Noisebringer Fest I

Lorsque l’annonce de cette date est tombée le 22 juin 2022, je n’ai pu m’empêcher de penser « Il faut absolument que j’y aille ». Outre la présence de Munarheim, le reste du line-up était très alléchant puisque l’on pouvait compter sur la présence de Kanonenfieber en tête d’affiche, accompagnés de Karg, Waldgeflüster et des locaux de Chopped In Half.

Initialement, le concert organisé par Aasgardian Events et Noisebringer Records (label de Kanonenfieber) devait être une date isolée, mais la tournée de Belphegor et Kampfar passant par Bamberg la veille, l’événement s’est transformé en festival de deux jours sous le nom de « Noisebringer Fest I », qui a rapidement affiché complet. Je n’ai malheureusement pas pu assister à la première journée.

Je prends la route samedi matin pour la première étape de mon périple, de l’aéroport Charles de Gaulle jusqu’à Francfort. Il me fallait ensuite emprunter un train jusqu’à Würzburg, puis un autre pour Bamberg. Mon premier train ayant eu du retard, je loupe de peu la correspondance. Fort heureusement, s’agissant d’un train régional, je pouvais prendre le suivant sans repayer un billet, et j’arrive finalement à destination en milieu d’après-midi, un quart d’heure après l’heure d’arrivée prévue.

Une fois mes affaires déposées à l’hôtel, je me mets directement en chemin pour la salle de concert « Haas Säle » située dans le centre-ville. Ayant quand même du temps devant moi, je m’y rends en flânant. Bamberg est en effet une très jolie ville, avec son dédale de rues piétonnes pavées et ses édifices médiévaux. Mention spéciale pour son « Altes Rathaus » (ancienne mairie) et la « Domplatz ». Ma session touristique terminée, je retrouve devant la salle une amie, mon acolyte du Ragnarök Festival.

Une heure après l’ouverture des portes fixée à 18h, le set de Chopped In Half est lancé sur une intro digne d’un film d’horreur. En live, le groupe prend la forme d’un quartet composé du chanteur/guitariste Markus Wenzig, du guitariste Christian Perrmann, du batteur Nils Körner, et du bassiste de session Christoph Schwitalla.

Les aficionados du genre l’auront deviné, le nom du groupe vient d’une chanson d’Obituary. L’influence de la formation américaine est saillante, on a affaire à un death metal « old school ». Lors du set, c’est le guitariste qui assure le rôle de frontman en s’adressant régulièrement au public. Le musicien seconde occasionnellement Markus aux growls additionnels. Si la musique des Bavarois s’avère efficace, celle-ci demeure néanmoins conventionnelle. Pour ma part, même si j’ai passé un bon moment, ce concert ne sera pas des plus marquants, et une demi-heure m’aura amplement suffi.

SETLIST : Intro / Dark Day / Revenge / Combat Robot / Immolation / World Downfall / Obituary / Death

Munarheim emboîte le pas sur le titre d’ouverture de son troisième et dernier album Willens & Frei. Le line-up est une fois encore réduit puisque Ramona (flûte), Julius (basse) et Christoph (guitare) manquent à l’appel. Nous pouvons toutefois compter sur la présence du chanteur Pascal, des deux guitaristes Helge et Sebastian, du batteur Wolfgang, de la flûtiste Sabine, et de Theresa à la guitare acoustique. Les chœurs sont assurés par les trois guitaristes.

Si les membres du groupe arborent des tenues toujours aussi élégantes, les décors de scène sont quant à eux plus limités qu’habituellement. Seules des plateformes d’où jaillit de temps à autre de la fumée sont placées en bord de scène.

Au milieu de ce line-up très « black metal » et pour sa première date de l’année, le groupe ne s’est absolument pas laissé intimider et s’est plus qu’honorablement défendu. La setlist faisait la part belle aux titres incontournables tels que « Ruhelos » et « Liberté », en plus des deux nouvelles chansons « Sei du das Licht » et « Und der Wind Sang ». Comme à chaque concert, la mise en scène est toujours élaborée. Sur « Sei du das Licht », Sabine se place au milieu de la scène derrière Pascal et déploie lentement sa cape illuminée de couleurs. La flûtiste ouvrira « Und der Wind Sang » a cappella et versera dans le verre de Pascal de l’eau contenue dans une écuelle en bronze, avant que celui-ci ne s’en laisse couler sur la tête. Un peu plus tôt lors du morceau éponyme du deuxième album Stolzes Wesen Mensch, le chanteur est apparu barbouillé de sang.

En parfait frontman, Pascal sollicite fréquemment le public et se montre très proche des fans. Lors des refrains de « Liberté », le chanteur a tendu à plusieurs reprises son micro à des spectateurs du premier rang. Par ailleurs, ce dernier s’est permis de prendre ma main tandis que je baragouinais comme je le pouvais les paroles en allemand. Alors que j’étais en train de prendre des notes pour mon live report, j’ai été surprise de sentir sa main se poser sur ma tête. Autant dire que je me suis sentie vraiment intimidée et que je ne savais plus où me mettre… Je n’ai pas manqué de verser ma petite larme sur le solo post-black atmosphérique de « Und der Wind Sang ». J’aurais tellement aimé en entendre davantage, mais il fallait laisser la place aux groupes suivants. Voilà encore un concert que je n’oublierai pas de sitôt et qui me laissera pleine de beaux souvenirs.

