Downfall Of Nur – Umbras De Barbagia

Umbras de barbagia

J’aurais beaucoup de mal à expliquer pourquoi, mais les formations qui viennent d’Amérique latine me parlent particulièrement. Ici nous ne parlerons pas d’une formation, mais d’un projet solo. Celui du mystérieux Antonio Sannia (sous couvert du tout aussi mystérieux pseudonyme “A.”) : Downfall of Nur. On précisera néanmoins que la batterie est une boîte à rythme et que les voix sont assurées par D, nouveau musicien de session.

Que ceux qui crient déjà à l’incohérence se rassurent. Bien que résident argentin, Sannia est d’origine italienne, né en Sardaigne. Il peut donc légitimement, ou du moins justement, parler de culture nuragique dans ses textes. Pour ceux qui ne s’intéressent pas aux régions méridionales à la Scandinavie, la culture nuragique désigne une civilisation ancienne qui habitait la Sardaigne.

Après une Demo et un EP, sortis respectivement en 2013 et 2014, Sannia livre son premier album : Umbras de Barbagia, un savant mélange de Black Pagan Metal “ambient”, avant gardiste, aux touches Folk efficaces. Très efficaces visiblement car j’ai lu quelque part un rapprochement entre notre jeunôt de Downfall of Nur, et les piliers du genre que sont Agalloch et Wolves In The Throne Room. Rien que ça.

En fait, Downfall of Nur pourrait rentrer dans la catégorie du “Cascadian” Black Metal de par sa musique. J’ai pu entendre de nombreuses critiques envers ce style, que je ne comprends pas vraiment puisqu’on parle d’un lieu et d’un style. Bien que les similarités musicales soit sujettes à l’appréciation de tous, on ne peut nier qu’une très large majorité des groupes de Cascadian Black Metal reprennent des éléments post-rock, black atmo et folk. A mon sens, ce style a autant de légitimité que le Black/Death suédois pour n’en citer qu’un.

Abstraction faite des querelles de “naming”, on peut dire que cet album a de quoi séduire, l’ambiance est très travaillée, soutenue par des morceaux très longs, les riffs invitent à la réflexion, et je reconnais que Sannia a un certain talent pour composer avec le vide et les silences.

En effet, on ne peut qu’apprécier la capacité de l’Argentin à transformer le silence en musique par l’intermédiaire de procédés ma foi très compliqués à décrire ! Ces liaisons silencieuses confèrent une certaine uniformité aux titres et font émerger des sentiments d’attente et de repos.

Ce long périple d’un peu moins d’une heure s’ouvre sur une introduction très introductrice, forte en sonorités post-rock. Les amateurs de Solstafir s’y sentiront à l’aise.

Rapidement, l’auditeur est transporté avec douceur vers le deuxième titre, The Golden Age, véritable pilier de l’album long de presque 18 minutes ! Au delà du fait que c’est extrêmement bien pensé et réalisé d’un point de vue musical, les deux gros points noirs se révèlent, et ils ne sont malheureusement pas des moindres.

Le premier concerne les voix. Les voix criées sont parfois (et majoritairement) passées sous une sorte d’effet vocodeur qui grésille. On croirait entendre un cégétiste hurler dans un mégaphone usé par les manifestations. Brouiller les voix, c’est plus du cache misère qu’un effet de style.

Deuxième point noir, la boîte à rythme. En l’occurrence elle est maîtrisée, et plutôt bien réalisée, mais peu importe le degré de maîtrise, on a un toujours un feeling bizarre avec les boîtes à rythmes.

Cela mis à part, l’album est bon, rythmé par de longs titres fleuves d’au moins 9 minutes, alternant les ambiances tantôt absorbantes et méditatives, tantôt déchaînées et rageuses ; comme une longue errance où espace et temps se rejoignent, où les morceaux se confondent en une oeuvre uniforme et cohérente.

L’immersion est telle que les deux titres qui suivent, The Downfall of Nur et Ashes, s’écoulent naturellement, sans même penser à regarder l’écran de son mp3 pour retrouver son chemin. Umbras de Barbagia est un univers aux teintes aquatiques et forestières dans lequelles l’auditeur ne peut qu’avoir envie de se perdre.

Finalement, le titre de conclusion, éponyme, est comme un rebond, avec des passages très Black qui font montre d’une formidable énergie, pour clore cet album intense.

Umbras de Barbagia est donc une très belle surprise qui ne laisse pas de place aux critiques négatives de fond. L’ensemble est maîtrisé c’est indéniable, et c’est une sacrée prouesse pour un premier album. D’autant plus que le style impose à l’artiste une certaine maturité et un certain talent afin d’être convaincant.

Wunjo

7/10

Tracklist :

  1. I – Intro
  2. II – The Golden Age
  3. III – The Downfall Of Nur
  4. IV – Ashes
  5. V – Umbras De Barbagia

Sortie : 21 mars 2015

Liens du groupe :

https://downfallofnur.bandcamp.com/

https://www.facebook.com/JhanasNur?fref=ts

 

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