[Report] Corvus Corax à la Passionskirche (16.12.2016)

Comme tous les ans, Corvus Corax organisent un concert de Noël dans une église berlinoise, pour une soirée pagan du plus bel effet. Une fois de plus, on y était !

L’année dernière, HeronMaiden était aux premières loges pour le concert de Corvus Corax à la Passionskirche. Cette année, c’est moi qui ai eu le plaisir d’y assister. Deux groupes de pagan folk dans une église traditionnelle, des tambours et des cornemuses résonnant contre les murs de pierre, voilà qui promet ! D’ailleurs et comme tous les ans, les deux soirées se font à guichets fermés.

En ce vendredi frisquet, je m’introduis donc dans la Passionskirche, église néo-romane construite à Kreuzberg au début du XXe siècle. Le choeur est aménagé en scène pour l’occasion, et au milieu des murs rouges se dresse tout l’équipement de Corvus Corax : tambours massifs, décorations aux motifs de corbeaux et cornemuses sont déjà prêts, n’attendant plus que les musiciens.

Je me faufile au troisième rang, et profite des quelques minutes qui me restent pour observer le public. Il y a de tout, de la mère de famille aux métalleux en passant par un gars habillé en pirate et une punk à dreads violets fluo. Corvus Corax, groupe emblématique de la scène pagan folk allemande, ammène avec lui ses fans divers et variés. Assis sagement sur les bancs de l’église, eux aussi sont prêts.

Comme l’an dernier, c’est le groupe russe Idisi qui assure la première partie. Cinq femmes vêtues de blanc et de fourrures, cornes de bélier sur la tête, apparaissent sur scène et nous plongent immédiatement dans cette atmosphère médiévale fantasmée, dans laquelle nous évoluerons toute la soirée. Leur entrée en scène est un cérémonial, où elles commencent par scander des paroles mystiques, en russe, en allemand, on ne sait plus, leurs voix s’entremêlent dans une mélopée envoûtante. A la fin de cet introduction, elles prennent leurs instruments.

Trois cornemuses et deux tambours, des rythmes assez lents et des mélodies répétitives qui plongent peu à peu le public dans une sorte de transe. Elles sont les chamanes de cette cérémonie, et entre deux morceaux, nous racontent des histoires. Parfois, le rythme s’accélère, et nos corps commencent à remuer doucement au son des percussions. Après un rappel, leur set se termine avec des reprises de chansons connues pour avoir été jouées par des groupes de folk metal, comme Trollhamaren et Vodka. Sous les applaudissement du public, les cinq sorcières russes quittent la scène, après une prestation qui est une parfaite introduction pour ce qui nous attend avec Corvus Corax.

Après une courte pause, Corvus Corax apparaît ! On ne présente plus le groupe de pagan folk berlinois, habitué des salles comme des festivals, qu’ils écument depuis 27 ans, avec différentes formations, invités et collaborations. Ce soir, c’est une version épurée de Corvus qui se présente à nous : sept musiciens, dont trois percussionnistes, trois joueurs de cornemuses, ainsi que le meneur, Castus, qui alternera entre le chant, la cornemuse, et divers instruments à cordes.

Leur set durera deux heures, sans pause, sans prendre le temps de respirer entre deux morceaux à la fois planants et dansants. Ils commencent par Palästinalied, une chanson du XIIIe siècle aux paroles en ancien allemand qui a été reprise par de nombreux groupes modernes.

Ce soir, Corvus Corax nous présentent leur dernier album, qui est en vérité un best-of, nommé Ars Mystica. Une sélection de leurs titres depuis 1989. C’est donc une grande variété de répertoire qu’ils nous joueront. Mais Corvus Corax, ce n’est pas simplement la musique, c’est aussi la mise en scène, l’ambiance païenne dans laquelle ils nous plongent, qui tranche avec le décor sacré de l’église, la dynamique des musiciens qui ne s’arrêtent jamais, passant d’un instrument à un autre, d’une cornemuse à une trompette en passant par tout un tas de percussions, c’est la fumée et les lumières qui semblent jaillir du fond des enfers. Il n’y a rien de metal dans les instruments, et d’ailleurs la sonorisation ne sert presque que pour les voix, les autres sont assez puissants pour résonner dans toute l’église. Et pourtant, l’esprit est là. Corvus Corax reprend, réarrange, rend probablement plus belle à nos oreilles modernes qu’elle ne l’est réellement, la musique médiévale. Ses musiciens jouent aussi avec le public, ils sont tout près de nous, à la même hauteur. Wim fait des clins d’œil les filles au premier rang, Castus est le maître de cérémonie, les percussionnistes se jettent sur leurs instruments, les sonneurs tanguent sur la scène.

(désolée pour la photo bien pourrie… la joie de l’appareil photo qui lâche en plein concert)

Comme pour Idisi, je me laisse emporter par la musique et je ne cherche plus à reconnaître les noms des morceaux, je suis tout simplement dans l’instant présent, appréciant chacun des sons aigus des cornemuses, chaque battement des tambours. Au milieu du set, je reconnais Heidutzki Tanez, qu’ils jouent d’habitude avec leur autre formation, BerlinskiBeat. Cette fois, point de sonorités électro, c’est la version Corvus, cornemuses et percussions, mais tout aussi entraînante.

On arrive à la fin, et Castus fait chanter le public. Il nous demande de sortir la feuille qui nous a été distribuée à l’entrée, sur laquelle se trouvent les paroles de O Varium Fortune. Un morceau qu’ils jouent d’habitude accompagnés d’un chœur, mais ce soir il n’y en a point : le chœur, c’est nous. Il se trouve que cette chanson, je la connais bien, alors j’entonne avec les autres les paroles en latin. Les musiciennes d’Idisi reviennent pour partager la scène avec Corvus sur deux morceaux.

En guise de rappel, le groupe nous joue une petite reprise du thème de Game of Thrones, avant de conclure sur la puissante et mystique Hymnus Appolon. Et puis les lumières se rallument, nous rappelant que nous sommes dans une église, où nous venons pourtant de passer la plus païenne des cérémonies.

Je me glisse sans trop tarder dans le froid nocturne pour rentrer chez moi. Ce samedi, à la même heure, Idisi et Corvus Corax joueront de nouveau à la Passionskirsche devant une foule passionnée.

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