Mugar – Fête de la Bretagne

La saison de concerts touche bientôt à sa fin (sortez les mouchoirs …), et j’avais envie de profiter au maximum avant le début de l’été, et tous les festivals en plein air qui vont de paire. J’avais fait l’impasse sur le concert gratuit organisé à l’occasion de la Fête de la Bretagne l’an dernier à Paris, et j’avais tellement soif de musique traditionnelle hier, jeudi 23 mai 2019, que je me suis rattrapée lors de cette neuvième édition qui se déroulait dans le XIVème arrondissement parisien. Comme tous les ans, la Fête de la Bretagne dure une semaine entière, et divers événements et animations sont proposés au public gratuitement ou à petit prix. Cette année, le rendez-vous était donné du 17 au 25 mai (dépêchez-vous donc si vous voulez profiter des dernières animations, il n’est pas encore trop tard !). L’événement qui m’intéressait le plus était bien entendu le concert donné sur la place Edgar Quinet, organisé en partenariat avec la Mission bretonne.

A mon arrivée sur les coups de 19h30, il y a déjà beaucoup de monde sur la place. Le début du concert n’est prévu qu’aux alentours de 20h, mais en attendant, je ne m’ennuierai pas une seule seconde, car je passais le temps en regardant des personnes danser, tandis que deux chanteuses se tenaient sur la scène et chantaient a cappella. Par la suite, un accordéoniste prend le relais, et conclut sur un petit air « Scottish » lors duquel les gens dansaient en duo. Puis on entend au loin le Bagad Pariz, qui termine son défilé devant la scène. Avant que le concert ne commence, une représentante de la Mission bretonne entame un petit discours, et laisse ensuite la parole à la Maire du XIVème arrondissement, Carine Petit. C’est cette dernière qui annoncera le résultat du concours de la galette et de la crêpe les plus originales. Pour finir, avant d’accueillir le groupe, Eric remercie les partenaires de la Fête de la Bretagne, dont les nouveaux arrivants. Il présente rapidement Mugar, né en 1996 lors du Printemps celte aux Halles de la Villette. Nous allons le découvrir tout au long du concert, Mugar, c’est le groupe de l’ouverture des Bretons au monde entier par excellence, en passant de l’Irlande au Maghreb, sans oublier évidemment la Bretagne.

Le concert commence à 20h40, et je suis impressionnée de voir tous les musiciens arriver sur scène, et pour cause, le groupe compte pas moins de dix membres ! Sur la première rangée, de gauche à droite, sont assises les violonistes Céline Rivaud et Sophie Bardou, puis le chanteur, flûtiste, cornemuseur et joueur de bombarde Michel Sikiotakis, la flûtiste et cornemuseuse Joanne McIver (musicienne écossaise qui remplace depuis peu Youenn Le Berre, l’un des piliers du groupe et actuellement flûtiste et sonneur dans Gwendal), et le chanteur et joueur de flûte traversière, de bendir et de karkabou Nasredine Dalil. Au deuxième rang, toujours de gauche à droite sont placés Philippe Hunsinger au bouzouki, Thérèse Henri à la basse, Abdenour Djemaï au chant et au banjo, El-Hadj Khalfa au chant, au t’bel et au zorna, et Jean-Bernard Mondoloni au bodhrán et au didgeridoo. Ouf, maintenant que les présentations sont faites, nous pouvons poursuivre !

