se dégage d' »Aeons of Valor » aussi … ça dépend juste de mon humeur !

Emilio : J’aurais aussi dit « Homeward ». C’est tout ce que j’aime dans ce style de black metal. Comme Chloe l’a dit, cette chanson était celle que je nous voyais créer lorsque nous avons fondé le groupe. Toutes nos influences s’y rencontrent et écrire ce long morceau épique … J’en suis extrêmement fier.

  • Côté live, avez-vous des dates en préparation ? J’ai entendu parler de deux dates en Ecosse, et vous seriez à la recherche de musiciens de session, est-ce exact ?

Mike : Oui ! Nous en avons prévu un ou deux en Ecosse quand Emilio se sera libéré en septembre. Le line-up live est quasiment complet, et comprend un membre qui pourrait surprendre certains, mais au-delà de cela nous recherchons d’autres dates en Europe l’année prochaine si possible. Nous verrons comment les choses évolueront, et nous recherchons toujours un batteur ! Un batteur et un claviériste sont les pièces manquantes du puzzle, mais nous pouvons nous passer de claviériste tant que nous trouvons un bon batteur !

  • Ok, j’espère que tous ces jolis projets aboutiront ! J’arrive à ma dernière question, je vous laisserai ensuite conclure l’interview comme vous le souhaitez. D’ailleurs, merci infiniment d’avoir accepté de répondre à mes questions, ce fut un grand plaisir ! Donc, ma question est la suivante, pouvez-vous parler de la culture metal en Nouvelle-Zélande ? Existe-t-il une forte culture autour de ce genre musical ? Je dois avouer que, mis à part Jakob et Kerretta qui sont plus des groupes de post-rock que de metal, je n’en connais aucun autre de ce pays, à part vous …

Et bien il y a un peu de tout en Nouvelle-Zélande. La scène metal n’est pas très importante, tout du moins si l’on compare aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni ou presque partout ailleurs en Europe … mais il y a une vraie passion pour le metal, et cela compte énormément. Le fait que ce soit un petit pays y est un peu pour quelque chose à cet égard. Je recommanderais Orphans of Dusk (https://orphansofdusk.bandcamp.com/), qui est en fait un autre groupe de Dunedin. Comme Sojourner, leur chanteur vient d’un autre pays (en l’occurrence, l’Australie), et ils sont absolument adorables. Je ne les connaissais pas auparavant, je ne les ai toujours pas rencontrés en personne, mais ils ont sorti leur EP « Revenant » à peu près au même moment où mon groupe de doom Lysithea sortait notre premier album en 2014. Ils m’ont vraiment épaté, c’est une des meilleures musiques que j’ai entendue hors Nouvelle-Zélande. Si vous cherchez de très bons groupes néo-zélandais black, Vargafrost valent le coup (https://vargafrost.bandcamp.com/album/honour-blood-spirit-and-love). Abstract Survival est un autre groupe originaire de Dunedin avec un son génial fait par des types vraiment supers (https://abstractsurvival.bandcamp.com/), ils valent aussi le coup si vous voulez écouter du metal néo-zélandais fortement influencés par le death. Beastwars est un autre groupe fantastique de Wellington du côté plus doom et sludge (https://beastwars.bandcamp.com/) et Into Orbit est un grand groupe plus post-rock/post-metal, comme tu l’évoquais tout à l’heure (https://intoorbit.bandcamp.com/album/caverns). Mais oui, il y a beaucoup de groupes de metal néo-zélandais et bien sûr je ne peux pas tous les nommer, mais c’est une scène qui devient de plus en plus importante et intéressante. J’en profite pour parler de mes deux autres groupes Lysithea (https://lysithea.bandcamp.com/) et Cailleach (https://cailleach.bandcamp.com/) que vous pouvez écouter si la musique de Sojourner vous a plu. Cailleach est un peu laissé de côté pour le moment, mais nous venons juste de commencer la préparation du nouvel album de Lysithea et nous comptons jouer en concert (et peut-être même faire une tournée). Lysithea était mon premier projet enregistré quand j’ ai commencé en 2008, donc c’est un investissement de long terme pour Mike Wilson (notre bassiste de Sojourner, mais chanteur/co-guitariste et parolier de Lysithea) et moi-même.
En tout cas, merci infiniment pour l’interview et merci à tous ceux qui nous soutiennent ! Cela fait vraiment chaud au cœur de recevoir tous ces bons retours. Santé !

Fée Verte

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