SETLIST : Dein ist der Tag / Urkraft / Sternenschrei / Ruhelos / Sei du das Licht / Stolzes Wesen Mensch / Liberté / Und der Wind Sang

J’étais très contente de revoir les Munichois de Waldgeflüster, quatre ans après leur passage au Cernunnos Pagan Fest. Le groupe montre son attachement à la nature en convertissant des branches en pieds de micro. Le quintet, mené par le chanteur Winterherz, entre en scène sur une introduction acoustique. Waldgeflüster mettait ce soir l’emphase sur son dernier album Dahoam dont les paroles sont intégralement chantées en dialecte bavarois.

Le groupe officie dans un black pagan metal mélancolique et épique, à la lisière du post-black metal atmosphérique, à la manière de formations comme Panopticon, qui avait justement collaboré avec Waldgeflüster sur un split paru en 2016. Les chœurs clairs des guitaristes Dominik Frank et Markus Frey renforcent la dimension épique et solennelle. En fin de set, Austin Lunn, chanteur de Panopticon, s’est joint au reste du groupe. Même si la setlist différait totalement de celle du Cernunnos, j’étais déçue de ne pas avoir entendu mes titres préférés, notamment « Trümmerfestung » et « Gripfelstürme ». Cela me donnera un excellent prétexte pour revoir le groupe !

SETLIST : A Taglachinger Morgen / Im Ebersberger Forst / Graustufen Novembertage / Bamberg, 20. Juni / Mim Blick aufn Kaiser

Je revois également Karg pour la deuxième fois, un an après le Ragnarök Festival. La formation autrichienne, menée d’une main de maître par Michael Kogler (également chanteur de Harakiri for the Sky), promouvait son dernier album Resignation paru l’an dernier chez AOP Records. Les paroles sont essentiellement chantées dans un dialecte parlé près des montagnes Tennen.

Si le chant de Michael a le défaut d’être monocorde, les mélodies délivrées par les guitares lead sont au contraire riches d’intensité. Deux des guitaristes, jouant aux deux extrémités, étaient particulièrement concentrés, tandis que le troisième guitariste qui évoluait aux côtés de Michael se montrait plus énergique. Karg propose un post-black metal atmosphérique et mélancolique, extrêmement proche d’Harakiri for the Sky (vous me direz, c’est normal vu que le chanteur est commun aux deux formations). Le public s’est montré plutôt réceptif, à tel point qu’un pogo a été déclaré dans la fosse, et vu le style musical du groupe, j’avoue que je ne m’y attendais pas ! Pour ma part, le temps fort fut « Jahr ohne Sommer », j’aime tellement les mélodies lancinantes de ce morceau et l’intensité de ses chœurs…

SETLIST : EBBE//FLUT / Tod, wo bleibt dein Frieden? / Grab der Wellen / Jahr ohne Sommer / Heimat bist du tiefster Winter

J’avais découvert Kanonenfieber l’an dernier au Ragnarök Festival, et après avoir proposé un set mettant à l’honneur l’album Menschenmühle la veille, les Bavarois proposaient ce soir un nouveau set plutôt axé sur ses deux EP Yankee Division et Die Füsilier parus en 2022. Le public était au rendez-vous puisque la formation jouait à domicile.

L’originalité première de Kanonenfieber, c’est d’aborder à travers son black/death mélodique le thème de la Première Guerre Mondiale. Sans rentrer dans les clichés, le fait que les paroles soient chantées en allemand participent à l’effet âpre que peut évoquer cette période. Les décors de scène nous plongent dans les tranchées, avec des barbelés et des sacs de sable.

Au cours de la soirée, l’orga annonçait l’ajout d’un groupe surprise. En arrivant sur scène, les membres du groupe nous donnent un indice en portant les masques de… Grima ! La formation russe avait également joué au festival la veille. Tout au long du set, le quintet préserve son anonymat en gardant une cagoule au visage, comme pour évoquer le fameux Soldat Inconnu. En outre, les deux guitaristes, le bassiste et le batteur portent des tenues de soldats, tandis que le chanteur Noise se présente en tenue d’officier et se dissimule sous un masque de crâne.

Je suis bluffée par le rapide gain en notoriété du groupe, et l’accueil qui lui a été réservé ce soir a été incroyable. En même temps, ils étaient chez eux, et nombreux étaient ceux qui reprenaient les paroles. Sans parler des pogos quasi incessants et du wall of death qui se sont déclarés au cours du set.

Ce qui m’a marquée également, c’est de voir à quel point Noise était habité et investi dans son rôle. Le chanteur était convulsif, comme transi de froid. Justement, lors du diptyque « Der Fusilier », des canons lançaient de la fausse neige, et un des guitaristes faisait mine de réchauffer Noise devant une lampe. Le set prend fin sur le sample d’une chanson d’époque.

SETLIST : Die Feuertaufe / Dicke Bertha / Die Schlacht bei Tannenberg / Grabenlieder / Grabenkampf / Die Fastnacht / Der Füsilier I / Der Füsilier II / The Yankee Division March

La fatigue commence à me gagner, il est tout de même une heure du matin passée, mais n’ayant jamais vu Grima, je fais un effort surhumain pour assister au moins au début du set. Comme évoqué plus haut, les membres du groupe se cachent sous des masques et de longues toges noires.

Originaire de Sibérie, la formation officie dans le style du black atmosphérique fortement axé sur les thèmes de la nature et du paganisme. Ayant des membres en communs avec Ultar, on peut retrouver des similitudes. Le chanteur Vilhelm, de par sa gestuelle, semble nous aspirer dans l’abîme. Finalement, j’ai été tellement transportée que je suis restée jusqu’au bout du set !

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.