Report : Hellfest Jour 2 / Samedi

Morrigan :

« On n’a toujours pas dormi!!!!! » ahhh que serait le Hellfest sans ces âmes imprégnées d’alcool qui te ruinent le petit cycle de sommeil que tu avais réussi à attraper. C’est bien beau tout ça, mais nous on a des concerts à voir, direction le site (et la cathédrale toujours aussi engorgée en fin de matinée…). Un café et quelques gâteaux plus tard, nous voici sous la Temple.

Reports par : Morrigan, Grymauch, Thrall, Huginn, Wunjo.

Photos par Guillaume Munin.

Groupes évoqués : Myrkur, Dark Fortress, Crobot, Heidevolk, Moonsorrow, Primordial, Gutterdammerung, Dark Funeral.

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MYRKUR

Morrigan :

On s’était dit que ce concert n’était pas trop dans la ligne éditoriale de Valkyries donc pas dans les priorités à couvrir. Mais Myrkur on en parle tellement ces derniers temps qu’évidemment on a été voir de nos propres petits yeux (et oreilles surtout) ce que ça valait.

On a vraiment bien fait ! Avec un set beaucoup plus orienté pagan que ce que je pensais, et un son très solide dans l’ensemble, c’était assez envoûtant (bon totalement ok). C’est qu’elle en impose la madame, aussi bien en chant clair qu’en chant guttural, et elle n’a rien à envier à la gente masculine qui domine très largement les milieux black. A écouter le set comme ça, j’ai eu l’impression qu’il y avait des années et des années d’expérience du groupe, et de tournées qui existaient car ça coulait de source tout simplement, ce fut d’ailleurs un des sets les plus cohérents que j’ai pu voir au Hellfest cette année.

DARK FORTRESS

Morrigan :

Bon, bon, bon. Ok c’est pas du folk du tout, mais on n’est pas des bêtes, on vous raconte nos coups de cœur et nos aventures hors fok/pagan aussi. Dark Fortress cette année étaient LE groupe que je n’aurais loupé sous AUCUN prétexte car ils sont aussi rares qu’excellentissimes. Et ça n’a pas loupé. Même si notre positionnement (devant à droite) n’était pas du tout optimal pour apprécier le son, et bien quel show ! Quelle présence de la part des musiciens, et ce même pour le batteur remplaçant qui a plus qu’assuré son rôle. C’était la première fois que je les revoyais depuis la sortie de leur dernier album, clairement plus atmosphérique que les précédents alors j’étais très curieuse d’entendre ce que ça allait donner. Et bien ce fût assez déstabilisant, on reconnaît clairement directement les nouvelles chansons, mais ça n’en est pas mauvais, au contraire, le choix judicieux de l’ordre des titres a donné un ensemble cohérent. Un très bon son dans l’ensemble, un Morean très en voix, et ce désormais classique parmi les classiques final sur Baphomet, ce fût intense et génial, mais beaucoup trop court.

CROBOT

Grymauch :

On perd pas espoir et nous voilà enfin sur site pour assister au show de Crobot ! Et donc là si tu avais encore un peu de mal à te remettre dedans, les quatre Américains sont là pour te rappeler que c’est le moment d’envoyer la purée ! Et c’est précisément ce qu’ils ont fait durant les 40 min qu’ont duré leur set. Crobot a envoyé un rock plutôt vénère mais carrément groovy soutenu par un jeu de scène absolument imparable. Résultat on est dedans du début à la fin ! Qu’on se laisse emporter yeux fermés par un riffing simpliste à la mélodie totalement ravageuse, ou qu’on profite des gestuelles délurées du frontman, tout est à fond. Jusqu’à la setlist qui ne laisse aucun temps de répit, les titres joués sont tous plus heavy les uns que les autres et te font bouger comme rarement t’en as l’occasion. Et pour achever le tableau on a même eu le droit à un petit numéro d’acrosport lorsque le chanteur saute on ne sait comment sur les épaules du guitariste, ce dernier accusant une réception toute en souplesse, tout en continuant à chanter comme si de rien n’était. Du vrai Rock N’ Roll bien barge en somme !

