Irdorath – Dreamcatcher

Irdorath - DreamcatcherPour cette chronique, direction la Biélorussie ! Figurez-vous au passage que je ne sais même pas où c’est sur terre. Et si vous êtes comme moi, c’est que vous êtes un piètre géographe. Pour ma défense je suis chimiste (oui, je serais très certainement un avocat en solde aussi). Mais qu’avez-vous besoin de savoir sur ce pays ? Il abrite une formation de folk vraiment très talentueuse, j’ai nommé Irdorath et son deuxième album « Dreamcatcher »! Il faut l’écouter ! Voilà merci, à la prochaine ! (Notez que vous ne savez toujours pas situer la Biélorussie sur une carte. J’vais pas vous mâcher le travail, allez chercher bande de fainéants.)

Trêve de plaisanterie inutile. Comme l’intro à deux ronds vous l’a montré, je ne sais pas comment débuter cette chronique et comme j’ai pas envie de rester deux jours sur mon clavier on va la faire en mode Conan le Barbare qui saute dans un groupe d’ennemis, sans préambule et la tête la première.

Premier titre, « Dreamcatcher ». L’album s’ouvre sur une introduction d’une minute qui fait habilement monter la pression. Un coup de guimbarde par ci, une deux arpèges de guitare par là, quelques coups de percus lourds et profonds. Après 20 secondes le tout prend de la régularité et de l’épaisseur avec l’arrivée de la harpe (me semble-t-il, ou d’un bouzouki à l’étrange sonorité) et du didgéridoo. L’ambiance se fait plus dense encore avec le violon qui s’agite et une fois la minute écoulée tout éclate sur une mélodie principale au duo Cornemuse / Vielle à roue si complémentaire qu’ils ne font qu’un. Le ton est donné, ce sera celui d’une musique riche et puissante, mais pas que… Puis entre en scène le duo de chanteurs, les deux fondateurs du groupe et accessoirement mari et femme dans la vie. Ça peut paraître anodin comme info, personnellement je ne trouve pas, car ça témoigne d’une implication et d’un dévouement certain pour leur musique. Que ça vienne de là ou pas, en tout cas, ils croient tellement à ce qu’ils font que c’en serait presque palpable, et putain c’est rare. Parce que concrètement Irdorath c’est quoi ? Un duo féminin / masculin au chant, vielle à roue, didgéridoo, cornemuse, violon, guitare, percussion. Plutôt classique pour un groupe du genre, et là où beaucoup de formations proposeraient une musique convenue, avec talent certes mais sans vraiment d’originalité, Irdorath arrive à surprendre à quasiment chaque titre soumettant les instruments à leur univers bien particulier.

 

Pour illustrer mes propos je prendrais le deuxième titre « As Bas » qui fait preuve d’une insolence jouissive. Je ne sais pas comment l’exprimer autrement, c’est la première chanson que j’entends qui me fait cet effet-là. L’agréable impression qu’un sale gosse se fout de ma gueule, que je le mérite et que je n’y peux rien changer. Voilà c’est ça, l’insolence et l’indomptabilité de la jeunesse. C’est génial. Et je suis persuadé que c’est même pas le sujet ! Mais pourquoi ça me fait ceci me demanderez-vous ? Tout d’abord, le titre s’ouvre sur une mélodie à la vielle à roue vite marquée d’une percussion lourde et de slide de guitare grave pour une atmosphère incertaine. J’entends par là que l’humeur n’est ni à la joie, ni à la tristesse, ni à la peur, encore moins à la fête, mais un subtile mélange de tout ça pour un rendu global que l’adjectif espiègle pourrait approcher. Vient ensuite le couplet largement dominé par le chant. Les seules guitares et percussions se font discrètes pour libérer l’irrévérencieuse verve de nos deux amoureux. Le chant féminin se fait menaçant et s’emmêle aux jeux de gorges du chanteur à la diction parfaitement compréhensible (pour peu qu’on comprenne les langues slaves) pour faire monter la pression en fin de couplet, répétant crescendo quelque chose qui ressemble à « AS BAS rakatata la ta ta AS BAS etc… » et paf ça explose sur l’outrecuidance de la mélodie qui se permet de changer radicalement de tempo à chaque fois qu’elle reprend rendant toute tentative de danse chaotique. Du génie.

 

Mais Ils peuvent tout aussi bien faire preuve de douceur et de poésie. C’est le cas de « Kryly » traitant des lourds fardeaux résultant de nos rêves les plus grands. Le tout avec une instru faite de guitare et de piano transpirant la tristesse liée au regret.

On passe aussi par le folklore macédonien avec « Dimna Juda », nom d’un démon femelle vivant sur la montagne Vlaina et ayant construit un domaine fait de corps humains homme et femme. Musicalement ça s’illustre par la dominance de la vielle à roue qui rend plutôt bien le coté menace fantastique. La vielle est souvent rejointe par la cornemuse pour donner plus de texture, et surtout transmettre un soupçon de folie lorsque le rythme s’emballe. Et pour surprendre comme ils savent le faire, rien de mieux que d’opposer l’atmosphère menaçante et lente des parties instrumentales à la jovialité galopante du chant féminin lors des couplets. Une fois de plus du grand génie.

 

Alors finalement, la Biélorussie c’est bien. Irdorath est un groupe bienlorusse. En plus d’être foncièrement mauvais, ce jeu de mot est loin en dessous de la vérité. Irdorath est une jeune formation (deux albums à leur actif je vais vite m’empresser d’écouter le premier…) qui apporte une nuance supplémentaire aux couleurs parfois répétitive du folk pagan. Ils ont le talent, ils savent le mettre en pratique et ne se gênent pas pour le faire et pour proposer une musique marquée de leur forte personnalité.

Si t’as pas compris le message, il faut écouter Irdorath, c’est un pré requis indispensable à toute personne voulant densifier son répertoire de musique Folk, et ce même si l’on ne sait pas positionner la Biélorussie sur la face du monde.

Grymauch

NOTE : 9/10

Tracklist :

01. Dreamcatcher
02. « AsBas »
03. Tam Nikto
04. Kryly
05. Dimna Juda
06. Wedding Theme 1
07. Wedding Theme 2
08. ochka Otscheta
09. Byu. Iost’. Budu.
10. Tango

Sortie : 1 Mai 2015

Lien du groupe : Facebook, Site Officiel.

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