Einar Selvik – Bergen International Festival

A l’occasion du Bergen International Festival en Norvège, Einar Selvik, tête pensante de Wardruna, a participé au concert d’ouverture avant-hier et a donné un concert hier soir. Pour notre plus grand plaisir, les deux prestations ont été retransmises en direct.

CONCERT D’OUVERTURE – 20/05/2020

Le coup d’envoi est donné à 20h30 au Grieghallen de Bergen. Après une présentation du festival par l’actrice Kate Pendry, l’orchestre philharmonique de Bergen, dirigé par Edward Gardner, interprète plusieurs morceaux, tantôt classiques/opéra (un morceau d’opéra de Mozart avec la chanteuse soprano Mari Eriksmoen), tantôt contemporains/expérimentaux (« 180 Beats per minute » par Jörg Widmann, lors duquel l’orchestre a scandé un « Hey ! » folk totalement inopiné, et « Con Brio » par le même compositeur, fortement influencé par Beethoven, et qui rappelle pourtant « Atom Heart Mother » de Pink Floyd). Tout au long du concert, on pouvait retrouver au sein de l’orchestre différents instruments à cordes (violons, contrebasses, violoncelles), des tambours, un piano à queue, des instruments à vent (clarinettes, hautbois, picolo, flûte traversière) et des cuivres (tubas, trompettes, trombones). Les intermèdes font penser au film Fantasia dans une version norvégienne. Au cours du concert, plusieurs intervenants prennent la parole, dont le Premier Ministre norvégien Erna Solverg.

Pour les metalleux que nous sommes, le véritable moment fort du concert d’ouverture fut l’interprétation de « Voluspá » par Einar Selvik. Le chanteur s’accompagne de sa lyre de Kravik et offre une version exceptionnelle de ce morceau emblématique grâce à l’orchestre philharmonique de Bergen et la chorale norvégienne Edvard Grieg Kor.

J’ai tout de même assisté à l’intégralité du concert, qui a duré près d’une heure et quart, et j’ai aussi beaucoup aimé l’interprétation de l’hymne de Bergen par une chorale au sommet d’une montagne qui domine la ville. La vue était vraiment spectaculaire, de quoi donner des envies de voyage ! « Nystemten (udsigter fra Ulriken) », surnommé « Bergenssangen » (« Le Chant de Bergen »), a été composé par Johan Nordahl Brun sur un menuet de Lully. Curieusement, on aurait dit un chant de Noël.

SETLIST : Fanfare – Jörg Widmann par le Sjøforsvarets musikkorps (dirigé par Peter Szilvay) / Ja, vi elsker dette landet – Rikard Nordraak/B. Bjørnson / Voluspá – Einar Selvik / Nystemten (udsigter fra Ulriken) / 180 Beats per minute – Jörg Widmann / Ch’lo mi scordi di te ? – Wolfgang Amadeus Mozart par Mari Eriksmoen / Con Brio – Jörg Widmann / Tabula rasa, 1.sats Ludus – Arvo Pärt

EINAR SELVIK – 21/05/2020

Le deuxième rendez-vous immanquable du festival a eu lieu le lendemain du concert d’ouverture, à 21h, dans le très beau bâtiment médiéval appelé « Håkonshallen ». On retrouve l’actrice Kate Pendry pour la présentation du lieu et d’Einar Selvik. Pour cette prestation, la mise en scène est sobre, mais on peut toutefois noter la présence de pierres et de mousse de part et d’autre de la scène afin de renforcer l’aspect « communion avec la nature ».

Pour les deux premiers morceaux, Einar est seul sur scène, au chant et à la lyre de Kravik. Le chanteur/musicien explique que pour ce set, il interprétera seul ou avec ses acolytes des morceaux de Wardruna, mais aussi de ses diverses collaborations avec Ivar Bjørnson, le Festival International de Bergen, le Nordvegen, ainsi que des titres composés pour la série TV Vikings. Le set commence donc sur « Skald » de Wardruna, suivi de « Snake Pit Poetry », justement écrit pour la célèbre série et inspiré du poème sur Ragnar Lodbrok, lorsque celui-ci est jeté dans une fosse aux serpents.

Einar présente ensuite l’instrument qui l’accompagne ainsi que ses musiciens qui le rejoignent. Pour le concert, Einar est donc accompagné par Ivar Bjørnson (Enslaved) à la guitare acoustique, Iver Sandøy aux percussions, Silje Solberg au violon Hardanger, Håkon Vinje au piano, sans oublier évidemment la chanteuse de Wardruna, Lindy-Fay Hella. Excepté Ivar, tous secondent Einar aux choeurs. Le groupe interprète un autre morceau de Wardruna inspiré d’un poème sur les runes : « Fehu ». Ce sera le cas pour chaque morceau du concert, Einar et ses collègues délivrent une musique plus directe et épurée qu’à l’accoutumée.

Il est très appréciable de remarquer que Einar prend le temps de raconter l’histoire et le thème de chaque morceau. Néanmoins, et cela est plutôt étonnant, le chanteur semblait avoir le trac alors qu’il ne jouait pas devant un public physique. En revanche, lorsque celui-ci chante et joue, l’émotion est toujours aussi palpable. Après avoir interprété « Ni Mødre », morceau sur le thème du mouvement circulaire et du soleil co-écrit avec Ivar Storm Peersen pour le Festival International de Bergen en 2017, Einar présente sa chanson préférée d’Enslaved, l’animiste « Return to Yggdrasil », qui a fait l’objet d’une réadaptation en norvégien.

Pour introduire « Vindavla », morceau sur le thème de la sorcellerie, Einar présente un autre de ses instruments qu’est la tagelharpa, initialement inspirée d’un instrument finlandais. Pour ce morceau, Einar se retrouve seul sur scène, accompagné de cet instrument. Le musicien présente ensuite « Gravbakkjen » (« The Burial Hill »), qui a été initialement composé par le violoniste Petter Strømsing. La légende raconte que le musicien aurait composé ce morceau pour son propre enterrement, et c’est son fils aîné qui l’aurait joué devant son cercueil. Einar réadapte donc ce morceau dans une version à la lyre de Kravik. Le chanteur interprète à nouveau « Voluspá », ce vieux poème norrois ayant pour morale « quelque chose doit mourir pour laisser place à la vie », seul cette fois-ci.

Après une démonstration de corne, l’ensemble du groupe revient sur scène. « Grå », mené par la lyre de Kravik, est un morceau sur le rapport entre le loup et l’homme, et dit que même un prédateur a une valeur sur terre. Après une heure de concert, le set prend fin a cappella sur « Helvegen ».

Moi qui avais fortement regretté de ne pas être allée voir Einar et Ivar l’an dernier à Paris, j’étais très contente de pouvoir assister à ce concert en ligne hier soir, d’autant plus que le cadre était absolument splendide ! Un grand merci au Festival International de Bergen pour cette très belle initiative !

SETLIST : Skald / Ormagardskvædi (Snake Pit Poetry) / Fehu / Ni Mødre / Heim til Yggdrasil (Return to Yggdrasil) / Vindavla / Gravbakkjen / Voluspá / Grå / Helvegen

https://www.fib.no/en/einarselvik

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