Helheim / Vulture Industries / Madder Mortem / Caelestia

Toute personne me connaissant un minimum imagine très bien mes exclamations de joie lorsque cette tournée a été annoncée. Helheim, Vulture Industries, deux groupes coup de cœur que je voulais voir depuis un bon moment. Et ce combo représente en outre à merveille toute la richesse et la diversité que la Norvège offre au Metal, Helheim représentant l’héritage nordique et Black Metal, et Vulture Industries l’esprit avant-gardiste. A ces deux têtes d’affiches s’ajoutent Madder Mortem, d’autres Norvégiens qui furent ma bonne découverte de la soirée, ainsi que la formation de death symphonique et mélodique grecque Caelestia.

Malheureusement, le public parisien est peu présent au Backstage ce soir (ce qui au final ne gâchera en rien la soirée). A vue d’œil, on atteindra au maximum la cinquantaine de personnes lors des deux derniers sets. Autant dire que la salle est quasiment vide pour Caelestia.

CAELESTIA

La musique des Grecs peut être résumée à un mélange entre After Forever pour le chant féminin ou certains passages moins extrêmes et le Death, les arrangements symphoniques et les ambiances de Septicflesh. Six personnes sont sur scène, dont deux s’occupant des parties vocales. Dimitra Vintsou, perchée sur des talons aiguilles, lance les morceaux à coup de « Let’s go ! » enjoués et alterne entre chant lyrique et un chant clair un peu plus classique. Son comparse Nikos Palivos, lui vêtu d’une grande tunique à capuche tombant jusqu’aux pieds (la même qu’un des gratteux) apporte les parties growlées. Ils se partagent également les interactions avec le public et le groupe en lui même semble avoir une bonne dynamique interne.

Les compos sont bien faites en soi, variées, énergiques entre parties death efficaces, un ou deux refrains en chant clair qui se retiennent facilement, solo de guitares, etc… Mais rien de très original non plus. Outre l’esthétique peu cohérente des tenues des uns et des autres se dégage une impression de déjà vu pour moi sûrement due au fait que j’ai beaucoup écouté ce type de groupe fut un temps et m’en étais un peu lassée. Mon moi de cette époque-là aurait sûrement apprécié, ceci dit.

MADDER MORTEM

Après une courte pause (ou « interlude bière et merch »), Madder Mortem investit le Backstage pour un set assez long tournant autour des 50 minutes. Long, mais loin d’être ennuyeux. Comme dit en introduction, je ne connaissais pas le groupe et ayant eu des semaines assez chargées, je n’ai pas vraiment eu le temps d’aller découvrir leur musique en amont. J’étais cependant assez impatiente de voir ce qui nous attendait.

Actifs depuis 1997, ils ont déjà un répertoire assez conséquent derrière eux (7 albums dont le dernier en 2018) et quelques adeptes présents dans l’audience. La chanteuse Agnete nous dira d’ailleurs être contente de reconnaître certains visages de leur dernier passage à Paris. On a droit à du Prog légèrement atmo et doom mais pourtant assez pêchu, tous les membres du groupe transpirant d’une énergie et d’une bonne humeur absolument communicatives. La prestation est portée par une chanteuse parfois assez théâtrale mais collant toujours très bien avec la musique et n’éclipsant jamais les autres musiciens. Un set très carré et puissant, alternant entre des morceaux énergiques et d’autres plus mélodiques où l’univers fantaisiste de Madder Mortem semblait se déployer à merveille. Le son très propre a pu laisser sa place à tous les instruments ainsi qu’au chant, permettant d’apprécier toutes les facettes des compos. J’y ai même retrouvé quelques rythmiques bien massives à la Devin Townsend, ou encore des passages évoquant un In the Woods… (période la plus récente) épuré de tout Black Metal. La setlist était majoritairement issue du dernier album, Marrow, sorti l’an dernier

Bref, je me suis assez vite laissée charmer. Mon collègue Varulven présent lui aussi m’avouera avoir été agréablement surpris, lui avait eu le temps d’écouter et ne l’avait pas trop apprécié. Madder Mortem fut donc une bonne surprise pour tout le monde ! Leur set marquait de plus un changement d’ambiance assez significatif avec Caelestia en nous rapprochant plus de ce qui allait suivre – à savoir Vulture Industries.

Setlist :
Untethered / Liberator / Moonlight over silent white / The little things / Until your return / My will be done / Marrow / Far from home / Fellow Season / Underdogs

VULTURE INDUSTRIES

Vulture Industries peut paraître jeune par rapport à bon nombre d’autres groupes aux côté desquels ils évoluent, mais ils ont sorti depuis 2003 quatre excellents albums et sont clairement un gros coup de cœur pour moi. J’avais donc plus que hâte de les voir en live. Après un premier album, The Dystopia Journals excellent mais très proche d’un Arcturus type Sideshow symphonies, VI sort The Malefactor’s Bloody Register déjà un peu plus personnel avant de signer chez Season Of Mist. Suivent les deux derniers albums, The Tower et Stranger Times, desquels seront tirés tous les morceaux joués ce soir. Certes, Arcturus reste le premier nom qui vient en tête pour décrire leur musique, mais la bande à Bjørnar Nilsen a développé un son et surtout un univers bien à elle. Un Metal Avant-Gardiste, Prog, burlesque, avec quelques relents de Black Metal (qui tendent de plus en plus à disparaître), imposant des ambiances circassiennes ou tirées de la bande-son de votre Tim Burton préféré. C’est absolument déjanté et absurde (et délicieux) mais avec toujours une pointe de cynisme.