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HEIDEVOLK

Dageraad

Winter Woede

Ostara

Saksenland

Urth

Drankgelag

Nehalennia

Einde der zege

Vulgaris Magistralis

Veleda

Thrall :

Heidevolk, c’est de la barbe, de la corne à boire, de la bière et encore de la bière ! Bon, point de cornes aux ceintures des gaillards sur scène mais une véritable énergie pour un show festif et ultra convaincant pour ma part ! Les chants fusent, chaque refrain ayant été l’opportunité pour nous de lever nos verres à la santé des Hollandais. Le groupe avait vraiment la pêche, les deux chanteurs principaux effectuant leurs rôles de leaders sur la Temple à la perfection, encourageant la foule à chanter et danser avec eux. La fosse n’était d’ailleurs pas en reste, se bousculant dans la joie et la bonne humeur sur chaque morceau du groupe. Heidevolk, c’est avant tout une super ambiance et une sérieuse envie de picoler à chaque riff du combo ! J’aurai d’ailleurs l’occasion de les revoir dans quelques jours au Ragnard Rock Festival.

Huginn :

Retour à la Temple (j’aurai définitivement passé quasiment tout mon Hellfest là-bas), pour voir les Hollandais de Heidevolk ! Et une fois encore je ne suis pas déçu, ils nous ont régalés de leurs musiques festives et médiévales. Le chant et les chœurs sont ce qui m’ont le plus plu dans leur prestation, Heidevolk a cette capacité de prendre aux tripes avec des mélodies efficaces et surtout un chant particulier qui semble venir d’une autre époque. Mention spéciale à l’ultra festive « Vulgaris Magistralis », et ses cris guerriers repris par la foule en osmose totale avec le morceau, sans parler de « Saksenland » et ses solos endiablés.

Morrigan :

Ça me fait mal de devoir l’écrire ici car j’adore ce groupe et son originalité notamment dans la voix, mais leur prestation m’a énormément déçue au Hellfest. Non pas que le groupe ait été mauvais, loin de là, mais c’était ma « première fois », et j’ai été extrêmement déçue par l’absence pure et simple d’instruments traditionnels sur scène (au point que je me suis ruée sur internet en rentrant à la maison pour regarder si c’était toujours le cas). C’est bête à dire, mais un groupe dont le nouvel album est -entre autres – truffé de soli de violon, et bien l’absence de ces instruments sur scène perturbe. C’est vrai, du coup le son était plus pur, avec l’accent mis sur les voix, mais du coup les samples étaient quasi inaudibles (j’étais loin, ça a sans doute joué aussi). Beaucoup de curieux dans l’assemblée, mais pas mal de fans acquis à la cause du groupe aussi, il faut dire que Heidevolk en France, c’est très rare ! En tout cas ce mélange a formé une audience très bon enfant et agréable.

Grymauch :

C’est l’heure de la petite pause miam qui va bien, sous le crachin qui sévit depuis quelques temps déjà, mais on ne se laisse pas abattre et c’est le ventre plein qu’on se retrouve sous la Temple pour Heidevolk ! Je n’avais aucune affinité particulière avec ce groupe et ce concert a changé sensiblement la donne. Le show débute sur des samples de nature, bruissement de feuilles, cui-cui des oiseaux etc… Le batteur prend place dans une atmosphère très sereine et après une ou deux minutes les autres membres débarquent d’un bloc, la batterie se met en branle, les guitares vrombissent et on est direct plongé dans l’dur ! En tout cas l’entrée est réussie ! Pour la suite on peut en dire tout autant, la setlist était assez variée, des titres plus rentre-dedans aux titres plus fédérateurs tout y est passé ! Néanmoins j’ai eu un peu de mal à m’investir dans le show, pourtant parfaitement géré ! Les deux chanteurs se rendant la réplique constamment, les guitaristes jouant dos à dos en une bonhomie affichée ou encore les nombreuses interventions auprès du public, que ce soit pour dire merci ou appeler à lever du poing ou à chanter en chœur, une chose est indéniable, Heidevolk se sentait chez eux ! Et le public le leur rendait parfaitement ! Mais voilà, leur musique a un coté classique et passe-partout au sein d’une scène folk plus que fournie, alors peut être que n’étant pas un savant connaisseur de la formation je suis passé à côté de quelque chose, mais je n’ai pas été transporté en ce qui me concerne. Cela dit c’était tout de même un bon moment !

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MOONSORROW

Jumalten aika

Raunioilla

Suden tunti

Ihmisen aika (Kumarrus pimeyteen)

Sankaritarina

Wunjo :

Samedi, 20h20, Moonsorrow s’apprête à prendre place sous la Temple qui s’assombrit alors que la journée passe. Je suis plutôt bien placé, et je ne parviens pas vraiment à distinguer l’ampleur de la foule. Pour mon 1er concert pagan du festival, j’ai encore en mémoire les affluences lors de Finntroll, Alestorm et Ensiferum de l’année passée, et je prie pour que le concert se déroule de manière plus appropriée.

