Epitimia – Нить (Thread)

Il existe des groupes que l’on connait depuis pas mal de temps, et que l’on redécouvre totalement avec la sortie d’un nouvel album. Ce fut mon cas dernièrement avec la dernière offrande d’Epitimia, intitulée Нить (Thread).

Avant d’aller plus loin, il convient de présenter ce groupe si atypique : Epitimia, dont le nom se traduit par « châtiment » en grec, est un groupe originaire de Saint-Pétersbourg en Russie, et a été créé en 2008 par Alexander Machtakov et Kirill Nemez. Ce n’est qu’un an plus tard que Maria Kachalova rejoint le groupe en tant que batteuse, mais également occasionnellement en tant que chanteuse et violoniste. En seulement onze ans d’existence, le groupe a tout de même sorti cinq albums (dont le double-album (Un)reality), une démo, deux splits et une compilation !

Epitimia est ce que l’on pourrait considérer comme étant un groupe de black avant-gardiste, dans la mesure où celui-ci ose diverses folies et expérimentations dans chacun de ses albums ((Un)reality avec ses quelques passages électroniques en est un exemple probant). Bien que la frontière soit très mince, Epitimia est passé progressivement d’un style black ambient à un post-black atmosphérique. Si chaque album a son petit quelque-chose qui le différencie des autres, la détresse, la mélancolie et la lutte intérieure demeurent les fils conducteurs principaux.

Mais revenons au sujet principal qu’est Нить (Thread), sorti il y a maintenant une semaine chez le label Naturmacht Productions. Si son prédécesseur (Un)reality pouvait paraître de prime abord difficilement accessible en vue de sa durée (près de deux heures de musique), ce n’est absolument pas le cas ici, puisque le groupe revient à un format plus « raisonnable », avec cinq morceaux dont une introduction, pour une durée totale de cinquante minutes.

C’est donc sur le morceau instrumental « Вступление (Introduction) » que s’ouvre l’album. Et cela se fait tout en douceur, sur un air de guitare acoustique où s’entremêlent influences post-rock, folk et atmosphériques, influences qui apparaissaient déjà dès le troisième album Faces of Insanity. Petit à petit, cette mélodie apaisante vire sur un air aux accents mélancoliques.

Je disais plus haut que chaque album d’Epitimia avait une identité propre, et Нить (Thread) n’échappe pas à la règle. En soi, on pourrait croire qu’il s’agit d’un album de post-black parmi tant d’autres, mais quand on connait la discographie du groupe, on s’aperçoit assez rapidement qu’une fois de plus, celui-ci ne se repose pas sur ses lauriers. Tout d’abord, Epitimia semble avoir trouvé le juste équilibre dans les différents types de voix, en alternant chant black déchiré et chant plus criard et torturé typé DSBM. Ajoutez à cela des paroles intégralement chantées en russe … Mmmmh, tu la sens cette douce odeur de déprime (si tant est que la déprime ait une odeur) ? Mais la grande nouveauté pour le groupe à ce niveau-là, c’est l’utilisation du chant clair masculin qui peut rappeler Psychonaut 4 (« Юдоль (Vale of Tears) »). Unique bémol : une nouvelle intervention de Maria au chant, comme dans les deux albums précédents, aurait été appréciable pour davantage de variété vocale.

Mais il n’y a pas que le chant qui importe, loin de là, car l’album est majoritairement instrumental. Comme dans leurs œuvres précédentes, Epitimia met là encore l’aspect mélancolique en exergue. Mais musicalement, il n’y a pas que tristesse et désolation ; il y a aussi des mélodies plus lumineuses et épiques, comme dans « Немощь (Infirmity) », qui est au passage mon morceau préféré de l’album. Les claviers atmosphériques lors du final post-black prennent l’allure de chœurs féminins, on en aurait presque des frissons tellement c’est beau et intense ! Ce que j’apprécie aussi dans l’album, c’est le contraste et l’alternance entre les passages acoustiques et les passages black.

Au final, Epitimia a pour ainsi dire tenu toutes ses promesses, et ce nouvel album est une très belle surprise en ce début d’année. A titre personnel, j’aurais juste aimé que le groupe ajoute un petit élément original supplémentaire comme dans les albums précédents (présence d’un instrument atypique, nouvelles influences …). Mais dans l’ensemble, je peux dire que je suis conquise, et j’espère que ce sera le cas pour vous aussi !

Fée Verte

8/10

Tracklist :

  1. Вступление (Introduction)
  2. Падение (Downfall)
  3. Немощь (Infirmity)
  4. Юдоль (Vale of Tears)
  5. Древо (The Tree)

Sortie le 18 janvier 2019

https://www.facebook.com/epitimia/

https://epitimia.bandcamp.com/

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