Mugar compte actuellement deux albums à son répertoire, Kabily-Touseg sorti en 1998, et Penn ar Bled datant de 2005. Même si cela fait bientôt quinze ans que le deuxième album est sorti, cela ne me gêne aucunement dans la mesure où c’était la toute première fois que je voyais le groupe en live, et ce concert était l’occasion rêvée pour découvrir son univers qui semble extrêmement riche et haut en couleurs. Le concert de ce soir était en grande majorité instrumental, mais il y avait par moments quelques passages chantés, partagés essentiellement entre Michel, Joanne et Nasredine (ce dernier nous encourageait à plusieurs reprises à taper dans les mains et à chanter). Et c’est en partie dans ces moments-là que nous pouvons cerner l’originalité du groupe, puisque les paroles sont chantées tantôt en gaélique, tantôt en breton … et tantôt en berbère ! Mais la diversité ne s’arrête pas aux langues utilisées, on la remarque aussi dans la musique ! Michel nous annonce au début du concert que le groupe va dans un premier temps interpréter une suite d’airs d’inspiration irlandaise, avec toutefois plein de surprises tout le long du chemin. Car Mugar, c’est ça, le groupe du voyage et de la cohabitation entre les diverses peuplades. Nous allons ainsi entendre les premières incursions orientales lors du morceau « Medhi » en hommage à l’un des enfants d’un des membres du groupe. Michel plaisantera en disant « et pour vous donner un petit indice, ça n’est pas un prénom breton ! ».

Peu après, Joanne prend la parole et annonce le morceau « Kabily-touseg » en racontant qu’à son arrivée dans le groupe, elle devait rapper en langue bretonne des paroles sur le thème des champignons. La demoiselle étant écossaise d’origine, celle-ci a adapté les paroles en gaélique écossais, et a partagé les passages rappés avec Nasredine, qui chantait en berbère ! Le morceau suivant, « Up Down and Around », a été interprété en hommage à un musicien décédé il y a peu, et qui soutenait le groupe dès ses débuts. Joanne prend à nouveau la parole pour introduire le morceau « Scottish Mezwed » : « Quelqu’un doit jouer de la cornemuse et il se trouve que c’est moi ! ». Ce morceau marque le début d’une suite d’airs sur rythme de gavotte bretonne. D’ailleurs, la compagnie de danse de la Mission bretonne se frayera un chemin sur la place à ce moment-là, accompagnée par le duo Michel / Joanne aux bombardes.

La fin du concert approche lentement mais sûrement, et le groupe plaisantera une fois de plus en annonçant le morceau « Ouedeg », dont le nom renvoie à « un petit village breton … au sud de l’Algérie » ! Une nouvelle preuve que les paysages évoluent, de l’Irlande à la Kabylie. La nuit commence à tomber, et en levant la tête, je m’aperçois que la tour Montparnasse, juste derrière la scène, était illuminée, de quoi renforcer cette ambiance onirique ! A presque 22h, quasiment tous les musiciens se lèvent et poussent leurs chaises pour ce qui semble être le dernier morceau. Le groupe remercie tous les acteurs qui ont contribué au bon déroulement de l’événement, notamment les bénévoles. Mention spéciale à l’ingénieur son du groupe, Yann Lemêtre (qui porte manifestement bien son nom dans la mesure où le son était absolument parfait), dont c’était l’anniversaire ce soir-là ! Le groupe salue le public, et sous ses acclamations, celui-ci n’a pas pu faire autrement que de nous offrir un rappel de vingt minutes ! Michel lancera alors « on ne va pas sortir de scène et revenir pour le rappel parce qu’on est tellement nombreux que cela prendrait trop de temps ! ». Le rappel commence donc sur « Jabadao de Laghouat », gavotte bretonne, et les musiciens se lèveront une dernière fois pour le morceau « Le Gris de Poullaouen » mené par la bombarde et la cornemuse.

Un grand merci au groupe et à toute l’équipe de la Fête de la Bretagne pour cet excellent concert, à la revoyure, ou devrais-je dire plutôt … kenavo !

SETLIST : Gwerzi Ouzou / Sean Kelly’s / Medhi / Marc’Harit / Kabily-touseg / Up Down and Around / Amila / Maria Dioural / Abdelzach (conte Nas) / Scottich Mezwed / Akagi / Penn Ar Bled / Ouedeg / Ghani Lah / Rappel : Jabadao de Laghouat + Le Gris de Poullaouen

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