Les Finlandais ont joué une setlist solide (quoique classique ?) dans une ambiance parfaite et devant un public tout acquis à sa cause, quel soulagement ! Oui, le pagan est en vogue, et lors de grands rassemblements, il a malheureusement tôt fait de se transformer en foire à imbéciles.

J’ai donc pu me focaliser de manière pleine et entière sur ce qu’il se passait sur scène. Verdict : le son fut tout à fait correct. Petit bémol néanmoins à propos des claviers, toujours trop forts à mon goût, mais peu importe, je suis rarement déçu des prestations live de Moonsorrow, bien qu’ils pratiquent un style qui se prête moins à l’exercice de la scène que d’autres nombreuses formations pagan.

D’ailleurs, comment critiquer un set qui s’ouvre sur l’excellent titre fleuve Jumalten Aikan et se clôt sur l’excellent titre fleuve Sankaritarina ?!

Morrigan :

Une fois encore j’ai hésité, puis mes pas m’ont portée vers la Temple où jouaient Moonsorrow. Pour ceux qui l’auraient raté, Moonsorrow, c’est l’un de mes groupes favoris de tous les temps, mais avec lequel j’ai beaucoup de mal en live… Alors bien entendu, une fois de plus, j’ai été curieuse et je suis allée voir quand même ce que ça allait donner… Et j’ai sacrément bien fait ! Quel plaisir de voir les Finlandais avec un air tellement heureux d’être là, de les voir solliciter et communiquer avec leur public, les entendre avec un son très propre et précis (on entendait même la voix!). Un excellent concert donc, avec un public nombreux, réceptif, et motivé (ne m’étant pas trop approchée je n’ai pas tellement vu ce qui se passait devant mais ça avait l’air bien). Pour ce qui est de la setlist, et passée la déception (oui il faut que je m’y fasse, mais c’est difficile) de pas de Sankarihauta en ouverture, cette setlist était très bien équilibrée entre anciens et nouveaux titres, puis les frissons sur le final, comme d’habitude Sankaritarina. Le set était tellement propre que – et j’ai demandé autour de moi – pour une personne n’écoutant pas particulièrement Moonsorrow, il était tout simplement impossible de différencier les titre d’albums précédents de ceux issus de Jumalten Aika.

PRIMORDIAL

Where Greater Men Have Fallen

No Grave Deep Enough

Babel’s Tower

As Rome Burns

Lain With the Wolf

Wield Lightning to Split the Sun

Empire Falls

Wunjo :

Les Irlandais succèdent aux Finlandais, une petite heure seulement après la fin du set de ces derniers. Alors que l’heure avance, le jour noircit, à l’image de la foule venue assister à la prestation de Primordial, dont la réputation n’est plus à faire. Pour preuve, je suis nettement plus à l’étroit que pour Moonsorrow.

Nouveau soulagement : le public fut exemplaire, et apprécie à sa juste valeur le style de Primordial, qui quant à lui fait mouche en live. D’ailleurs, le groupe a opté pour un set plus énergique, bien qu’il ait conservé certains titres tout à fait mélancoliques tels que Babel’s Tower et Wield Lightning to Split the Sun.

On peut éventuellement regretter l’absence de Coffin Ships, mon petit favori, bien que les concerts ne lui rendent généralement pas honneur pour je ne sais quelle raison. Le son peut-être, même si c’est un aspect que les Irlandais savent gérer, et ce concert au Hellfest ne fait pas exception.

Puis le live se termine sur l’éternel et toujours aussi bon Empire Falls. Primordial déçoit rarement, le groupe est rodé à l’exercice, et Alan est un véritable frontman qui sait tout à fait rendre vivante sa musique. Malgré tout je reste critique vis-à-vis des disparités au niveau des costumes, et je regrette le fait que seul le chanteur soit impactant visuellement. Je pense que Primordial aurait une carte à jouer du côté de l’esthétique.