Les cinq gaillards débarquent sur scène pied nu, chemises et bretelles et nous plongent en pleine folie pendant une heure. Bjørnar Nilsen est clairement le clou du spectacle et rend tout son sens au terme de frontman par son attitude, ses expressions et mimiques, son jeu de scène. Il nous interpelle, plaisante, brandit pendant une bonne partie des morceaux son tambourin avec conviction, captivant l’attention comme jamais. Pour autant, même si ma description peut sembler grotesque, rien ne semble ni lourd ni exagéré, un tour de force assez remarquable. Bon, il faut avouer que le leader éclipse facilement les autres membres mais ceux-ci se montrent tout de même excellents et pleins d’entrain. On oublie vite le vide dans la salle tant la majeure partie du public est réceptive face à ce véritable show. On se laisse porter tout naturellement dans leur univers, et nous sommes manifestement plusieurs à connaître les paroles,. Alors on ne se prive pas de les chanter, notamment sur « As the world burns », « Strangers » ou « The Hound ».

Ils interprètent également leur dernier single « Deeper », sorti il n’y a même pas une semaine. Bjørnar se saisira d’un accordéon pour l’intro et nous sollicitera pour chanter les chœurs avec le reste du groupe. Toujours très communicatif, il instaure au fil du set une véritable ambiance complètement barrée mais extrêmement chaleureuse, venant se balader parmi nous pendant « The Hound ».

Alors que j’avais l’impression qu’ils venaient à peine de commencer à jouer vient le dernier morceau de la soirée, l’incontournable « Blood don’t Eliogabalus ». On fait un tour de chenille dans la salle en se courant les uns derrière les autres au rythme de la musique, le frontman reste chanter parmi nous et fait son petit cirque avant de remonter sur scène pour terminer. Le morceau a certainement duré un peu plus longtemps que sur album et on ne va pas s’en plaindre…

Les Norvégiens ne m’ont pas déçue et ont même clairement offert un set au-delà de toutes mes espérances. Je ne me suis jamais autant amusée en concert et suis déjà impatiente de les revoir ! Alors certes, l’univers marginal de Vulture Industries ne parlera pas à tout le monde. Mais ce soir, on a vite lâché prise pour simplement passer un bon moment.

Setlist 
Sleepwalkers / Tales of woe / The pulse of bliss / Strangers / Deeper / The hound / Blood don’t eliogabalus

HELHEIM

J’étais toute aussi impatiente de voir Helheim que Vulture Industries, mais après une telle prestation je craignais qu’il serait difficile de pleinement rentrer dans leur set. Le changement d’ambiance est assez significatif, pourtant mes appréhensions sont bien vite balayées alors qu’ils entament « LandawarijaR » (issu de l’album du même nom). Leur Black/Pagan progressif et atmosphérique prend directement aux tripes par sa puissance et son aspect immersif. Celui-ci est d’ailleurs complété par un excellent jeu de lumières à la fois sombre et éthéré, des projections sur le fond de scène et une épaisse fumée sur certains morceaux, jusqu’à noyer intégralement la scène sur « Isuð ». Le tout donne une dimension visuelle à la musique qui permet bien vite de se laisser emporter par l’univers de Helheim.

V’gandr et H’grimnir se partagent les vocaux, et certaines parties de chant clair seront malheureusement peu audibles si on ne les connaît pas déjà bien. Mais outre cela, j’étais impressionnée par le rendu des morceaux en live. Ils prennent vraiment vie et soulignent nettement une évolution entre le dernier album, Rignir, sorti il y a quelques jours, et les précédents. Tout le spleen et la mélancolie qui se dégagent du dernier opus ont encore plus d’impact, tandis que de leur côté, les morceaux plus anciens sonnent encore plus pêchus que sur album. Ce contraste entre passages posés et murs de guitares atmos frappe de plein fouet ; on résiste difficilement à la rafale.

La setlist est composée uniquement des quatre derniers albums. Même si je n’aurais pas dit non à quelques titres des premiers albums voire de plus récents comme Kaoskult (peut-être bien mon favori), ce choix permet aux Norvégiens de proposer un set absolument homogène avec une même ambiance du début à la fin : encore un bon point pour l’immersion.

Le ton est certes beaucoup plus solennel que pour Vulture Industries, pour autant je ne peux m’empêcher de rapprocher les deux prestations. V’gandr demeure assez communicatif et semble de bonne humeur, le climat chaleureux voire intime est toujours présent. Le public se masse un peu plus sur le premier rang, en particulier à la demande du frontman pour un des moments forts du concert, « Dualitet og ulver » (normalement en duo avec Hoest de Taake, pour qui V’gandr est d’ailleurs aussi bassiste). Et malgré les protestations, le combo lance finalement le dernier morceau, « Balkengs mot intet » issu de LandawarijaR. Comme pour VI, je n’ai pas vu l’heure défiler et j’en redemande. C’est les cervicales douloureuses que je prends le chemin du retour…

Setlist :
LandawarijaR / RaunijaR / Ísuð / Rista blóðørn / Ymr / Rignir / Dualitet og ulver / Baklengs mot intet

Merci à Garmonbozia pour l’accréditation et l’organisation. Un grand merci également aux groupes pour cette belle soirée en petit comité qu’on est pas prêts d’oublier.

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