4

GUTTERDAMMERUNG

Grymauch :

Le peuple je ne sais pas, mais après un tel concert moi je demande une bière ! Pause ravitaillement et on se dirige tranquillement vers la warzone pour le show qui clôturera la journée du samedi, Gutterdammerung ! Récapitulation. Ce nom à rallonge est un projet de l’artiste Bjön Tagemose dans lequel il a voulu mêler le cinéma et la musique dans le plus pur esprit Rock N’Roll ! Concrètement ça donne quoi ? Un festival n’est probablement pas le cadre optimal pour être à fond dedans, quand t’entends le concert de Korn pendant les silences du film c’est un peu bof…

Sinon la scène se compose uniquement d’une toile sur laquelle est projeté ledit film. Et là je me suis dit, mais, y’a pas un concert en même temps ? Et en fait une fois que la musique débute, un effet de lumière met en silhouettes les musiciens qui jouent derrière l’écran ! Disposition originale qui met l’œuvre cinématographique au premier plan et ajoute un coté mystique lorsque les zicos impriment leurs gestuelles sur l’écran. Le film en lui-même était assez brouillon, faut dire que j’étais au bout du rouleau, du coup après 30 min d’exposition de situation ou de perso j’ai abandonné toute réflexion et me suis contenté des belles images que propose le long métrage.

Maintenant musicalement, c’était juste génial ! On a tapé dans pas mal de registres, souvent en corrélation avec les stars à l’écran, par exemple un bon gros thrash qui tache pour la scène avec Tom Araya de Slayer en mode méga vénère, ça déchire tout ! J’en profite pour préciser que le cast avait de quoi faire rougir ! Iggy Pop, Slash, Grace Jones, Tom Araya donc, mais aussi Lemmy ou Jesse Hugues, faut avouer que ça claque ! Sans oublier Henry Rollins qui était présent aussi sur scène et qui avait même le privilège de passer devant l’écran dans ses habits ecclésiastiques pour apporter encore plus de mysticisme. Le show a souffert quand même de quelques longueurs selon moi, c’est-à-dire les moments où il n’y avait pas de musique tout bêtement. Mais une fois le film fini, les musiciens passent sur le devant de la scène et enchaînent quelques titres qui reboostent l’audience dont une reprise aussi inattendue que parfaite du mouvement O Fortuna des célèbres Carmina Burana en version Black metal ! Donc globalement une bonne surprise que je vous encourage à aller voir si l’occasion se présente !

Morrigan :

A vrai dire, avant l’annonce de leur venue au Hellfest, je ne connaissais pas l’existence de ce groupe, mais sur le papier ça avait l’air sympa et spectaculaire, alors je suis allée voir. Ce groupe, c’est un film projeté sur écran sur scène, et des musiciens jouent la musique qui accompagne le film en live. Mais pas n’importe qui hein : Iggy Pop, Slash, et bien bien d’autres (pas tous présents au Hellfest bien évidemment). C’était intriguant, et la mise en scène était belle : un écran au milieu de la scène, les musiciens posés derrière, apparaissant en contre jour derrière la toile de temps en temps et selon les lumières. Le souci, c’est que le groupe n’aurait jamais dû jouer dans ces conditions : le son de la Mainstage venait empiéter sur celui de la Warzone, et donc adieu la magie du film et sa bande originale. Beaucoup de monde aussi, donc très difficile de rentrer dedans entièrement. Je ne suis pas restée jusqu’au bout car j’ai eu un immense sentiment de gâchis. A revoir en salle dans de meilleures conditions car les musiciens étaient loin d’être mauvais et le film était très beau.

DARK FUNERAL

Unchain My Soul

The Arrival of Satan’s Empire

The Secrets of the Black Arts

Atrum Regina

Hail Murder

Vobiscum Satanas

As I Ascend

Nail Them to the Cross

My Funeral

Where Shadows Forever Reign

Thrall :

Après un voile de ténèbres observé la veille sous la Temple avec Abbath, voilà que l’apocalypse se frayait un chemin en ce dernier concert de la journée de samedi. Dark Funeral était dans la place et rien n’allait empêcher les Suédois d’instaurer leur messe satanique à coup de guitares saturées, de double pédale et de vocaux torturés. Et c’est exactement ce qu’il se passa, la formation déversant sur le public une vague de son tout juste impressionnante, nous noyant sous les riffs blasphématoires des classiques « Vobiscum Satanas » et autres « The Secrets Of The Black Arts ». Les membres du groupe, engoncés dans leurs armures de combat, étaient à l’image de leur son monolithique et implacable : des blocs de granite, restant le plus souvent stoïques, campés sur leurs jambes, avant de se mettre à marcher tels des ombres sur scène. Le moment fort du concert fut l’enchaînement « Nail Them To The Cross » et « My Funeral », l’extrême violence du premier titre répondant au mid-tempo lourd du second. Bref, un très bon concert de Black Metal sous la Temple passé en compagnie de Dark Funeral ! Puissant et efficace : que demander de mieux ?

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